«Hail, Caesar!» des frères Coen – Bible urbaine

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«Hail, Caesar!» des frères Coen

«Hail, Caesar!» des frères Coen

Un patchwork décousu

Publié le 12 février 2016 par Alexandre Beauparlant

Crédit photo : www.facebook.com/HailCaesarMovie

Dans ses moments forts: un hommage vivifiant au septième art dans ce qu'il peut représenter de plus grandiose et fabuleux. Dans ses moments faibles: une preuve que les Coen ne sont pas infaillibles et peuvent, eux aussi, produire un film moyen. Hail, Caesar! s'égare et se révèle du même coup un exemple frappant d’une œuvre dont l'ensemble est inférieur à la somme de ses parties.

Ben-Hur, The Ten Commandments, King of Kings… ça vous sonne une cloche? «Ces films religieux qui durent un après-midi de temps et qu’on voit passer pendant les vacances de Pâques!» Exactement!

Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que des motifs de survie donnaient le feu vert à ces productions versant dans l’excès. À la mi-temps du vingtième siècle, l’heure n’est pas à la rigolade chez les bonzes d’Hollywood. Les grands studios font face à un ennemi commun qu’ils n’avaient pas vu venir: la télévision. Il faut donner aux gens quelque chose qu’ils ne pourront vivre dans le confort de leur foyer, sous peine de laisser se vider les salles de cinéma. Une évasion du quotidien, du grand, du beau, de l’épique, bon sang!

Les années 1950 et 1960, période de transition pour Hollywood, regorgent ainsi de ces méga productions visant à reconquérir le public. Épopées bibliques galvanisant les foules, comédies musicales aux chorégraphies enchanteresses et westerns à la tonne seront offerts sur un plateau d’argent à un auditoire qui n’en demandait pas autant. C’est au cœur de ce contexte particulier que nous invitent les frères Coen.

Eddie Mannix (Josh Brolin), patron en charge des studios Capitol, veille surtout à régler les problèmes de ses stars avant que les frasques de ces derniers ne se retrouvent dans la presse à potins. Or voilà, sa tête d’affiche Baird Whitlock (George Clooney), héros du péplum en chantier Hail, Caesar!, est droguée en plein tournage, puis enlevée par un groupe de révolutionnaires communistes. Sale pétrin en perspective! Pendant que Mannix travaille dans le plus grand secret afin de ramener Whitlock sous les projecteurs, ce dernier sympathise avec ses ravisseurs qui lui expliquent le bien fondé de leur cause.

S’il y a un genre pour lequel les frères Coen n’ont jamais atteint un consensus à la fois constant et favorable au cours de leur fascinante carrière, c’est bien la comédie. Et dans ce genre essai-erreur, les Coen frappent un point bas avec Hail, Caesar!, fourre-tout à l’humour potache, doublé d’une intrigue moribonde jonchée de mallettes truffées de dollars et d’exposés lassants, mais surtout victime d’un manque flagrant d’inventivité et de cohésion, chose impardonnable pour un script signé de la griffe du célèbre duo de frangins.

Étonnamment plat et sans éclat, le cœur du récit fait tache lorsqu’on le compare à toutes ces scènes de tournage où Scarlett Johansson, Channing Tatum et Alden Ehrenreich (Stoker, Blue Jasmine) se partagent le meilleur du film. Le beau, le grand, le merveilleux, c’est là qu’il se trouve. Une vraie lettre d’amour au cinéma et on en aurait pris encore, encore et encore!

Au programme: chorégraphie aquatique ambitieuse, claquettes et danse enjouée de marins vivant une dernière nuit de liberté avant de retourner en mission, mélodrame tournant à la catastrophe, puis ces westerns tantôt absurdement drôles, tantôt doucement mélancoliques… Du vrai bonbon!

Ou plutôt, une pomme suspendue au bout d’un fil. Car, hélas!, vient forcément l’obligation de se taper l’intrigue anecdotique mentionnée précédemment, fil conducteur de piètre qualité. Entre deux moments de magie où l’on redécouvre le cinéma comme le ferait un enfant, ce fastidieux retour au monde des adultes, dans toute sa mocheté et sa fadeur.

Hail, Caesar!, ponctué de hauts et de bas, bien malheureusement, se montre au final plus exaspérant que jouissif.

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Par www.facebook.com/HailCaesarMovie

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