«Warrior» de Gavin O'Connor: combattre dans la fosse aux lions – Bible urbaine

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«Warrior» de Gavin O’Connor: combattre dans la fosse aux lions

«Warrior» de Gavin O’Connor: combattre dans la fosse aux lions

Publié le 14 septembre 2011 par Éric Dumais

Vendredi soir avait lieu la première nord-américaine du drame sportif Guerrier (de l’anglais “Warrior”). Avec Gavin O’Connor à la barre de ce nouveau film de combats extrêmes, celui qui nous avait donné Miracle en 2004, il était dur de prédire avant la projection si nous avions affaire à du réchauffé ou à un autre chef-d’œuvre du genre.

Une famille ravagée par l’alcoolisme

Guerrier met en scène Paddy Conlon (Nick Nolte), un ex-ivrogne seul comme une bouteille à la mer, qui retrouve, après une absence de 14 ans, Tommy Conlon (Tom Hardy), le plus jeune de ses deux fils. Ex-Marine et combattant des forces de l’ordre en Irak, le jeune Tommy réapparait à Pittsburgh afin de donner signe de vie à son vieux père et le convaincre de lui faire reprendre l’entraînement. Tommy désire renouer avec les arts martiaux et il quémande les services de Paddy pour être « en shape » pour l’un des tournois les plus attendus d’Atlantic City, le réputé Sparta. En parallèle, Brendan Conlon (Joel Edgerton), le fils aîné de Paddy, se voit dans l’obligation de quitter momentanément son rôle d’enseignant de chimie pour sauver sa famille et sa maison des créanciers vicieux. Comme Tommy, il retournera au combat pour redevenir un vrai dur à cuir et ainsi empocher les 5 millions de dollars en jeu. Tommy et Brendan n’avaient par contre pas prévu de se retrouver nez à nez après plusieurs années d’absence et, qui plus est, dans une véritable fosse aux lions.

Une réalisation raffinée

La plus grande force d’un film comme celui-ci demeure la richesse de son scénario. Guerrier s’inscrit dans la lignée des chefs-d’œuvre de combats extrêmes, dont The Wrestler (2008) de Darren Aronofsky ou The Fighter (2010) de David O. Russell.

Le récit évolue à pas feutrés et nous plonge dans la misère d’un père qui n’a plus rien à dire mais tout à offrir. Sobre depuis bientôt trois ans, il tente par tous les moyens de se faire pardonner aux yeux de ses fils, en vain. La relation tendue entre les trois protagonistes apporte une dimension sentimentale fort intéressante au scénario. Le tour de force de Gavin O’Connor, au moment de l’écriture, est la facilité avec laquelle il fait évoluer en alternance deux récits fort différents. Vers le milieu du film, l’usage du « split screen » permet au spectateur de prévoir l’imminent rapprochement entre les deux frères, jusqu’au moment ultime de la rencontre offcielle, à Atlantic City, après plusieurs années dans l’abandon.

Si le scénario met de l’avant-plan la déchéance d’une famille cassée en mille morceaux, l’avènement de la religion catholique (« où est Jésus lorsque nous avons besoin de lui? ») et le patriotisme d’une nation si fière de son drapeau, les traces d’humour qui parsèment le récit apportent malgré tout une dimension vivante et rafraîchissante des péripéties qui peuvent en toute apparence s’avérer d’une lourdeur frôlant l’inconfort. Il y a en effet certains dialogues très comiques qui détendent l’atmosphère et qui rendent les personnages un peu moins sombres et plus attachants. Tom Hardy, dans son rôle d’un Tommy ténébreux comme la faucheuse, maîtrise à merveille le sérieux de la situation, alors que Joel Edgerton réussit, quant à lui, à apaiser l’atmosphère écrasante de leurs problèmes familiaux en étant le professeur sympa que tous les élèves adorent.

Guerrier est un film intense qui plaira assurément aux amateurs de sensations fortes, mais aussi à ceux qui aiment les scènes de combats réalistes et dures. La performance des acteurs est à couper le souffle et vous vous surprendrez occasionnellement à serrer les poings tellement le suspense est bien distillé. Même si l’épilogue suggère une fin américaine qui finit évidemment bien, Guerrier demeure néanmoins un film dur, réaliste, avec un bon revers.

Appréciation générale: ****

Crédit photo: Alliance Vivafilm

Écrit par: Éric Dumais

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