CinémaCritiques de films
Après un interminable hiver, l’été se pointe enfin et le premier vrai signe est certainement le fort divertissant Émilie, une amusante comédie romantique digne de tout ce qui fait le charme de la saison chaude, en ayant en plus la particularité de nous river à notre siège pendant sa grande majorité.
Certes, Émilie n’a rien de révolutionnaire, mais on ressent un certain vent de fraîcheur qui se dégage de cette fort sympathique comédie québécoise. Disons que dans notre filmographie, les films ensoleillés et enjoués ne sont pas si nombreux, et il y avait un certain moment qu’on avait eu droit à un divertissement de chez nous aussi bien réussi.
Bien sûr, il faudra surmonter la prémisse a priori compliquée, mais on appréciera rapidement la maîtrise scénaristique de Francis Delfour, qui prendra parti de la prédominance absurde de l’ensemble pour constamment nourrir le récit agréablement limpide de revirements aussi hilarants qu’inattendus, à défaut d’être généralement prévisibles dans la logique de l’univers. Dans ce film, on raconte l’histoire des 24 heures décisive de la vie d’Émilie, jeune femme spontanée et pimpante, incarnée avec panache par la pétillante Émilie Bibeau, qui évoque rapidement la jeunesse de Guylaine Tremblay, laquelle, après une gaffe et une remise en question, voit sa vie chamboulée par quatre hommes tous décidés à la conquérir (ou reconquérir) pour de bon.
Avec un rythme bien soutenu et ce petit quelque chose de téléfilmesque (c’est distribué et supporté par Radio-Canada après tout), qui donne l’impression d’écouter un épisode amplifié ou carburé à l’intensité d’un feuilleton conventionnel, on navigue d’un personnage éclaté à un autre pour y voir défiler une imposante distribution où des Jacques L’Heureux et des Josée Deschênes côtoient des Guillaume Perreault et des Jean-François Nadeau. Bien sûr, on s’amuse à grossir les traits des personnages et à les rendre plus grands que nature (on est après tout beaucoup dans la caricature et pratiquement le burlesque, un peu comme un terrain de jeu cinématographique mis en place pour du bon vieux théâtre d’été), mais si la majorité des comédies s’investissent avec un grand plaisir et qu’on se plaît à y voir d’amusants Didier Lucien et Patrick Drolet, qui rejouent sur des cordes qu’on croyait pourtant usées, c’est surtout Pascale Bussière, inattendue, et Patrick Hivon, dans certainement son rôle le plus extraverti et éclaté à ce jour, qui créeront inévitablement la surprise et la plus forte impression.
Pour le reste, on ne fait que se laisser emporter par ce tourbillon de revirements et de quiproquos, et on s’amuse follement avec ce film aussi simple et qu’efficace. Les rires sont nombreux, le temps passe aisément, et on apprécie la facilité de l’ensemble qui se digère sans rien forcer et sans qu’on se casse la tête.
À noter qu’Émilie est le résultat final d’un projet des plus fous. À l’image de son scénario et de ses personnages qui se présentent toujours comme la pointe d’un iceberg, cachant toujours quelque chose de bien plus grand qu’on l’imaginait, le film est finalement la résultante d’une idée évolutive des plus audacieuses. Pour ceux qui se lanceront donc dans l’histoire pour la première fois, il y aura la possibilité de retourner en arrière et de marcher dans les pas admirables de ce projet transmédia, notamment en regardant les quatre épisodes de la websérie préliminaire qui offrent la chance d’interagir de diverses façons avec les personnages. Comme quoi on pourrait bien être à l’aube d’une nouvelle façon de faire les choses!
Pour plus d’information, consultez le site web officiel du film Émilie au http://emilie.radio-canada.ca, autrement, appréciez et encouragez dès ce vendredi 19 avril en salles cette forte et charmante Émilie dans ses péripéties, qui à l’instar de Bluff il y a sept ans, pourrait bien faire tourner les choses à sa façon.
Appréciation: ***½
Crédit photo: Radio-Canada
Écrit par: Jim Chartrand