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Présenté lors du Festival du nouveau cinéma (FNC) le vendredi 14 octobre dernier et présentement à l’affiche au Cinéma Beaubien ainsi qu’à l’Excentris, le documentaire Survivre au progrès commence à peine à faire des vagues. Réalisé par Mathieu Roy et Harold Crooks, ce petit bijou de la critique sociétale et environnementale est en fait basé sur le best-seller Brève histoire du progrès de Ronald Wright.
Les scénaristes et réalisateurs Mathieu Roy et Harold Crooks nous convient à une belle prise de conscience sur notre espèce avec ce chef-d’œuvre du documentaire moderne. Épaulés par nuls autres que Martin Scorsese et Denise Robert à la production, nos deux blancs-becs ont réalisé, en partie grâce à une équipe ultramotivée, un travail digne d’un scribe de l’État.
Progresser pour mieux s’enfoncer
En fait, la formidable production derrière Survivre au progrès s’est donné comme défi de présenter, après 50 000 ans d’existence et d’évolution au fil du temps, les nombreux progrès de l’espèce humaine, de l’homme des cavernes à l’explorateur de l’espace, sans oublier la manière dont nos données sont traitées dans notre cerveau de «primate». Car n’oublions pas que notre cerveau, aussi développé soit-il, ressemble de près à celui du chimpanzé.
Les études présentées dans cette superbe série d’images-chocs sont donc appuyées par les résultats d’études d’auteurs, de généticiens, d’analystes, de biologistes et de sociologues de renommée tels que David Suzuki, Margaret Atwood, Robert Wright, Stephen Hawking et J. Craig Venter, lesquels se sont tous sérieusement penchés sur notre espèce, en particulier de son évolution jusqu’à aujourd’hui.
Ronald Wright, l’auteur du best-seller Brève histoire du progrès, duquel Mathieu Roy et Harold Crooks se sont grandement inspirés lors de l’écriture du scénario, «nous apprend de quelle manière les civilisations sont détruites les unes après les autres par les pièges du progrès, ces technologies irrésistibles qui répondent à des besoins immédiats mais hypothèquent l’avenir», peut-on lire dans un communiqué officiel.
Ainsi, le documentaire nous apprend bien malgré nous à quel point l’être humain est contreproductif, puisqu’il détruit et pollue quotidiennement son propre environnement. L’équipe de Survivre au progrès a réussi à rencontrer les employés de l’IBAMA, une agence environnementale du Brésil, qui nous exposent les conséquences catastrophiques de la déforestation et de ses nombreux effets nocifs sur l’environnement. Et, ironiquement, l’homme est censé être l’être le plus cérébral qui soit!
Dans un autre ordre d’idées, des spécialistes partagent, avec un certain trémolo dans la voix, des données qui font réellement mal à entendre : sur une population excédant les 7 milliards d’humains en 2011, seulement 2 milliards d’entre eux vivent «aisément».
C’est ainsi que nous survolons, du haut de notre siège, des villes comme Toronto, New York, Washington, ainsi que des pays plus éloignés tels que le Brésil et la Chine, pour découvrir, au bout du compte, que l’herbe n’est guère plus verte chez le voisin.
J. Craig Venter, un biologiste de renommée internationale, conclut le documentaire avec une affirmation assez choc : «Nous sommes tout sauf des Dieux. Dans le passé, nous pouvions vider une région de ses ressources avant de passer à la suivante. Mais la civilisation mondiale actuelle s’effondre sous le poids de la surconsommation, c’en est fini : il n’y a pas de planète de rechange.»
Survivre au progrès est, somme toute, un documentaire très intéressant que vous devriez absolument voir, car c’est notre devoir en tant que citoyen d’être informé de l’état actuel de notre planète. Les révélations partagées sont évidemment pénibles à entendre, mais si l’on garde espoir et que nous agissons dès maintenant, peut-être aurons-nous la chance de conserver notre planète Terre quelques centaines d’années encore.
Appréciation: ****
Crédit photo: Alliance Vivafilm
Écrit par: Éric Dumais