CinémaCritiques de films
Crédit photo : Metropole Films
On connaît l’amour de François Girard pour la musique. Il n’est pas étonnant qu’une histoire de rédemption par elle l’ait intéressé. Après Soie, adaptation du roman d’Alessandro Barricco, on se serait peut-être attendu à une œuvre plus personnelle de sa part, comme le furent Le Violon rouge et Trente-deux films brefs sur Glen Gould. Girard a dit avoir été conquis par l’écriture du scénario (Ben Ripley, Source Code) et le rapport entre le maître et l’élève. Malheureusement, il semble s’en être tenu à transposer à l’écran, de la plus belle façon possible, l’émotion ressentie lors de sa lecture plutôt que de s’en servir comme point de départ d’une œuvre artistique originale.
On pourrait dire que Girard est le cinéaste de la beauté. En effet, comment résister à beau garçon aussi talentueux que meurtri par la vie? À une trame sonore de voix pures et angéliques? À l’aisance d’acteurs chevronnés, Hoffman en tête, mais également Kathy Bates en directrice de l’école de musique et Eddie Izzard en assistant-chef de chœur, qui ont tous l’occasion de se faire valoir? Prises isolément, les composantes récoltent de bonnes notes, mais il faut bien admettre que le tout n’est pas la somme des parties. Et l’écriture a beau, effectivement, être assez fine dans les répliques, le récit en lui-même n’apporte rien que l’on n’ait déjà vu et revu.
C’est tout le paradoxe des beaux films, qui misent sur des valeurs consensuelles (l’enseignement et la responsabilité à l’égard des enfants), les passages et les moments charnières (la fugacité de l’enfance et la canalisation du talent), les sentiments universels (la jalousie, le regret et la confiance). Ils savent quelles cordes sensibles pincer, mais ne savent pas toujours les faire résonner. Voici un film que l’on adore malgré tous ses clichés ou que l’on déteste malgré toutes ses qualités. Suffit de dire que cela se termine dans la guimauve de l’accueil et du pardon, avec la sublimissime voix de Josh Groban au générique.
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de la rédaction