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Crédit photo : Paramount Pictures
Jack Ryan est un étudiant plein de promesses qui met ses études en suspens pour rejoindre l’armée suite aux incidents du 11 septembre 2001. Pas de chance, il est la cible d’une terrible attaque et en perd pratiquement l’usage de ses jambes. Contre toutes attentes, il devient le centre d’intérêt de celle à laquelle il est assigné pour le remettre sur pied et d’un membre de la CIA qui a bien envie de le recruter. Aucun flafla, tout se passe comme on peut l’imaginer, et l’histoire qui nous intéresse vraiment a lieu dix ans plus tard, à notre époque.
Le long-métrage commence simplement et il en va de même pour ce qui suit. Il ne faut pas se faire berner par l’enrobage faussement compliqué de finances, Wall Street et autres conflits internationaux, puisqu’au fond, Jack Ryan: Shadow Recruit est un film d’action tout ce qu’il y a de plus typique. C’est d’ailleurs ce qui risque de lui faire le plus défaut: à savoir ceux qui essaieront trop durement d’y trouver un second degré.
À l’instar de Thor, qui demeure encore aujourd’hui l’un des opus les plus éclatés et satisfaisants de la franchise des Avengers, Kenneth Branagh, au lieu de reprendre le flambeau pour la suite ou de retourner à ses premières amours pour Shakespeare et le théâtre, s’est plutôt fait plaisir en se relançant dans les bons vieux films d’espionnage de la belle époque. C’est donc en plus de prendre les traits du vilain russe que le cinéaste et comédien s’est également fait plaisir sur le plan de la mise en scène, ralliant pratiquement tous les bons vieux clichés que l’on puisse imaginer.
Certes, il faut admettre que le film est un peu long à démarrer et que bien qu’il évite les trop longues mises en contexte ou pire encore, les passages d’entraînement qu’on retrouve trop souvent dans les débuts de franchise de ce genre, il s’éternise un peu trop dans ses dialogues de début de parcours. N’empêche, il se rattrape aisément par la suite avec d’excellentes scènes remplies d’excitation, de suspense et d’action à rebours, en plus de boucler la boucle en moins de deux heures! Après tout, bien qu’il ne soit basé sur aucun roman précis de la série, c’est le film le plus court de la franchise, ce qu’on ne lui reprochera certainement pas.
Il faut donc passer à travers son premier tiers pour se laisser séduire par sa suite d’évènements où, en plus du charme irrésistible de Chris Pine, qui prouve mieux que jamais ses capacités à porter un film sur ses épaules, se déploie les mérites d’une distribution de premier ordre. Ainsi, défile sous nos yeux la séduisante Keira Knightley, qui est utilisée savamment et avec humour dans le récit, le toujours aussi sympathique Colm Feore, et un retour en force du désormais trop rare Kevin Costner. Bien sûr, n’oublions pas l’impitoyable Kenneth Branagh qui livre une performance qui n’est pas sans rappeler celle, glaciale, de Werner Herzog dans le récent Jack Reacher, tout comme les excellentes compositions musicales de Patrick Doyle, fidèle complice du cinéaste.
En se rapprochant des Mission: Impossible, proposition qui ne sera décidément pas de refus, Jack Ryan: Shadow Recruit réussit donc absolument partout où A Good Day to Die Hard a échoué. Il ramène de l’avant les bons vieux méchants russes et les scènes d’action exagérées tout en demeurant toujours sur les minces limites de ce qui est acceptable, sans jamais trop s’enfoncer dans les abysses du ridicule. Mieux, sans prétention et avec beaucoup d’humour, il donne l’impression qu’être espion est si facile qu’on ne peut que rêver de faire partie de ceux qui résolvent l’équation au bout du compte. Ainsi, si on reproche trop souvent aux films d’être «arrangés avec le gars des vues», on aura pourtant jamais autant apprécié le timing.
«Jack Ryan: Shadow Recruit» prend l’affiche ce vendredi 17 janvier.
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de la rédaction