CinémaEntrevues
Crédit photo : Tous droits réservés @ Les serres municipales de Verdun
«J’ai fondé Ciné-Verdun en 2018 parce que je suis citoyenne de Verdun depuis 16 ans et une amatrice de cinéma. Avant, je devais faire deux heures de route pour aller voir un film d’auteur québécois ou pour participer à un festival. Ciné-Verdun, c’est donc parti d’un constat: j’habitais dans un désert de cinéma, mais je pouvais emmener quelque chose à ma communauté verdunoise en retournant à mes premières amours: la programmation cinématographique.»
Il était une fois… une bonne idée
La mise en place de Ciné-Quartier ne s’est évidemment pas faite en claquant des doigts!
Diya Angeli, qui bénéficiait d’un certain halo dans l’industrie – rappelons à juste titre qu’elle est l’un des membres fondateurs du Festival Très-Court, lancé à Paris en 1999, et qu’elle a travaillé pendant une décennie à L’inis comme chargée de projets, communications et marketing – a eu à faire le saut (vertigineux, celui-là!) pour quitter le «confort» d’un emploi à plein temps afin de se lancer dans une aventure entrepreneuriale avec des idées plein la tête et des doutes plein l’esprit.
«L’idée, à la base, c’était juste d’avoir du fun», me confie-t-elle, un sourire dans la voix.
Elle se souvient: «J’ai d’abord commencé par créer une page Facebook. Puis j’ai proposé un film. Et là, d’un coup, il y avait 100 personnes que je ne connaissais pas, prêtes à voir un long métrage documentaire d’auteur québécois… en salle! C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que ce que je proposais répondait à un besoin.»
Confiante que son projet avait tout le potentiel de devenir grand, puisque «l’accueil du public et des partenaires, de même que l’enthousiasme général, étaient au rendez-vous», les associations avec des partenaires se sont faites naturellement avec entre autres la maison de la culture de Verdun et l’Association des cinémas parallèles du Québec (ACPQ).
C’est ainsi qu’aux lieux de diffusion de Verdun – la maison de la culture, les serres municipales, la Promenade Wellington, l’Église de l’Épiphanie, le stationnement Éthel – se sont ajoutés naturellement d’autres partenaires qui ont flairé eux aussi le potentiel incroyable d’emmener le cinéma dans leur quartier, à savoir L’Île-des-Sœurs, LaSalle, Saint-Michel et Verchères.
Multiplication des lieux oblige, Ciné-Verdun est devenu par la force des choses Ciné-Quartier afin de poursuivre sa mission de «stimuler la vie sociale et culturelle des citoyens avec le cinéma pour créer des moments de rencontres dans les quartiers».
Et Diya d’ajouter avec enthousiasme: «Et c’est une belle aventure qui ne fait que grandir!»
Jusqu’au 12 juin, Ciné-Quartier présente le Festival Très-Court
C’est le 3 juin dernier que la programmation de la 24e édition du Festival Très-Court a été lancée avec au menu 158 films d’ici et d’ailleurs présentés lors d’un marathon cinématographique de dix jours.
«Ça s’adresse vraiment à tout le monde, de 5 à 97 ans! C’est un festival de films de 4 minutes et moins. On présente plusieurs programmes, dont une sélection familiale pour les plus jeunes, des sélections thématiques, ainsi qu’une compétition internationale – qui comprend un trésor de 40 films en provenance de 13 pays!»
«C’est un festival qui invite les spectateurs à s’émerveiller et à découvrir différents univers!»
Ainsi, tous les sens des cinéphiles seront sollicités tout au long de ce festival qu’elle a cofondé il y a 23 ans, puisque tous les genres sont représentés, autant la fiction, avec des performances d’acteurs très pointues, que le film d’animation ou le documentaire, qui s’est vu attribuer à lui seul une sélection de 60 minutes.
Conseil, consacrez-y un peu de votre temps, car vous y apprivoiserez «des cinématographies, des points de vue et des sujets différents, comme la programmation Paroles de femme, où des films féministes et engagés sont présentés et mettent en scène des points de vue féminins du monde entier.»
Ce 9 juin, à l’Église catholique Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, située rue de l’Église, à Verdun, c’est la Sélection québécoise qui sera présentée afin de «célébrer la richesse de la production locale et la diversité des points de vue». Au menu, 18 courts métrages où sont abordés les thèmes du déracinement, du deuil et de la solitude, et aussi la pluralité des cultures, la puissance des traditions et le pouvoir transformateur de l’art.
