«Casse-tête chinois» de Cédric Klapisch – Bible urbaine

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«Casse-tête chinois» de Cédric Klapisch

«Casse-tête chinois» de Cédric Klapisch

La même histoire, quinze ans plus tard

Publié le 28 avril 2014 par Camille Masbourian

Crédit photo : Les Films Séville

Rien n’a jamais été simple dans la vie de Xavier. De sa demande d’admission au programme Erasmus au tout début du film L’auberge espagnole, jusqu’à son histoire d’amour avec Wendy qui débute à la fin des Poupées russes, tout est toujours compliqué. Et rien n’est parti pour s’améliorer dans Casse-tête chinois, plus récent volet de la trilogie de Klapisch.

Xavier a presque 40 ans, deux enfants et deux livres à son actif, quand Wendy lui annonce, après dix ans de relation, qu’elle le quitte pour un Américain et qu’elle part s’installer à New York, avec leurs enfants. Xavier décide donc de les suivre et de déménager lui aussi dans la Grosse Pomme pour être auprès de ses enfants, mais aussi d’Isabelle, son amie lesbienne à qui il a fait un don de sperme pour qu’elle puisse avoir un enfant avec sa conjointe, une Américaine d’origine chinoise. Ajoutons à cela Martine, copine de Xavier pendant ses études à Barcelone, maintenant devenue sa grande amie, qui vient le visiter avec ses enfants à elle, à quelques reprises, ainsi que Nancy, que Xavier épousera afin d’obtenir une citoyenneté américaine. Devant ce bordel, Xavier fera le constat que s’il trouvait sa vie d’avant compliquée, ce n’était rien comparé à sa vie d’aujourd’hui.

Qu’il est bon, douze ans après L’auberge espagnole, de retrouver Romain Duris (Xavier), Cécile de France (Isabelle), Audrey Tautou (Martine) et Kelly Reilly (Wendy) réunis une fois de plus à l’écran. Après avoir fait découvrir Barcelone et St-Pétersbourg à ses personnages, Cédric Klapisch les emmène cette fois à New York, mais un New York qu’on ne montre habituellement pas dans les films. Un New York de vrai New-Yorkais, loin de Central Park, de Times Square et des belles boutiques de la Fifth Avenue.

Un excellent choix artistique et scénaristique de Cédric Klapisch, quand on connait l’importance que prennent les villes dans cette trilogie. Ici, le bordel du Chinatown et les constants travaux autour de Ground Zero font écho au bordel intérieur qui habite Xavier et à son envie d’y voir plus clair, afin d’aspirer de nouveau au bonheur qu’il a connu auprès de Wendy pendant dix ans. D’ailleurs, cela donne place à une intéressante discussion sur le bonheur dans les histoires qui se terminent généralement par un «happy end». Est-ce que ce dialogue entre Xavier et son éditeur est en réalité l’opinion du réalisateur et pourrait expliquer la structure de ce volet, mais aussi de la trilogie dans son entier? Probablement.

La quête du bonheur et de la simplicité a toujours fait partie de la vie de Xavier et en fait encore partie dans Casse-tête chinois. Cependant, même si l’histoire se déroule quinze ans plus tard, Xavier, comme les autres personnages qui gravitent autour de lui, semble être resté à peu près au point où il en était la dernière fois qu’on la vu il y a presque dix ans dans Les poupées russes. De toute évidence, sa vie a changé, mais il n’a pas gagné la maturité qu’il aurait dû gagner.

Donc autant ce troisième volet est un bon film à part entière, autant il peut être un peu répétitif pour ceux qui avaient été marqués (et il y en a beaucoup!) par L’auberge espagnole. Parce que non, ce n’est pas vraiment possible de dissocier les deux films. La bonne nouvelle, c’est que ce dernier volet s’avère plus intéressant et mieux organisé, tant qu’on peut utiliser ce mot pour décrire cet univers chaotique, que son prédécesseur, Les poupées russes, dans lequel il ne se passait absolument rien pendant une heure avant que l’histoire commence réellement.

Disons donc de Casse-tête chinois qu’il s’agit de L’auberge espagnole, mais malheureusement sans le facteur nouveauté et l’envie qu’il procure de se retrouver à la place des personnages. L’auberge espagnole c’était la liberté de la jeunesse, les rencontres et les amitiés à la fois improbables et indestructibles. Casse-tête chinois c’est le constat à 40 ans que, malgré ce qu’on pourrait souhaiter, on ne peut plus vivre avec l’insouciance de nos 25 ans.

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