Entrevue avec Alain Fournier, réalisateur de «Sale Gueule» – Bible urbaine

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Entrevue avec Alain Fournier, réalisateur de «Sale Gueule»

Entrevue avec Alain Fournier, réalisateur de «Sale Gueule»

Quand les marionnettes et le fantastique s'invitent au FNC

Publié le 10 octobre 2014 par Ariane Thibault-Vanasse

Crédit photo : Annie Zielinski

Le Festival du Nouveau cinéma n'est pas que longs-métrages. La sélection de courts est tout aussi flamboyante que les grosses pointures de plus d'une heure, quoique toujours un peu marginalisée par le milieu et les festivaliers. Bible urbaine est allé à la rencontre de créateurs de courts métrages et c'est le cinéaste Alain Fournier, capitaine derrière le très beau film d'animation «Sale Gueule», qui ouvre le bal de cette série d'entrevues. Entretien avec un animateur qui n'en est pas un.

«Je m’intéresse au drame fantastique, à ne pas confondre avec le fantasy comme Lord of the Rings.» Voilà comment le réalisateur Alain Fournier explique sans équivoque son univers qu’il s’est créé en s’inspirant notamment de Terry Gilliam et de Tim Burton. Natif de Québec, mais résident à Montréal, le cinéaste présentera le 11 octobre son nouveau court-métrage intitulé Sale Gueule.

Cette fiction, s’imprégnant des légendes bretonnes, relate l’histoire d’un homme défiguré au lendemain de la Première Guerre mondiale, qui se voit attribué le poste d’assistant de gardien de phare comme nouvel emploi de réinsertion dans la société. Il sera sous les ordres d’un vieil homme bourru et solitaire qui cache un secret et qui entretient une relation particulière avec la mer et la tempête qui fait rage. 

«Je m’inspire toujours d’un lieu pour créer une histoire, indique le réalisateur qui oeuvre aussi comme directeur photo pour des séries documentaires télévisuelles. L’idée d’un phare est sortie, puis j’ai trouvé un fait vécu en faisant des recherches. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le gouvernement français donnait des jobs dites «faciles et pas trop stressantes» aux soldats que l’on appelait «gueules cassées». Gardien de phare était sur la liste, mais ils se sont vite aperçus que ce n’était pas de tout repos. Mon histoire a suivi après.» Ce travail de gardien de phare est l’ultime bouée de son personnage principal pour se sauver des traumatismes de la guerre.

Sale_Gueule_marin

Court-métrage d’animation, Sale Gueule a la particularité d’avoir été tourné avec des marionnettes. Diplômé de l’Université Concordia en Film production, Alain Fournier n’a toutefois pas de formation à proprement parler d’animateur. 

«Je me suis tourné vers le cinéma d’animation, car c’est plus facile de traiter et d’explorer l’univers fantastique avec ce médium. J’ai choisi les marionnettes, comme je n’avais pas la patience pour du stop-motion», explique-t-il, moqueur. Sa technique s’est par ailleurs beaucoup développée depuis sa première incursion dans le monde de l’animation en 2009 avec son court-métrage Öko. «Sale Gueule est mon troisième film où j’ai utilisé des marionnettes. Maintenant on peut presque parler d’animatroniques tellement elles sont élaborées, précise Alain Fournier. Et les marionnettistes deviennent eux aussi des interprètes.»

Sale_Gueule_phare

En préparation d’un autre court-métrage, celui qui n’était pas prédestiné à proprement parler à une carrière en cinéma (il a fait un saut dans l’armée et a voulu être pilote d’avion) désire parfaire sa technique d’animation au maximum pour arriver à la recette idéale. «Ma recette parfaite serait de contourner les limites du médium qu’est la marionnette. Je veux pousser l’expression faciale à son point culminant pour que ce soit le plus réaliste possible.» Les longs-métrages d’animation sont rares au Canada, car très onéreux. Alain Fournier veut mettre toutes les chances de son côté pour que son projet de réaliser un long reçoive les subventions nécessaires. «Le portfolio de l’artiste est important lorsque l’on fait nos demandes de subventions. Quand il nous arrive de gagner des prix dans les festivals, ça ne peut que nous aider!», ajoute le cinéaste.

Sale_Gueule_vieil_homme

La plateforme qu’offrent les festivals de cinéma aux courts-métrages n’est pas dénuée d’impacts, bien au contraire. Pour Alain, cela représente des possibilités de rencontres intéressantes, tant du côté créatif que des affaires, et permet la réalisations d’autres projets par la suite. «Il y a aussi des acheteurs présents dans les festivals, même si le marché du court n’est pas toujours facile, admet-il. La télévision est davantage un acheteur potentiel pour nos médiums. Tou.tv en prend, mais un effort devrait être fait de la part des grandes chaînes publiques pour promouvoir davantage les nouveaux talents.»

«Sale Gueule» est présenté le samedi 11 octobre à 17h30 et le 14 octobre à 15h au Cinéma du Parc.
Pour consulter la programmation complète du FNC, visitez le http://www.nouveaucinema.ca.

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