«Dérapages» de Paul Arcand: la vie ne tient qu’à un fil – Bible urbaine

CinémaCritiques de films

«Dérapages» de Paul Arcand: la vie ne tient qu’à un fil

«Dérapages» de Paul Arcand: la vie ne tient qu’à un fil

Publié le 22 avril 2012 par Justine Boutin-Bettez

C’est avec engouement et frénésie qu’on attend au Québec la sortie du documentaire Dérapages, le dernier-né de Paul Arcand, qui fait suite aux excellents et troublants Les voleurs d’enfance (2005) et Québec sur ordonnance (2007). Dérapages prendra l’affiche le 27 avril.

Dérapages est un documentaire-choc au sein duquel on retrouve une kyrielle de témoignages révélateurs et d’émotions qui nous contractent la cage thoracique et nous coupent le souffle. Aucun trucage ou contrefaçon n’a été utilisé lors des diverses projections de portraits audiovisuels sur les proches des victimes. Ici, les gens se livrent avec sincérité et authenticité.

Caméra à l’épaule, l’équipe de Dérapages a tout capté sur le vif, des arrestations nocturnes et des soirées arrosées sur une piste de danse, aux délibérations entre amis portant sur «qui sera le moins saoul ce soir pour conduire». Le spectateur, en tant que témoin direct, est placé au centre de la dérive de ces jeunes insouciants, complètement impuissant devant l’envie ultime de leur donner une bonne leçon de morale.

L’alcool au volant est un thème répétitif et récurrent. Il constitue la principale cause d’accidents sur les routes du Québec. Selon la SAAQ (Société de l’assurance automobile du Québec), 31% des décès sont causés par les accidents mortels survenus sur les routes du Québec. De ce nombre, 16 % représentent des blessés graves.

Chaque être humain possède ce pouvoir accru à l’intérieur de lui de prendre les clés de sa voiture en étant complètement ivre et de démarrer le bolide en ne se doutant point que sa vie pourrait s’arrêter brutalement au prochain coin de rue. Faudrait-il développer davantage de campagnes de sensibilisation qui nous suivraient à la trace pour nous rappeler invariablement et platement que l’alcool et la voiture ne font pas bon ménage? Ou alors engager des policiers qui travailleraient jusqu’à tard dans la nuit afin d’imposer des tests d’alcoolémie aux festifs à la sortie des bars? Bref, une situation aussi grave, où les enjeux face à l’alcool au volant et l’excès de vitesse, suscite des débats constructifs qui pourraient certainement aller jusqu’à une révision de loi très prochainement.

Au final, la musique dans ce nouveau chef-d’œuvre de Paul Arcand apporte un voile d’émotivité à travers le film. Beau travail de la part de Mario Sévigny, ce musicien multi-instrumentaliste tant convoité et impliqué dans le monde télévisuel et cinématographique. La musique, en effet, nous parlait doucement à l’oreille, elle tentait, vainement, de nous consoler, nous allumer et nous donner cette conscience que la vie est fragile, que l’esprit humain est vulnérable, même derrière cette paillasse de fer incorruptible. Plusieurs groupes québécois et canadiens tels que Karkwa, Les Cowboys Fringants, Simple Plan et Metric ont contribué à alimenter la trame sonore de Dérapages.

Avec ce film, Paul Arcand a levé le ton; les autoroutes et les routes ne sont pas des salons funéraires.

À vous, à nous, à tous ceux qui prennent le volant et qui partagent les routes: soyez conscients, soyez alertes, soyez prévenants, mais surtout, soyez intelligents.

Appréciation: ****

Crédit photo: Alliance Vivafilm

Écrit par: Justine Boutin-Bettez

Vos commentaires

Revenir au début