«Cosmopolis» de David Cronenberg: un thriller apocalyptique percutant – Bible urbaine

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«Cosmopolis» de David Cronenberg: un thriller apocalyptique percutant

«Cosmopolis» de David Cronenberg: un thriller apocalyptique percutant

Publié le 30 mai 2012 par Olivier Boivin

Peindre sur grand écran un nouveau millénaire dans un Manhattan sans dessus dessous, où la monnaie d’échange globale est devenue des rats morts et ironiquement marchandables, est sans contredit un acte audacieux. Peut-on considérer l’idée de départ comme étant risquée ou douteuse? En fait, lorsque ce défi est réalisé par un réalisateur méticuleux comme David Cronenberg, c’est automatiquement mission possible.

Cette adaptation du roman de Don DeLillo, en ce printemps 2012 mouvementé économiquement et politiquement sur une bonne partie de la planète, mélange une pelleté d’actualité à un futurisme réaliste et ô combien digne d’une fin du monde imminente. Nul besoin de se forcer d’apprécier le jeu de Robert Pattinson, le protagoniste, qui sort ici de son étiquette vampirique de la saga Twilight. Nous l’avions trouvé plutôt cadavérique par le passé, mais voilà qu’il séduit à nouveau par son sex-appeal hors du commun, un charme transparent, un esprit lucide, palpable, mais inondé de péchés dangereux.

Femmes et homosexuels craqueront certainement devant le nouveau rôle de Pattinson, âgé d’à peine 26 ans (son âge dans le film étant de 28 ans), où le pouvoir rime parfois avec la jeunesse fatale. Quand on brasse des millions comme on respire, le véritable moyen d’en tirer profit, dans un monde devenu violent et agressif à l’excès, ne se cache nulle part ailleurs que dans les pensées. Effectivement, c’est grâce à sa capacité d’anticiper son univers qu’Eric Parker, multimillionnaire excessif, réussit à maîtriser son monde tel un véritable manipulateur né.

Cosmopolis met de l’avant des dialogues profonds et de sujets riches qui ne cessent de nous plonger dans un amas de réflexions complexes; la qualité de vie d’aujourd’hui, les relations remplies d’intérêts diversifiés, l’argent, la motivation des humains de demain, le capitalisme, ou encore la maîtrise de soi ne sont que quelques exemples des idées véhiculées dans le récit. C’est donc agréable d’observer toutes ces rencontres secrètes à bord d’une limousine immense à la fine pointe de la technologie, loin des discussions générales préétablies du monde banal.

À l’origine, le film Cosmopolis devait être joué par Colin Farrell. Après le désistement de celui-ci, le réalisateur canadien a pris la décision d’engager Pattinson pour le rôle.

Juliette Binoche, quant à elle, a un second rôle croquant, elle est à la fois soumise et dominante, elle qui joue une femme forte et finement détachée des conflits extérieurs. Encore une fois, il est question de sexualité gratuite et animale, mais l’emphase demeure au niveau des interactions superbement posées entre les différents individus.

En somme, Cosmopolis, qui avait tout pour remporter la Palme d’or à Cannes 2012, met à l’avant-plan des qualités exceptionnelles, par exemple des images à couper le souffle, sans oublier la bande originale, qui se veut tout simplement extraordinaire. La combinaison délicieuse du compositeur Howard Shore et du groupe canadien Metric apporte une ambiance parfaite au dénouement. Avec tous ces éléments réunis, on réussit à nous tenir en haleine du début à la fin, génériques compris!

Le film prendra l’affiche partout au Québec le 8 juin.

Appréciation: ****

Crédit photo: Les films Séville

Écrit par: Olivier Boivin

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