«Félix et Meira» de Maxime Giroux, lauréat au Festival international du film de Toronto, prend l’affiche – Bible urbaine

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«Félix et Meira» de Maxime Giroux, lauréat au Festival international du film de Toronto, prend l’affiche

«Félix et Meira» de Maxime Giroux, lauréat au Festival international du film de Toronto, prend l’affiche

Une histoire peu commune approchée avec sensibilité

Publié le 30 janvier 2015 par Isabelle Léger

Crédit photo : Julie Landreville

Après un bref passage à Montréal lors du Festival du nouveau cinéma, le long métrage sacré meilleur film canadien l’automne dernier au détriment de «Mommy» arrive enfin sur nos écrans. Enfin, car même sans les lauriers, ce film magnifique et maîtrisé trouve une résonnance auprès des Montréalais en offrant une rare incursion dans la communauté juive orthodoxe.

Félix et Meira raconte l’histoire d’un homme et d’une femme qui, bien qu’habitant le même quartier, n’auraient pas dû se rencontrer. Réunis d’abord superficiellement par le dessin et la musique (interdits pour elle), ils découvrent rapidement que ce qu’ils ont en commun est beaucoup plus profond: une étrangeté au monde, une inadéquation avec le milieu où ils sont nés.

Felix et Meira - critique 3

Maxime Giroux (Jo pour Jonathan) campe rapidement les deux univers. Meira (Hadas Yaron), jeune mère dans une famille juive hassidique, avec ses rituels, ses codes, ses règles. Félix (Martin Dubreuil), le célibataire sans ambition, mais qui ne s’en porte pas plus mal, n’ayant entretenu aucun lien avec son père richissime et mourant. Les deux acteurs jouent avec une vérité simple, toute de nuance et de retenue, qui rend cette histoire non seulement crédible, mais touchante et attachante. Rarement la grisaille de l’automne et de l’hiver a été tournée d’aussi belle façon.

Le scénario (co-écrit par le réalisateur et Alexandre Laferrière) a aussi cela d’intelligent qu’il ne dépeint pas une transformation totale en raison d’un coup de foudre. Il sème plutôt petit à petit les éléments démontrant l’indépendance d’esprit de Meira par rapport à son milieu, ce que sa rencontre avec Félix confirmera. De plus en plus mal dans son rôle, elle cherche une voie qui la délivrerait de sa vie de morte-vivante. Cette réflexion se cristallise dans une scène où elle voit par une fenêtre un jeune couple en pleine effusion amoureuse, avec la magnifique «Famous blue raincoat» de Leonard Cohen en trame de fond.

Son mari (Luzer Twersky, également très juste) ne veut rien faire pour elle et lui laisse l’entière responsabilité «de se reprendre en main». Croyant que l’ombre dans les yeux de sa femme y est pour toujours, comme dit la chanson de Cohen, il ne tente rien pour la dissiper. Le bannissement qui attend Meira si elle le quitte, l’abandon de sa fille (qu’elle refuse et s’organise pour contourner), ce sont les conséquences dramatiques infligées pour tourner le dos à sa communauté. Le réalisateur pose un regard sans jugement sur cette culpabilité instillée, sur les petites et grandes trahisons de la famille juive.

Il en ressort un film à l’image du personnage de Martin Dubreuil, très délicat dans sa façon d’assouvir sa curiosité, navigant entre ombre et lumière, déterminé dans sa recherche d’harmonie.

Felix et Meira critique 1

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