La soirée se poursuit dès 20 h avec la sélection Rions, (avant la fin du monde) et avec La fête du clip à 21 h. Inscrivez-vous à ces événements sur Eventbrite en cliquant ici. À noter que l’entrée est libre et un service de bar est offert. Mais dépêchez-vous, car les billets s’envolent vite!
«Avec Très-Court, on emmène le spectateur dans un univers très particulier, dans une histoire… avec des histoires. Il ressort de là avec beaucoup de choses en tête, beaucoup de thèmes; c’est une photo de l’état du monde des cinéastes et de ce qu’ils avaient en tête.»
Pour ceux qui souhaitent profiter de ce cinéma de qualité en direct de leur chez-soi, pas de problème, car la programmation du Très-Court est disponible en ligne avec une contribution volontaire jusqu’au 12 juin.
Cliquez ici pour télécharger la programmation au format PDF.
Le 18 juin, rendez-vous en plein air pour voyager… dans votre quartier!
Fort de ces différentes séries, Ciné-Quartier récidive à peine une semaine plus tard avec une programmation estivale qui vous en fera voir de toutes les couleurs… et à la belle étoile!
«La programmation estivale débute le 18 juin à 21 h avec Délicieux dans le jardin des serres municipales de Verdun, une comédie française d’époque qui parle de la création du premier restaurant et de l’amour de la cuisine. Notre partenaire, c’est la Coop CAUS dont la mission est de faire la promotion de l’alimentation locale. Ils vont être là pour nous proposer un repas avec des produits locaux, justement!»
Avec ce désir de toujours proposer une programmation qui s’adapte aux lieux et aux partenaires qui accueillent les projections, Ciné-Quartier s’est fait aller le génie pour offrir un cinéma de qualité dans des lieux thématiques.
La programmation en plein air se poursuit avec le succès C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée (24 juin, 21 h) au Centre Henri-Lemieux, Je me soulève d’Hugo Latulippe (29 juin, 19 h) à l’atelier-boutique Harricana, nin e tepueian – mon cri (1er juillet, 21 h) au Centre Henri-Lemieux, Je m’appelle humain (14 juillet, 21 h) au Phare culturel de Verchères, Le trésor du petit Nicolas (29 juillet, 21 h) sur la Promenade Wellington, Norbourg (3 août, 20 h 30) à La Station de L’Île-des-Sœurs, La fine fleur (20 août, 20 h) dans les serres municipales de Verdun, et plus encore. Consultez la programmation complète ici.
«On va présenter des films à caractère environnemental dans des serres, des documentaires engagés où on veut changer le monde dans des sous-sols d’églises, des fictions dans le grand auditorium de la maison de la culture en présence d’artisans québécois, et investir l’espace public, comme on va le faire cet été, sur les parkings des centres culturels, dans les stationnements ou les parcs. On a su créer, avec Ciné-Quartier, une image de marque en projections événementielles et expérientielles.»
Quand je lui ai demandé ce qu’elle entendait par «expérientielles», Diya m’a bien mis l’eau à la bouche: «Boire un chocolat chaud Bailey’s dans une serre chauffée à 10 degrés Celsius avec ta tuque à regarder un film qui te parle de changements climatiques… C’est comme une expérience en soi finalement! Le film résonne différemment, et c’est ça qu’on essaie de créer auprès de l’auditoire.»
Avouez que ça donne envie! En plus, c’est gratuit.
Vous n’avez qu’à apporter votre chaise et, s’il pleut, il y a toujours la possibilité qu’un plan B vous soit proposé plutôt qu’un report. Pour cela, n’oubliez pas de vous inscrire sur l’événement en question sur Eventbrite pour recevoir les précieuses alertes de Ciné-Quartier.
Et que peut-on te souhaiter de beau pour l’avenir, Diya?
«J’aimerais consolider les partenariats déjà en place, continuer de présenter nos séries de programmation et présenter notre offre à de nouveaux partenaires, dans des quartiers différents.»
Et d’ajouter: «On veut aller dans des déserts de cinéma et aider ceux qui n’ont pas l’expertise cinématographique. Il existe déjà beaucoup de ciné-clubs. Notre but, c’est d’aller là où on peut être utile!»
Il était une fois… Ciné-Quartier. L’aventure ne fait que commencer.