CinémaCritiques de films
En ce dimanche de canicule avait lieu une projection de courts-métrages locaux et internationaux qui regroupaient les maîtres de l’animation en tous genres. Au menu, des films originaux et créatifs, mais aussi de petites merveilles qui valaient franchement le détour.
C’est d’abord Don Hertzfeldt qui a ouvert le bal avec le dernier volet d’une série tournée en 35 mm mettant en vedette de petits bonhommes allumettes d’un attrait tout à fait irrésistible. Étant la suite de Everything Will Be Ok et I Am So Proud of You, It’s Such a Beautiful Day raconte l’histoire incongrue de Bill, un homme un brin candide qui désire tout connaître du monde. Si la musique classique donne le ton à un film d’animation tantôt rigolo, tantôt soporifique, il va sans dire que la narration est probablement l’élément qui gâche le plus l’appréciation du film. Légèrement relâchée, la voix du narrateur raconte platement le quotidien banal d’un bonhomme allumette sans trop d’intérêt. À défaut d’avoir séduit, il faut avouer que la réalisation était néanmoins recherchée (insertions de photographies, collages d’images en mouvements, effets vieillots, etc.) et que le scénario un brin niaiseux a permis à certains spectateurs de se dilater un peu la rate.
The Flying House est probablement l’un des courts-métrages d’animation les plus ambitieux. Le cinéaste Bill Plympton a créé une version restaurée et coloriée d’un clip ayant été réalisé par Winsor McCay en 1921. Dans ce court film d’animation on retrouve un couple de quinquagénaires quelque peu singulier. En effet, le mari, un homme despote et contrôlant aimant fumer le cigare, concocte un plan ambitieux un soir d’insomnie: il installe une hélice contre la façade de sa maison ainsi qu’un moteur dans le grenier afin de la transformer en soucoupe volante. La raison est fort simple, il a reçu précédemment une lettre officielle l’avisant qu’il devait payer ses dettes au plus vite, sinon sa maison serait vendue en guise de dédommagement. Ainsi, le couple voltige gauchement dans les airs à la recherche d’un nouvel endroit pour vivre, mais très rapidement ils se retrouveront dans l’espace, loin, très loin de la Terre. Si le court-métrage en a fait sourire plus d’un, force est d’admettre que l’insertion de la pièce musicale «Blue Danude Waltz» de Johann Strauss a donné du piquant à un film simpliste mais délicieusement drôle.
La pièce de résistance était bien entendu réservée au court-métrage le moins long du programme. De l’Argentin Juan Pablo Zaramella, En La Opera met en scène des personnages en pâte à modeler qui braillent leur vie, confortablement assis dans un chic opéra. Alors qu’ils pleurent tous intensément des larmes d’eau ou de diamant, un changement de plan des plus inattendu prend le spectateur par surprise en lui révélant les vedettes qui chantent sur scène, des oignons. Hilarant, bien fait, un dénouement inattendu, ce court-métrage de moins d’une minute possède tous les éléments nécessaires pour provoquer une effusion de rires dans la salle.
Environ une vingtaine de courts-métrages d’animation ont été présentés au total, totalisant environ 100 minutes de visionnement. Les États-Unis se sont imposés en force cette année avec sept films, dont l’irrésistible conte de fée Hello Bambi du cinéaste new-yorkais Faiyaz Jafri, mais le Canada a néanmoins pu compter sur le précieux support de Patrick Bouchard, qui a présenté Bydlo, un film en stop motion vraiment ambitieux, lequel était inspiré d’une toile de Mussorgsky.
Pour le reste, du psychédélisme, du bidouillage de caméras en masse, mais rien de trop innovateur ou impressionnant pour le regard.
Appréciation: ***
Crédit photo: www.fantasiafest.com
Écrit par: Éric Dumais