CinémaCritiques de films
«Camion» de Rafaël Ouellet: presque aussi percutant qu’un accident
Avec Camion, son quatrième long-métrage, Rafaël Ouellet offre un film bouleversant, touchant et réconfortant, même si à première vue, il semble plutôt gris, triste et froid.
Il y a peu de lumière dans Camion et les images sont plutôt ternes, ce qui n’est pas sans rappeler Le vendeur, de Sébastien Pilote, sorti l’année dernière. Mais contrairement au film de Pilote, Camion appelle au rassemblement et est porteur d’une beauté et d’un espoir surprenants.
Germain (Julien Poulin), camionneur d’expérience à l’aube de la retraite, est impliqué dans un accident de la route causant la mort d’une femme. Il n’en est pas responsable, mais en sort tout de même très affecté. Le sentant sombrer dans une profonde dépression, son fils le plus jeune (Patrice Dubois) part chercher son frère (Stéphane Breton) au Nouveau-Brunswick afin de le ramener à la maison familiale et essayer d’apporter un peu de support à leur père. Les quelques semaines qu’ils passeront ensemble seront déterminantes pour les trois hommes, qui découvriront qu’ils ont beaucoup plus en commun qu’ils ne le pensaient.
Le film de Rafaël Ouellet, qui devait à l’origine être un documentaire, contient beaucoup de vérité, et le réalisateur ne s’en cache pas. Il tient toutefois à préciser que son œuvre fait partie de lui, mais qu’elle n’est pas autobiographique. La solitude des petites villes éloignées, l’absence d’un père camionneur et les deuils, il connait. Mais son père, bien qu’ayant déjà été impliqué dans un accident de la route, n’a rien vécu d’aussi grave. Ouellet ne voulait pas mettre en scène son père, ni son frère et lui, mais souhaitait qu’ils puissent tout de même se reconnaitre dans les personnages. Et pour la musique, il a fait appel à ses amis Viviane Audet et Robin-Joël Cool, qui ont merveilleusement bien choisi chacun des morceaux entendus tout au long du film. Mention spéciale à «Islands and Rupees» (qu’on peut entendre dans la bande-annonce du film), une chanson de Mentana, le duo formé de Viviane Audet et Robin-Joël Cool.
Rafaël Ouellet signe ici un film percutant, grâce notamment au jeu de Julien Poulin qui livre une performance semblable à celle qu’on avait pu voir dans Minuit, le soir. Patrice Dubois, qu’on ne voit pas souvent au cinéma, et Stéphane Breton ne sont pas à négliger non plus. Camion est donc porté par un trio d’acteurs extrêmement solide qui démontre toute l’étendue de son talent dans une très touchante scène de chasse vers la fin du film.
Camion n’est pas un film léger, ni un divertissement, mais si Rafaël Ouellet n’avait pas encore la notoriété d’un Podz ou d’un Denis Côté, cela devrait changer dans les semaines à venir.
Appréciation: ****
Crédit photo: www.coopvideo.ca
Écrit par: Camille Masbourian
Chef de section, sorties | Coordonnatrice, littérature
Diplômée en journalisme et passionnée de radios universitaires, Camille s’est jointe à l’équipe de Bible urbaine au printemps 2012.
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