«After Earth» de M. Night Shyamalan – Bible urbaine

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«After Earth» de M. Night Shyamalan

«After Earth» de M. Night Shyamalan

Pousser les limites du ridicule

Publié le 30 mai 2013 par Jim Chartrand

Crédit photo : Sony Pictures

Toutes les raisons sont bonnes pour faire d'After Earth de M. Night Shyamalan un véritable évènement cinématographique, pourtant, on ne sait pas quelle mouche l'a piqué qui ou ce qui s'est réellement passé, mais la seule chose qui est claire avec ce long-métrage, c'est qu'il n'est rien d'autre qu'une abomination.

On le sait bien, depuis son exploit qu’a représenté son The Sixth Sense, M. Night Shyamalan a depuis toujours essayé de reproduire la même extase en voulant recréer sa révélation choc finale. Malheureusement pour lui, si Unbreakable, Signs, The Village et autres The Happening avaient bien un certain potentiel sans arriver à la cheville de l’œuvre maîtresse, on se demande ce qui s’est passé avec le cinéaste qui s’est cette fois-ci est retourné vers un cinéma beaucoup plus enfantin comme en faisait foi son conte Lady in the Water, se lançant dans la science-fiction pour adapter dans un premier temps la télésérie animée The Last Airbender. Puis le film original mais complètement ridicule, After Earth.

Force est de constater que même si la majorité de la population ont déjà perdu espoir, on ne peut cacher notre curiosité à découvrir comment M. Night Shyamalan pourrait bien se rattraper. Afin d’ajouter de l’huile sur le feu, voilà qu’il a décidé d’offrir à la famille Smith la deuxième collaboration cinématographique père-fils en livrant sur un plateau d’argent Will et Jaden, près de sept ans après le succès fulgurant qu’a été The Pursuit of Happyness.

Malheureusement pour toute cette bande, en une année où l’on semble vouloir atteindre une saturation d’œuvres de science-fiction, ce n’était décidément pas le bon moment pour en livrer une aussi peu accomplie. Bon, c’est peut-être notre faute, puisqu’on a souligné si souvent à quel point le genre était rare, mais si c’était pour se lancer dans quelque chose d’aussi peu abouti, disons qu’on se serait abstenu de tout commentaire.

Du coup, prémisse classique: on se retrouve dans un futur où les humains ont dû quitter la planète Terre en raison des menaces de toutes sortes qui fusent de partout. Le hic, c’est que les mises en contexte manquent et une paresse généralisée se fait ressentir dans tous les recoins, que ce soit de la part des comédiens qu’on limite au possible (on a sûrement réalisé que le jeune Jaden manquait de talent et que le seul moyen de faire de Smith une figure paternelle et non un homme musclé était de lui donner des handicaps), du scénario, que de la réalisation complètement absente de Shyamalan, qui fait ici abstraction de tout sens de la mise en scène, lui qui a pourtant toujours bien dosé les suspenses et les sursauts.

L’histoire qui abonde en backstories ridicules ne cesse d’empiler les clichés de tout genre, tout comme des discours qui recyclent des thèmes entendus mille fois concernant le danger, la peur, la culpabilité et on en passe. Avec des revirements qui ne font aucun sens et des sorties de secours qui font hurler: «Ben oui, on le sait bien que c’est arrangé avec le gars des vues!», disons qu’on ne trouve pas grand chose de consistant à se mettre sous la dent. Surtout en considérant que l’ensemble se prend autant au sérieux malgré son absurdité… et que dire de la piètre qualité de ses effets spéciaux?

Certes, on aime que le film prône la végétation et un désir de réalisme un peu plus poussé que le CGI omniprésent, mais la direction artistique, que ce soit des décors ou des horribles costumes, donne l’impression de retourner vers une horrible télésérie de science-fiction des années 70, catchphrases et similitudes des situations improbables inclues.

Le pire, c’est qu’il y avait matériel à faire quelque chose de bien malgré la certaine redite de l’ensemble. On aurait pu emprunter la voie d’un certain Moon pour prendre avantage de cette idée de huis-clos à deux personnages, ou encore jouer sur le désir d’exploration ou seulement développer le message écologique, mais on ne fait rien de tout cela. On prône l’action alors qu’on a l’impression que rien ne se passe, et on sème au passage des obstacles qui ne font aucun sens.

Ainsi, dans son aberration constante qui décourage de son premier à son dernier plan (quelle finale…!), on s’abstient de tout commentaire face à tous ces recours non-recommandables au niveau narratif (dans le genre «Liste de choses à ne pas faire pour tous les scénaristes en devenir») et on se laisse emporter par les excellentes compositions musicales de James Newton Howard, fidèle au poste, qui reste à quelque part la seule chose qui peut satisfaire dans ce trop-plein de n’importe quoi. Avec une histoire qui fait crier de rage et un visuel qui donne envie de s’arracher les yeux, disons qu’on a bien envie d’en vouloir à ceux qui ont voulu ce plaindre du petit bijou que représentait le somptueux Oblivion de l’esthète Joseph Kosinski, qui a tout d’un chef-d’œuvre à côté de cette nouvelle œuvre qu’on a tout simplement hâte d’oublier.

«After Earth» prend l’affiche ce vendredi 31 mai, mais quelques représentations spéciales ont lieu ce soir dans certains cinémas participants.

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