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«Le désir de faire Prank est né d’un livre que j’ai lu, qui s’appelle Down and Dirty Pictures et raconte toute l’histoire des indépendants américains au début des années 90. Pour moi, Kevin Smith, Richard Linklater, Robert Altman… Ce sont mes premiers amours cinématographiques. Ils m’ont fait découvrir le cinéma d’auteur, et ces gars-là, ils n’attendaient pas avant de tourner un film.»
Prank raconte les frasques de Stefie (Étienne Galloy), votre typique adolescent nonchalant dont les ambitions ne se résument encore à rien de plus que se faire des amis avec qui passer le temps. Ce sentiment d’appartenance, il l’aura trouvé en tombant par hasard sur une bande de farceurs (Simon Pigeon, Alexandre Lavigne et Constance Massicotte) qui lui demanderont de filmer leurs prochaines plaisanteries dans le but de les publier sur le web. «L’idée du film m’est venue en regardant des vidéos sur Internet. Pour notre génération, avant, c’était assez simple: tu prends un sac de crottes, tu le mets en feu, sonne-décrisse… Mais avec la nouvelle culture du partage YouTube et des réseaux sociaux, il y a comme une surenchère. Il se fait des choses de plus en plus surréalistes.»
«Je regardais les victimes de ces blagues et je me demandais ce que la personne vivait, juste avant ce moment-là. Peut-être qu’elle était dans un état super deep! Pour moi, cet espèce de clash était vraiment intéressant et me permettait d’explorer un type d’humour que je connais bien. L’humour de malaise, c’est comme mon pain et mon beurre.»
Assumant pleinement son besoin de s’affranchir des contraintes habituelles associées à la production d’un long-métrage, Biron voulait construire un film à l’image de ses personnages: imparfait, mais attachant. C’est donc armé de pure passion et d’une idée toute simple qu’il a recruté trois scénaristes à la plume dégourdie (Alexandre Auger, Éric K. Boulianne et Marc-Antoine Rioux) et donné naissance, à peine quelques mois plus tard, à l’univers de Prank. «Il est assez différent de mes courts-métrages d’avant, qui étaient assez silencieux et ressemblaient plus à du Stéphane Lafleur [Tu dors Nicole]. En allant chercher mes amis scénaristes, je savais que j’allais sortir de ma zone de confort et finir avec quelque chose de plus verbeux, de plus trash. On a écrit le film qu’on avait envie de voir.» Et lorsqu’on lui demande ce que c’est, d’être quatre gars à travailler sur le même scénario, il s’esclaffe et résume l’expérience en un seul mot: «C’était explosif!»
Le regard crédule et la bouche pleine de broches, Étienne Galloy (qu’on a déjà pu voir à la télévision, sur le web et dans plusieurs courts-métrages) habite si bien son personnage que l’on se surprend à constater que l’âge ingrat, finalement, lui va plutôt bien. «Étienne, on le connaît depuis qu’il a 11 ans. C’est un naturel, le genre de jeune qui arrive sur un plateau et qui upstage tout le monde. Il a cette qualité d’être très candide et ébahi devant tout et rien. On a écrit le rôle pour Étienne, il a lu le scénario et il a capoté.»
S’inscrivant dans le même courant que les nouvelles comédies cultes à la Superbad de Seth Rogen et Evan Goldberg, Prank est une œuvre produite entre amis, avec peu de moyens mais beaucoup de fougue et de dévouement, et cela se ressent jusqu’à la séquence finale. À la fois auteur, réalisateur, producteur et directeur photo, Biron ne retient que des bons souvenirs de son tournage. «Quand c’est toi qui fais tout, disons que tu dors très bien quand tu reviens chez toi le soir! Sur des plus gros plateaux, il y a de la pression, l’horaire à respecter… Mais là, ça se passait plus relax. C’était ça l’idée: on va le faire nous-mêmes, mais on va avoir du temps. C’est difficile de se concentrer sur tout en même temps, mais c’est aussi très grisant, car tu as toute la liberté du monde.»
«Au début, le film n’était pas censé être si pop, j’imaginais quelque chose de vraiment plus artsy-fancy, mais ça vient en le faisant. Quand tu fais un film, tu le trouves.»
Artsy-fancy ou pas, cette comédie toute québécoise et pourtant bien universelle a su se tailler une place dans la sélection officielle de plusieurs prestigieux festivals à travers le monde. «C’est drôle, les festivals. Si ton film n’est pas sélectionné, ce n’est pas nécessairement parce qu’il n’est pas bon! J’ai compris qu’on devait plutôt trouver le plaisir dans le travail. Pour moi, faire la tournée des festivals, c’est un bonus. Le plus gros du plaisir dans ce projet-là, c’était de l’écrire, de le tourner, de le monter… Je n’ai donc pas vraiment ressenti de pression, mais ça m’a donné un bon coup de pied au cul pour faire d’autres films! Avec la gang de Prank, on est en train d’en écrire un autre, et j’ai aussi des projets de mon côté.»
Excellente nouvelle pour nous, le public, puisque la gang en question affiche tout le potentiel nécessaire pour souffler un vent de fraîcheur sur la comédie québécoise, un genre qui, avouons-le, en aurait plutôt besoin. «Les gens ont tendance à le placer dans la catégorie des films d’ados, mais il est bien plus large que ça. C’est un film ludique, qui fait du bien, idéal pour passer un bon moment au cinéma et se faire brasser un petit peu. Pour tous les gens qui disent ne pas aimer les films québécois parce qu’ils les trouvent trop tristes ou déprimants… Allez voir Prank!»
Voici une petite surprise qui saura certainement vous convaincre…
«Prank» prend l’affiche au Québec dès aujourd’hui. (Psst… La projection de 18h45 au Cinéma Beaubien sera suivie d’une rencontre avec l’équipe du film, et un billet vous donne droit à une bière et un hot-dog gratuits!)
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Par FunFilm