À la découverte de la vérité: «Rougemania» (Red Fever) de Neil Diamond et Catherine Bainbridge, en salle dès le 14 juin – Bible urbaine

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À la découverte de la vérité: «Rougemania» (Red Fever) de Neil Diamond et Catherine Bainbridge, en salle dès le 14 juin

À la découverte de la vérité: «Rougemania» (Red Fever) de Neil Diamond et Catherine Bainbridge, en salle dès le 14 juin

Un voyage au cœur de la fascination mondiale pour les peuples autochtones

Publié le 11 juin 2024 par Jessica Samario

Crédit photo : Tous droits réservés @ Rezolution Pictures

Dès le 14 juin, Les Films du 3 Mars et Rezolution Pictures présenteront au Canada le documentaire «Rougemania» (Red Fever), écrit et réalisé par Neil Diamond et Catherine Bainbridge. Ce long métrage creuse la véritable histoire oubliée des Premiers Peuples afin de mettre en lumière son influence sur la culture américaine et l’identité occidentale. Par le fait même, Neil Diamond s’est intéressé à leurs représentations stéréotypées persistantes dans la culture populaire à travers son grand voyage en Amérique ainsi qu’en Europe. Pour en savoir davantage, nous avons eu la chance de nous entretenir avec les coréalisateurs!

Deux artistes œuvrant vers un but commun

Il y a de cela un peu plus de trente ans, les artistes se sont rencontrés à Montréal avec un proche en commun: le mari de Catherine, qui était en fait un vieil ami de Neil, selon les dires de ce dernier.

Canadien d’origine crie, Neil Diamond est un cinéaste, auteur et photographe ayant grandi à Waskaganish sur la côte de la Baie-James. Catherine Bainbridge, quant à elle, s’est donné pour mission de favoriser la diversité culturelle et de projeter à l’écran une représentation fidèle et positive des Premiers Peuples. Mariée à un homme cri, elle souhaitait que leurs trois filles puissent s’identifier et trouver des modèles au cinéma

Peu après leur rencontre, les deux artistes ont fondé le magazine The Nation, soit la première publication imprimée s’adressant aux Cris du Nord-du-Québec et de l’Ontario. Ils se sont ensuite lancés dans l’industrie du cinéma documentaire avec le film Reel Injun (disponible sur Prime Video), à travers lequel on retrouve tous les clichés et les fantasmes reliés aux peuples autochtones reconnus mondialement dans le cinéma hollywoodien.

En 2018, ils poursuivent cette recherche sur les clichés pour connaître les origines de toutes ces figures autochtones romancées et idéalisées, voire vénérées, dans la culture populaire, toutes disciplines confondues. C’est de cette idée qu’est né le long métrage Rougemania. Neil a précisé qu’au départ, l’idée du film tournait surtout autour de l’appropriation culturelle, et elle a par la suite évolué pour inclure l’influence de la culture des peuples des Premières Nations sur le monde.

Au tout début du documentaire, le cinéaste a introduit sa réflexion ainsi: «On est dépeints comme des guerriers durs et féroces ou des peuples anciens, spirituels et magiques. Ce qui m’étonne toujours, c’est que ces mêmes images persistent année après année jusqu’à aujourd’hui, où nous sommes devenus le peuple bleu de l’espace (Avatar). Pourquoi tant de gens sont-ils attachés à cette vision, alors que la plupart n’ont même jamais rencontré un membre des Premières Nations?»

À gauche: Neil Diamond. À droite: Catherine Bainbridge. Crédit Photo: Les Films du 3 Mars.

Le savoir collectif menant vers le respect

Faisant lui-même partie de la communauté autochtone, Neil Diamond s’est intéressé au phénomène «Rougemania» par curiosité, et aussi parce qu’il souhaitait en apprendre davantage sur ses origines. Très peu enseignée à l’école, l’histoire des Premiers Peuples demeure très peu documentée dans les livres. Cette vision archaïque et caricaturée que l’on voit dans les films ne correspond pas à leur réalité. Il s’amuse aussi de l’étonnement des gens qu’il rencontre lorsqu’il leur révèle son identité.

