«Diana» d'Oliver Hirshbiegel, mettant en vedette Naomi Watts – Bible urbaine

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«Diana» d’Oliver Hirshbiegel, mettant en vedette Naomi Watts

«Diana» d’Oliver Hirshbiegel, mettant en vedette Naomi Watts

Une amourette plus que chancelante

Publié le 1 novembre 2013 par Ariane Thibault-Vanasse

Crédit photo : Les Films Séville

Alors que Blanche-Neige, Cendrillon et la Belle au bois dormant attisent l’imagination des petites filles, c’est une princesse qui sert de modèle à une génération d’hommes et de femmes qui ont dépassé l’âge de raison depuis belle lurette. Symbole de résistance face à la monarchie britannique, Lady Diana incarne le mythe de la roturière que le destin transporte en plein conte de fée. Or, Oliver Hirshbiegel présente les deux dernières années de sa vie dans une biopic désastreuse. Plein feu sur les amourettes de cette Mère Teresa toute de Dior vêtue.

Concentrer l’action autour de la passion amoureuse de la Princesse de Galles (Naomi Watts) pour un chirurgien pakistanais (Naveen Andrews) était une idée rafraîchissante et nouvelle. Souligner la relation en montagnes russes par le truchement des voyages humanitaires de la généreuse Lady Di passe encore. Par contre, faire tout ce flafla de manière superficielle et sans fil conducteur est une insulte à sa mémoire et place le réalisateur au même niveau que les paparazzis sans scrupules dénoncés dans le film. Le rythme fractionné et douteux est une bévue technique qui surprend de la part de l’homme qui a produit The Experiment et plus récemment le très puissant The Downfall, nominé en 2005 pour l’Oscar du meilleur film étranger. Peut-être qu’un réalisateur allemand ne pouvait tout simplement pas bien adapter à l’écran la vie de la femme la plus célèbre du monde.

Le but des producteurs était de faire connaître Diana sous une autre facette que celle de la bimbo sans cervelle. Le film passe complètement à côté de l’objectif et met au contraire l’accent sur les vêtements luxueux et l’ombre d’un fétichisme sur les pieds et les souliers… Dommage, car le contraste entre les scènes quotidiennes auxquelles s’adonne la princesse dans le somptueux Kensington Palace est intéressant. Malgré sa liberté et son affranchissement à la maison des Windsor, la belle se trouve malgré tout prisonnière de sa geôle dorée.

Soulignons aussi le jeu de Naomi Watts qui se mouille rarement dans de mauvais films. Il faut se rappeler que cette Britannique d’origine a frôlé l’Oscar de la meilleure actrice l’an dernier pour sa prestation dans The Impossible. Force est de constater que la talentueuse actrice a bel et bien fait ses devoirs et parvient à s’approprier le sourire énigmatique de Lady Di et sa manière de pencher humblement la tête devant des interlocuteurs avides de ses derniers tourments maritaux. Une petite salutation aussi à la coiffeuse et maquilleuse qui viennent sauver l’honneur du film de la catastrophe complète.

Après un survol de la vie du fondateur d’Apple dans Jobs, les déboires politiques et juridiques de Julian Assange dans The Fifth Estate, c’est au tour de Diana de s’inscrire dans la triste lignée des biopics ratés et sans saveur. Certains films sur cette monarchie qui fascine et qui dérange ont tout de même prouvé qu’il était possible d’en être critique. Il suffit de penser à The Queen (2006) pour être convaincu.

L’opus d’Oliver Hirschbiegel présente une idylle méconnue de la grande histoire de Lady Di, mais n’arrive pas à se fixer sur un angle à adopter. Il chancèle entre le drame à l’eau de rose, la tragédie et le documentaire sur les bonnes actions de la princesse défunte. Hélas, par le manque de faits vérifiables en raison de l’intimité des scènes où le manque de témoins oculaires est probants et évidents, le film cherche à tâtons la vérité sur les dernières années de la vie de Diana. Et c’est en aveugle que le spectateur sort du film. En aveugle royal.

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