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C’est le 5 octobre prochain que les amateurs de Tim Burton pourront renouer avec l’univers gothique et mystérieux de leur réalisateur préféré. Frankenweenie est le 4e film d’animation du maître de l’horreur. Une aventure en noir en blanc pour une histoire macabre haute en couleurs.
Tim Burton a dû attendre plus de 25 ans pour réaliser le long-métrage d’animation dont il rêvait tant. Le projet revenait ici et là dans l’actualité du septième art depuis 1984, date de sortie du court-métrage Frankenweenie. Sa version longue, d’une durée de 87 minutes, et entièrement réalisée en stop motion à l’instar d’un autre classique de Burton, L’étrange Noël de Monsieur Jack, saura plaire aux admirateurs inconditionnels de Burton et surprendre les autres par sa beauté et sa singularité.
Victor Frankenstein, curieux et solitaire jeune homme, est au cœur de ce conte fabuleux et sinistre. Dans une banlieue américaine pas si paisible que ça (et qui rappelle étrangement celle d’Edward aux mains d’argent), le jeune garçon est profondément attaché à Sparky, son chien et compagnon de tous les instants. C’est après la disparition tragique du toutou familial que Victor se tourne vers la science et son pouvoir occulte pour redonner vie à son meilleur ami.
Victor réussit bien sûr son expérience, après tout il ne porte pas le patronyme Frankenstein pour rien, et Sparky, passablement rafistolé, retrouve toute l’énergie du chien heureux qu’il était. Mais la «créature» ne peut passer inaperçue indéfiniment, et les camarades de Victor, outrepassant eux aussi les frontières de la vie et de la mort, bouleverseront le destin de la banlieue de New Holland.
L’art selon Burton
Le scénario, somme toute assez banal, est signé John August, d’après une idée originale de Burton. Et tout le reste, c’est du pur Tim Burton: personnages, ambiances, mise en scène. Son univers si particulier et ses influences depuis ses débuts sont mis réinterprétés comme si c’était la première fois. Burton réutilise les personnages et références qui l’ont inspiré depuis qu’il a quitté, il y a 30 ans, le studio Disney, producteur de l’actuel Frankenweenie.
Frankenstein, Batman, Godzilla, autant de personnages qui trouvent écho dans cette fresque funèbre, tout autant que l’univers de ses auteurs fétiches, dont Abraham Stocker et Edgar Allan Poe. Le résultat est à la fois un résumé et la suite logique de l’œuvre imaginée par Burton. Dès les premières minutes de Frankenweenie, le style inimitable de réalisateur promet déjà que le film sera d’une très grande qualité.
Si Tim Burton tente de réaliser la version de Frankenweenie depuis près de 30 ans, c’est que cette histoire et son personnage sont très proches de lui. Il est lui-même en quelque sorte le jeune Victor, ce jeune garçon curieux que le réel ne saura jamais satisfaire. Son jeune personnage produit d’ailleurs lui-même de courts films dans la cour familiale, tout comme son créateur le faisait, et réinvente le quotidien banal de sa banlieue ordinaire.
Frankenweenie est à la fois drôle et sinistre, poétique et dramatique; Burton sait donner à toutes les tragédies un aspect humain et personnel, et si le film est présenté comme un film pour enfants, je ne vous conseille pas de les y amener un soir de pleine lune.
En salle dès le 5 octobre 2012.
Appréciation: ****
Crédit photo: www.imdb.com
Écrit par: Annabelle Moreau