«Cela vient confirmer beaucoup de réflexions et d’idées que j’avais sur la façon dont les gens voyaient les peuples autochtones, surtout en Europe. J’ai eu la chance de voyager beaucoup dans le monde après la sortie de Reel Injun et j’ai vu que les gens sont toujours fascinés. Ils vont encore dans les festivals pour célébrer ces caractères natifs fictifs. Ils s’intéressent vraiment à la culture nord-américaine et ils ont des tonnes de questions», a raconté le cinéaste cri.

Une génération plus tard, les enfants de Catherine s’ennuyaient aussi beaucoup dans leurs cours d’histoire. La partie sur les peuples autochtones était si brève et sans éclat. Ils n’y apprenaient presque rien. Aujourd’hui, elle se réjouit de l’intérêt grandissant porté à cette histoire dans le milieu scolaire.

«Ce n’est que le début de ce récit de toute notre histoire collective, de la façon dont nous vivions quand les Autochtones étaient ici avant l’arrivée des colons. Tout cela vient d’être dit pour la première fois du point de vue autochtone. Ça apporte des parties d’histoire que tout le monde a manquées», a exprimé la réalisatrice avec entrain.

Elle mentionne d’ailleurs que leur film Reel Injun circule beaucoup dans les écoles nord-américaines, et c’est d’ailleurs ce que son collègue et elle souhaitent pour Rougemania.

Calendrier - Rougemania-Red-Fever

Affiche du long métrage documentaire «Rougemania». Photo: Les Films du 3 Mars.

Selon elle, la connaissance de l’histoire permet non seulement aux jeunes Autochtones de trouver des repères, mais aussi pour les autres de mieux saisir les enjeux liés à l’appropriation culturelle et aux stéréotypes. Elle a confié que la touche d’humour de Neil dans Rougemania répondait justement à ce besoin d’inclusion et rejoignait plus facilement le public.

«Beaucoup de gens ne savaient toujours pas exactement les raisons pour lesquelles ils ne devraient pas s’approprier des emblèmes. Cette vision romantique des peuples autochtones est à bien des égards malsaine, car elle les laisse toujours dans le passé sans se soucier qu’il y ait quelque chose d’important à comprendre», a-t-elle renchéri.

Photo tirée du long métrage documentaire «Rougemania». Photo: Les Films du 3 Mars.

L’abondance de connaissances à partager

Rougemania aborde quatre thématiques principales où les peuples autochtones ont eu un rôle majeur à jouer dans l’histoire, en plus d’avoir initié des pratiques encore d’actualité.

On y retrouve la mode et les inspirations de grand·es designers reconnu·es mondialement, incluant une histoire d’appropriation culturelle et le témoignage des deux partis. Le sport occupe également une grande place avec les origines du football américain et l’histoire du joueur Jim Thorpe. Ensuite vient le tour de la politique, où on apprend les rouages de la démocratie imitée des chefs autochtones et de la Grande loi de la paix. Puis, on se concentre sur la connexion avec la nature par la connaissance et la préservation de la biodiversité, ainsi que sur les origines du camping et du scoutisme.

Lorsque je leur ai demandé si d’autres thématiques auraient pu s’ajouter au portrait, leur liste était longue. Ils avaient justement eu du mal à faire des choix parmi la quantité impressionnante d’informations qu’ils avaient recueillies. Les arts, la musique, la spiritualité, la nourriture, la médecine naturelle et l’environnement figuraient également dans cette liste.

«Ça aurait pu être un film d’une durée de 10 h», s’est exclamé Neil en riant. «J’aurais aussi voulu ajouter le langage des signes.» Il aurait été répandu en Europe après un voyage en Amérique où les autochtones communiquaient en utilisant leurs mains pour se faire comprendre des gens qui ne parlaient pas leur langue.

