«Jack the Giant Slayer» de Bryan Singer: crouler sous le poids du désintérêt – Bible urbaine

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«Jack the Giant Slayer» de Bryan Singer: crouler sous le poids du désintérêt

«Jack the Giant Slayer» de Bryan Singer: crouler sous le poids du désintérêt

Publié le 28 février 2013 par Jim Chartrand

Il y a depuis un bon moment déjà un désir prenant de détruire un par un chaque conte ayant bordé les nuits de milliards d’enfants. S’il n’y a rien de mal à vouloir moderniser la chose, c’est un peu plus frustrant de voir ruinés sous nos yeux ce qui nous a formé en tant qu’humain en réalisant que cela risque fort de construire les enfants d’aujourd’hui, donc les adultes de demain…

On connaissait déjà le penchant de Bryan Singer pour le fantaisiste, que ce soit avec ses nombreuses participations à X-Men (il doit d’ailleurs venir tourner à Montréal le plus récent opus de la franchise dans les mois à venir), ou son essai plutôt raté de revenir aux origines de Superman, mais avec Jack the Giant Slayer, il franchit un nouveau pas en tombant plus que jamais dans le divertissement familial.

Si le film a bien quelques phrases mordantes, une distribution honorable et des scènes d’action pour amuser petits et grands, le problème, ou les nombreux problèmes, devrait-on dire, se trouvent pratiquement partout ailleurs. Que ce soit dans l’exécution ou sa fondation, tout dans un projet comme celui-là semble provenir de l’erreur, alors qu’on est incapable de déterminer où a commencé le massacre d’un conte aussi simpliste que Jack qui monte, par le biais des pousses d’un haricot magique, pour se promener dans le pays des géants afin d’y récupérer un trésor…

Transformé en horrible festin visuel pire qu’un jeu vidéo dont la modernité des graphiques a passé l’échéance avant même sa sortie, on est rapidement catapulté d’un univers à un autre où même les créateurs semblent en avoir perdu le contrôle. Toujours fils de paysan, orphelin de parents, Jack tombe en amour avec la fille du roi et tous deux rêvent du genre d’épopée qu’on leur racontait étant jeunes, alors qu’au bon moment une grosse aventure leur pousse sous les pieds. Toutefois, avec ses histoires de vieilles légendes, de trahison et autres, le tout s’engouffre lorsqu’un des fidèles du roi en profite pour mener à terme son plan de domination pour régner à la fois sur le monde des humains que sur celui des géants.

Vous l’aurez donc compris, l’histoire se déploiera sous plusieurs couches. Tellement, qu’on en viendra à questionner la pertinence du titre du film, alors qu’on ne trouvera finalement pas vraiment de protagonistes ni même de méchants dont on se débarrassera bien vite et, qu’au fond, à l’inverse de Hansel et Gretel, qu’on a véritablement transformés en chasseurs de sorcières dans Hansel & Gretel: Witch Hunters, Jack sera oui et non un tueur de géants, considérant qu’il le sera plutôt par défaut…

Du coup, avec une première heure qui prend son temps à intéresser par le biais de toutes ces sous-histoires qu’on essaie avec plus ou moins de succès de mettre en place et d’une deuxième plus trépidante par sa succession de scènes d’action, mais assommante par la piètre qualité des revirements et des effets visuels, on finit par ne plus trouver un grand intérêt en une telle production. D’autant plus que son budget faramineux épuise, alors qu’on se dit qu’un tel investissement aurait certainement été plus enrichissant à de nombreux autres endroits.

En remettant en cause la logique faillible de nombreux moments clés du récit, (comment autant de géants peuvent-ils s’attarder sur l’ouverture d’un pont-levis seulement retenu par une poignée d’humains?), on ne trouve pas le réconfort nécessaire en l’aisance des comédiens qui, de Stanley Tucci à Ewan McGregor, en passant par la voix de Bill Nighy notamment, n’arrivent pas à donner le panache nécessaire à un (trop) long-métrage aussi fade.

Pour ce qui est des effets 3D, ceux-ci ont bien un quelconque intérêt lorsqu’on observe les humains à vue de géants, mais pour le reste, on ne ressent que l’intérêt pressant de retirer ses lunettes pour en voir le moins possible du piètre spectacle qui se déroule sous nos yeux.

Si on ne doute pas que le film trouvera sûrement une part du public à divertir, on préfère toutefois espérer qu’autant les adultes que les enfants ressortiront bien peu impressionnés d’un film qui voyait aussi grand, mais terminant aussi bas, de son introduction précipitée envahit d’horribles graphiques tridimensionnels, qu’à sa finale honteusement centrée dans notre réalité.

Le film Jack the Giant Slayer prend l’affiche ce vendredi 1er mars, mais quelques représentations exclusives ont lieu ce jeudi soir à 22h.

Appréciation: **

Crédit photo: Warner Bros

Écrit par: Jim Chartrand

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