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Crédit photo : Les Films Séville
David O. Russell avait surpris toute la galerie l’an dernier avec Silver Linings Playbook, film d’une grande originalité et qui avait récolté nombre de prix et de nominations aux prestigieux galas de ce monde. Deux ans plus tôt, c’était sur The Fighter que l’attention était rivé et qui avait notamment valu à Christian Bale une précieuse statuette dorée. Avec American Hustle, David O. Russell clôt son projet de trois films sur la quête d’identité. Ce nouvel opus poursuit un approfondissement plus large de la motivation première du réalisateur, en mettant en scène des personnages désirant transformer radicalement leur vie qu’ils n’ont pas choisi au travers d’un jeu de masques.
American Hustle s’inspire d’un des grands scandales des années 70. Le couple de fraudeurs constitué de Irving Rosenfeld (Christian Bale, dodu à souhait) et de Sydney Prosser (Amy Adams qui campe une séductrice née à la perfection) se voit obligé de collaboré avec un l’agent du FBI Richie DiMaso (Bradley Cooper) après que ce dernier ait démantelé leur agence de faux prêts. La mission est de tendre des pièges à des hommes politiques afin de les attraper en train de frauder. Ce partenariat mènera Irving et Sydney dans les bas fond du New Jersey où la mafia règne avec des accents de Don Corleone (clin d’oeil plus qu’évident à The Godfather…).
Situé à la frontière de l’absurdité des scènes cocasses de Woody Allen et de l’humour noir des frères Cohen, le film trouve sa place dans des dialogues savoureux qui offrent des moments de pure authenticité. On aurait pu penser que les perruques et les nombreux torses bien poilus eussent volé la vedette au détriment de l’histoire, mais l’on sent que l’on assister à des drames humains réels et des parcelles de quotidien bien ancrées malgré l’esbroufe. C’est ce qui fait du film un divertissement intelligent. Et David O. Russell a le don de tenir son spectateur en haleine le faisant voguer de surprise en surprise.
Le réalisateur brouille les pistes par des personnages instables qui détiennent chacun la clé pour changer la tournure de la situation. Christian Bale est le centre de gravité de tous les personnages, en particulier de sa maîtresse et complice, mais surtout de sa femme, Rosalyn, incarnée par Jennifer Lawrence est qui une fois de plus parfaite. Rosalyn est d’ailleurs le personnage le plus intéressant par sa psychologie complexe. Elle représente une femme prisonnière de son ménage qui aurait été plus épanouie sur un tapis rouge qu’à frotter les meubles de sa maison, un enfant dans ses jupons. Paraissant bête et convenue, à moitié droguée par ses flacons de laques pour les ongles qu’elle se plaît à respirer tel un parfum qu’on ne veut jamais se départir, elle est celle qui tire les ficelles et qui décide des règles du jeu. Sans compromis aucun.
American Hustle incarne les valeurs radicales de la décennie 1970 comme les avaient abordé auparavant Francis Ford Coppola, Brian de Palma et Martin Scorsese à l’époque. Si la violence extrême dans le film de David O. Russell est écartée pour laisser la place à l’humour, il n’en reste pas moins que le réalisateur prend exemple sur ses imminents prédécesseurs en s’amusant avec les conventions filmiques et en les travestissant allègrement. Les voix hors champs et les flashbacks dans le film sont les empreintes de ce que les années 70 ont légué. Il en va de même pour cette attraction et cette sympathie pour les personnages marginaux. Irving Rosenfeld est tout sauf attrayant avec sa calvitie et son ventre bien gavé. De même pour l’agent Richie DiMaso qui est à l’opposé du séducteur niais dont était abonné Bradley Cooper. Ses bigoudis roses et sa respiration un peu animale ne font pas de lui un sex-symbol. Or, ses deux personnages attirent l’attention et exercent un grand pouvoir d’attraction sur le spectateur qui ne peut que s’identifier à eux et les aimer. Le disco en moins.
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de la rédaction