«Ésimésac» de Fred Pellerin et Luc Picard: homme sans ombre et film sans lumière

En collaboration avec le réalisateur Luc Picard, Fred Pellerin charme à nouveau son public avec Ésimésac, une adaptation de l’un de ses meilleurs contes. Il s’agit d’une seconde expérience cinématographique pour le jeune conteur, qui nous avait offert le film Babine en 2008 et dont Ésimésac est la suite logique. Plusieurs acteurs et personnages du précédent film s’y retrouvent, notamment Gildor Roy, Maude Laurendeau, Marie-Chantal Perron, René Richard Cyr, Marie Brassard et Isabel Richer, ainsi que les deux acteurs principaux, Sophie Nélisse et Nicola-Frank Vachon.  

Présenté par Alliance Vivafilm et les studios de production Cité-Amérique, Ésimésac relate l’histoire des villageois de Saint-Élie-de-Caxton, petite bourde assaillie par la famine, la pauvreté et la misère. Ésimésac, le garçon né sans ombre mais doté d’une force incroyable, est le dernier de la famille Gélinas, dont la mère l’a porté pendant vingt ans. Ce dernier décide d’unir les villageois autour d’un projet commun de jardin communautaire pour se sortir de leur misère persistante. Bien que tous et chacun semblent adhérer à l’idée, le forgeron du village est pour sa part réticent, préférant travailler pour l’homme du train qui leur permettrait peut-être de se sortir de la crise. Le forgeron réussit finalement à enrôler Ésimésac dans son projet de chemin de fer prétextant qu’ils sont les deux hommes forts du village. Mais l’abandon du projet d’Ésimésac au profit d’un autre a un prix: sa sœur Marie perdra quelques plumes dans cette histoire et Ésimésac devra faire un choix difficile.

Bien que très attendu, dû au succès actuel de Fred Pellerin dans le domaine musical, Ésimésac s’avère un film quelque peu décevant. Sans grands rebondissements, on en vient à se demander si l’adaptation d’un conte du type folklore québécois est toujours une valeur gagnante. Le scénario manque de scènes d’action et les blagues parfois grivoises ne suffisent pas nécessairement à raviver la flamme du spectateur. 

Malgré ces bémols, on retrouve néanmoins dans le scénario de Fred Pellerin et de Luc Picard une richesse stylistique dans les dialogues ainsi que l’habituelle poésie que l’on connaît bien du célèbre conteur et chanteur. Ésimésac est donc un parfait exemple de mise en mots d’un imaginaire chargé d’émotions.

N’oublions pas non plus la justesse du jeu des acteurs qui partagent l’écran dans cette adaptation d’un conte québécois. Le film s’appuie sur une brochette d’acteurs ayant déjà fait leur preuve au petit et grand écrans dont Luc Picard, René Richard Cyr, Marie-Chantal Perron et Isabel Richer, pour ne nommer que ceux-ci. Les révélations sont sans contredit Sophie Nélisse, découverte dans Mr. Lazhar, et l’excellent Nicola-Frank Vachon, qui se partagent la vedette à merveille dans ce film léger qui charmera évidemment les fans de Fred Pellerin.

À l’affiche depuis le 30 novembre 2012.

Appréciation: ***

Crédit photo: Alliance Vivafilm

Écrit par: Éric Santerre