«Il y a tellement de sujets, car lorsqu’on commence vraiment à regarder, on réalise que les influences autochtones sont partout, mais on ne le voyait pas», a ajouté Catherine avec passion.

Photo tirée du long métrage documentaire «Rougemania». Photo: Les Films du 3 Mars.

Un regard neuf sur une histoire ancienne

«Je pense que la société évolue lentement. Les gens sont de plus en plus intéressés, surtout ceux qui se présentent aux projections. À Toronto, il y avait environ 600 élèves du secondaire qui ont adoré le film. Ce n’était pas seulement pour les téléspectateur·trices non autochtones. Beaucoup de jeunes Autochtones ne connaissent pas leur histoire et ils sont toujours surpris. J’espère que cela les incitera à étudier davantage leur histoire et à en être fiers», a conclu Neil à propos de ses intentions avec Rougemania.

De son côté, Catherine mise sur le ressenti en songeant à ses filles: «J’espère une nouvelle forme de respect et de compréhension. Le fait que les gens voient les peuples autochtones de cette façon fait en sorte que ces derniers entendent beaucoup de choses négatives qui ne sont pas vraies à leur sujet. Voir plus de choses positives les rend vraiment heureux.»

Le film se termine avec cette citation inspirante de Neil Diamond: «En retraçant mon parcours, je pense à toutes les personnes que j’ai rencontrées et aux histoires que nous commençons à comprendre. Notre histoire et nos cultures sont si riches que lorsque les gens prennent le temps de nous connaître et de nous comprendre, ils s’aperçoivent que la réalité est encore plus belle que l’imaginaire.»

Photo tirée du long métrage documentaire «Rougemania». Photo: Les Films du 3 Mars.

Une expérience instructive pour tous à vivre dès le 14 juin!

Puisqu’il y a tant à apprendre sur l’histoire de notre nation, profitez des ciné-rencontres pour poser toutes vos questions à l’équipe du film Rougemania. Le lancement à Montréal aura lieu le 14 juin à 19 h 30 à la Cinémathèque québécoise aux côtés de Neil Diamond et Catherine Bainbridge.

Présentée dans sa version originale anglaise sous-titrée en français, le film sortira en salle le même jour au Cinéma du Musée à Montréal, au Cinéma Le Clap à Québec, dans un grand nombre de Cineplex partout au pays, ainsi qu’à Toronto au TIFF Bell Lightbox.

Dans le cadre de la Journée nationale des Peuples autochtones, une projection spéciale aura lieu au Cinéma du Musée le 21 juin à 19 h en présence de Catherine Bainbridge et du coproducteur exécutif Ernest Webb. Leur discussion sera animée par André Dudemaine, directeur artistique du Festival Présence autochtone, partenaire de l’événement avec le Wapikoni. Par la même occasion, le court métrage 6 minutes/km de la cinéaste Catherine Boivin sera présenté en première partie. À cette même date, Rougemania prendra l’affiche à Vancouver au VIFF Centre – Vancity Theatre.

Le 22 juin à 15 h, ce sera au tour du Cinéma Moderne d’offrir une projection suivie d’une ciné-rencontre, cette fois en compagnie de la monteuse Rebecca Lessard et de la productrice associée Brittany LeBorgne. Puis, une projection aura lieu le 28 juin à Fort Macleod en Alberta et au Cinéma Public à Montréal.

Présenté en première mondiale à Hot Docs, ce documentaire fait non seulement partie du Top 20 du choix du public, mais a également été nommé lauréat du prix Nigel Moore au DOXA. Alors, joignez-vous au public et laissez-vous captiver par les incroyables découvertes de Rougemania qui enrichiront sans aucun doute vos connaissances historiques et vous sensibilisera sur l’importance d’éviter l’appropriation culturelle et les stéréotypes. Pour ne rien manquer, suivez la page Facebook ou le compte Instagram du film. Bon cinéma!

*Cet article a été produit en collaboration avec Les Films du 3 Mars.

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