«Gangster Squad» de Ruben Fleischer: mafia en bouillie – Bible urbaine

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«Gangster Squad» de Ruben Fleischer: mafia en bouillie

«Gangster Squad» de Ruben Fleischer: mafia en bouillie

Publié le 10 janvier 2013 par Jim Chartrand

La plus grande erreur serait de prendre ces mésaventures de truands au sérieux puisque le maestro derrière le jouissif Zombieland n’a pu faire autrement que de transformer cette grossière chronique de Los Angeles en une grande farce où une absurdité n’attend pas l’autre, et ce, bien qu’il s’épaule de fameux faits vécus. Comme quoi, à défaut d’être entièrement convaincant, Ruben Fleischer aura le mérite de nous faire passer un moment drôlement amusant. Voici donc une critique de cet attendu Gangster Squad.

Ne devient pas Brian de Palma, Martin Scorsese ou Francis Ford Coppola qui veut, et Ruben Fleischer l’apprendra bien à ses dépens selon les critiques qu’on lui réservera pour son troisième long-métrage en carrière, alors que de façon étonnante, pour se lancer dans le genre gangsters, il semble plutôt préférer s’inspirer de Zach Snyder avec ses combinaisons d’accélérés et de ralentis à n’en plus finir, plutôt que d’autres cinéastes plus vétérans et reconnus pour ce genre singulier. On trouve donc ici une volonté dominante de miser beaucoup plus sur l’esthétique d’un film d’époque que sur l’histoire. Une fois cette constatation pleinement établie, on changera le rythme de croisière et, bien sûr, notre approche de ce qui se déroule sous nos yeux en l’abordant comme un bon divertissement popcorn aux limites caricaturales à mille lieux d’un film d’auteur ou, ce qu’il est encore moins, d’un drame ou suspense historique prêt à marquer l’histoire cinématographique.

Avec son look de bande dessinée donnant l’impression d’avoir été entièrement constitué et reconstitué en images de synthèse et en captures de mouvements, le film met en scène une panoplie de vedettes qui s’amusent à déjouer et à surjouer leurs propres tics pour se lancer dans des déconstructions étonnantes de personnages déjà grossiers. D’un Sean Penn exagéré et limité à des mimiques de singe donnant droit à un sous-De Niro sur l’acide, jusqu’à un Ryan Gosling complètement bouffon et peu sérieux, se trouve également un Michael Peña en mode Aziz Ansari évoquant le peu mémorable 30 minutes or less du même réalisateur, alors que les nombreux Nick Nolte, Josh Brolin, Emma Stone et Giovanni Ribisi, pour ne nommer que ceux-ci, font acte de présence sans nécessairement surprendre, mais semblent bien à l’aise de pimenter cette succession de situations qui s’avèrent souvent plus désolantes que satisfaisantes.

Dans cette exposition de violence extrême mais légèrement ridicule pour vraiment dégoûter, on décide de reprendre le contrôle d’une ville maintenant sous l’emprise d’un truand sans limite et sans morale. Sauf que le hic, c’est qu’il faut combattre le feu par le feu, se défaire de toutes les lois et utiliser le crime pour combattre le crime. La bande d’officiers devient alors une bande de hors-la-loi qui, après avoir été recrutés tels des Avengers vêtus de leurs beaux manteaux longs, sont fins prêts à affronter les-dits méchants.

Mais bon, on enrobe le tout de sujets fétiches tels que les trahisons, les liaisons, les corruptions et on en passe, avec ces va-et-viens romantiques, violents ou autres, et c’est particulièrement dans ces détours souvent peu développés que le film tremble fort sur sa corde raide. Avec ses raccourcis qui font hurler de rire tellement on peine à y croire (vous penserez à moi lors de la fameuse scène de l’accouchement ou de ce qui semble en rester…), en plus d’être étrangement souligné par la trame sonore de Steve Jablonsky, qui semble composée pour un film épique de Michael Bay, on doute vraiment de l’approbation du scénario et de l’intégrité des créateurs. D’autant plus que les changements de dernière minute face à la fameuse scène de la tuerie dans le cinéma font mouche, mais surprennent tout de même bizarrement quand on comprend et questionne le contexte d’un tel revirement.

Reste alors un film aux effets stylistiques aussi lassants que détonants, qui enrobent un scénario inégal surtout rehaussé par ses ressorts comiques (volontaires ou non), où le cinéaste se montre décidément plus à l’aise face à une distribution qui s’amuse dans ce grand terrain de jeu qu’est autant le Hollywood dépeint que celui qu’il sert. Pour cette raison et peut-être quelques autres qu’il faudra méditer, on devra admettre que le film aura un certain mérite pour nous avoir un tant soit peu bien diverti.

Gangster Squad prend l’affiche le vendredi 11 janvier 2013, mais certaines salles de cinémas offrent des représentations exclusives ce jeudi soir à 22h.

Appréciation: **½

Crédit photo: www.totalfilm.com

Écrit par: Jim Chartrand

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