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Crédit photo : Tous droits réservés @ Les Films du 3 Mars
Deux héros, deux modèles
Champions, c’est d’abord une histoire de famille. En effet, le cinéaste Helgi Piccinin a décidé de suivre les traces de son petit frère Stéphane et de mettre en lumière la différence intellectuelle. «J’avais envie parler de quelque chose qui était très proche de moi et de me rapprocher de mon petit frère autiste […] Avec les années, une certaine distance s’était installée entre nous et je me rendais compte, en tant que documentariste, qu’il y avait plein de questions qui me venaient en tête et que je ne m’étais jamais permis de lui poser. Le film est parti de cette prise de conscience», explique le réalisateur.
«En 2016, il m’a annoncé qu’il voulait aller jusqu’aux Jeux mondiaux des Olympiques Spéciaux pour devenir champion et gagner une médaille. J’ai été surpris par sa soudaine ambition, mais il m’a très vite démontré qu’il était sérieux. Je ne l’avais jamais vu aussi impliqué dans un projet. J’ai donc décidé de le suivre dans cette aventure et je me suis dit que ce serait un beau moment à vivre ensemble, moi derrière la caméra et lui à la course.»
Par la suite, alors que le projet de documentaire était lancé, Helgi a rencontré Audrey Vincent, l’autre grande protagoniste du film. Le documentariste, qui avait intégré une équipe des athlétiques spéciaux sur la Rive-Sud à Longueuil, a été séduit par cette athlète féminine, extravertie et loquace. Selon lui, elle complétait bien son frère qui était plutôt timide, replié sur lui-même et qui ne parlait pas beaucoup.
L’idée d’avoir deux portraits si antagonistes – mais tous deux révélateurs de la différence intellectuelle – l’a enthousiasmé, et il a invité Audrey à se joindre à cette entreprise.
«Je voulais mettre à l’image deux héros, deux modèles à travers Stéphane et Audrey, les athlètes masculin et féminin de Champions.» – Helgi Piccinin, cinéaste.
Un tournage riche en émotions
La captation s’est inscrite dans le temps et a eu lieu à de nombreux emplacements, puisque Audrey comme Stéphane sont partis des Jeux provinciaux (au Québec pour elle, en Nouvelle-Écosse pour lui) pour se rendre aux Jeux nationaux, avant de finalement se rendre à l’étape ultime des Jeux mondiaux des Olympiques spéciaux à Dubaï. Au final, cette expérience aura été aussi bien enrichissante que challengeante pour l’équipe.
«Pendant le tournage à l’écurie, j’avais un peu peur, car les chevaux peuvent mal réagir à la perche avec sa moumoute à poil. Mais ça a super bien été!», se remémore Audrey. «À Dubaï, il y a eu des hauts et des bas. Quand ils m’ont filmée à la fin de la course que j’ai perdue, j’avais un malaise d’émotion non contrôlé. J’avais envie d’être seule. J’étais fâchée et triste. Mais j’ai accepté Helgi et Philippe [Miquel, le producteur] dans ma bulle parce que je les connaissais bien. Ça faisait trois ans qu’ils me filmaient et ils m’avaient avertie que c’était important de tout filmer pour refléter la réalité d’un athlète. Il faut qu’il y ait de la confiance. J’aurais pas été capable avec des étrangers.»
Avec le recul, Helgi reconnaît qu’ils ont eu beaucoup de chance tout au long de cette aventure: «Le Dieu du documentaire était avec nous, car on a réussi à se rendre jusqu’au bout avec nos deux personnages principaux. Pourtant, ils auraient pu se blesser, renoncer ou même ne pas gagner leur place!», dit-il avec un brin de gratitude dans la voix.
Faire évoluer le regard des gens
Bien sûr, dans Champions, au-delà de l’aventure et du rapprochement évident qui s’est fait entre Helgi, Stéphane et Audrey, on retrouve la volonté de faire cheminer les gens vis-à-vis de la différence intellectuelle. D’ailleurs, Audrey espère bien que les spectateurs se montreront sensibles à la cause. «J’espère que […] ça leur permettra d’être plus ouverts sur les gens différents. Ces temps-ci, on parle beaucoup des personnes noires, des personnes autochtones, etc. J’aimerais qu’on soit aussi inclus dans cette grande discussion-là et qu’on accepte aussi nos différences», avance-t-elle. «Ayez confiance en nous: nous sommes de bonnes personnes, pleines de bonne volonté, parfois on peut être maladroits, mais nous avons plein de potentiel!»
En plus de donner matière à réflexion, Helgi souhaite offrir au public une occasion de passer un bon moment aux spectateurs. «C’est un feel-good documentaire qui fait du bien par les temps qui courent! Les gens vont rencontrer deux personnages attachants comme rarement ils en auront croisés dans leur vie. Champions est très accessible et peut même être vu en famille, malgré quelques sous-titres à lire: il va tenir tout le monde en haleine pendant 94 minutes, où personne ne s’ennuiera!», conclut-il.
Si vous voulez en savoir plus sur Champions, visionnez le Q&A entre les différents protagonistes du film animé par Sylvain Lavigne des Films du 3 Mars.
*Cet article a été produit en collaboration avec les Films du 3 Mars.
Le documentaire «Champions» en images
Par Tous droits réservés @ Les Films du 3 Mars