«Cloclo» de Florent Émilio Siri: un biopic fumant dans un bain flottant – Bible urbaine

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«Cloclo» de Florent Émilio Siri: un biopic fumant dans un bain flottant

«Cloclo» de Florent Émilio Siri: un biopic fumant dans un bain flottant

Publié le 1 juillet 2012 par Justine Boutin-Bettez

Le 26 juin avait lieu, sous le soleil égaré de Montréal, la première médiatique de l’indéracinable Cloclo ou La légende de Claude François. Un film biographique écrit et réalisé par Florent Émilio Siri (Une minute de silence, Nid de guêpes et L’Ennemi intime). Voici une œuvre cinématographique de fiction jouée par Jérémie renier (Coupable, Potiche et Le gamin au vélo).

De L’Égypte à la baignoire

Cloclo est un biopic présentant les moments forts de la vie du chanteur populaire Claude François, une icône de la chanson française, et le scénario, fort juste d’ailleurs, prend bien le soin de relater son destin tragique, qui résonne encore, tel un écho dans la mémoire des gens.

Le récit prend forme en Égypte, plus précisément à Ismaïlïa, lieu exotique où a résidé Claude François au début de sa vie jusqu’à sa mort effroyable dans une baignoire, électrocuté. À cette époque-là, l’Europe était encore dans l’entre-deux-guerres.

À défaut d’avoir connu un peu mieux Cloclo la pop star, le business man, le producteur et le père de famille, la faim s’est plutôt emparée de l’attente des spectateurs. C’est une errance sans fin dans un train immuable au haut-parleur monotone, après la même scène mise en boucle environ cinq fois. Le long-métrage est plutôt une mise en images de la vie du chanteur, malheureusement il manquait une soie, une intention, voire une incarnation à laquelle s’identifier dûment.

Qu’on le veuille ou non, Claude François était le sex-symbol en demeure des dames de l’époque, et cette caractéristique occupe une place immense dans le film. Fille à poil par-ci, fille à poil pas de culotte par-là, tout ce cirque semblait attachant dans les premières montures, mais plus le film passait et plus les femmes occupaient la quasi-totalité de la pellicule, comme une pacotille de piètre qualité. Des rizières d’adolescentes pressées de déposer leur chauffage sur le lion en ferraille roulante. Dans le langage singulier de Claude François, nous surnommons ces femmes des «Claudettes», qui lui servaient tantôt de choristes danseuses, tantôt de femmes porte-bonheur.

Le triomphe du chanteur

Claude François a édité et commercialisé plus de 350 titres en français, 60 chansons en anglais, et il est le douanier par excellence du célèbre succès «Comme d’habitude». Sa trace est donc laissée dans notre Columbia 33 tours ou notre RCA 45 tours. Mais pouvons-nous en dire autant du film? 

Le long-métrage s’inspire de moments véritables de la vie d’un homme, d’où l’appellation «biopic», mais nous peint également un tableau irréfragable de la situation de l’époque, de la société et de la culture. C’est une introspection solide dont les faits sont d’une abréaction précise. Un univers spatio-temporel où la narration est le récit. Loin du mimesis, Jérémie Renier a donné une prestation qui allait bien en haut du jeu de l’imitation caricaturale ou du clinquant artificiel. Il a pris le temps d’examiner, de travailler et de peaufiner à la fine pointe le personnage de Claude François.

Cloclo était reconnu pour son exigence pointilleuse, son excentricité sourcilleuse, ses bouchées doubles dans le quatrième art et son perfectionnisme astreignant. Jérémie Renier a rendu son interprétation juste et authentique.

Ce film a corroboré l’image d’une star contingente, aliénée, et c’est, en somme, ce qu’ont reproché les Français à Claude François de son vivant, à savoir qu’il manquait cruellement de naturel et d’identité dans ses mélodies.

Le film Cloclo ou La légende de Claude François est en salles partout au Québec depuis le 29 juin.

Appréciation: ***

Crédit photo: Les films Séville

Écrit par: Justine Boutin-Bettez

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