7 documentaires à voir au mois du documentaire au Cinéma le Clap – Bible urbaine

Cinéma

7 documentaires à voir au mois du documentaire au Cinéma le Clap

7 documentaires à voir au mois du documentaire au Cinéma le Clap

Pour mieux appréhender les enjeux contemporains

Publié le 24 avril 2018 par Maude Rodrigue

Crédit photo : Tous droits réservés

Du 1er au 31 mai 2018, le Clap tient sa deuxième édition de Voir en perspective, réaffirmant la place du genre documentaire dans nos salles. 45 documentaires seront présentés, pour un total de 89 représentations. C’est l’occasion d’exhumer un geste suranné: celui de se rendre au cinéma plutôt que de consulter les plates-formes numériques dans le confort de chez-soi, toutes foisonnantes soient-elles en contenu documentaire. Voici 7 documentaires qui vaudront un détour au Clap au mois de mai!

7) «Québec My country mon pays» de John Walker

Québec My country mon pays révèle l’affliction d’un homme marqué par le rejet de la communauté francophone à son endroit. Le film ausculte le vécu de membres de communautés anglophones du Québec, celles-ci ayant vu leur taille se réduire comme peau de chagrin au fil des dernières décennies. Parmi les intervenants-es auxquels John Walker s’est adressé, mentionnons Denys Arcand, au propos caustique, Jacques Godbout, insaisissable, ainsi que de nombreux membres de l’entourage personnel du réalisateur. Celui-ci apparait profondément meurtri, taxant la communauté francophone de s’être montrée raciste à son endroit et de contribuer à son identité disloquée. Le documentaire ne laisse pas indifférent.

6) «DPJ» de Guillaume Sylvestre

D’abord exploratoires, l’objectif des incursions de Guillaume Sylvestre au sein la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), muni de sa caméra, a tôt fait de se préciser: il a rapidement vu l’importance de révéler l’immensité de la tâche abattue par les travailleurs-ses sociaux-les qui s’y échinent à assurer le bien-être des enfants. Non seulement cumulent-ils-elles de très nombreuses heures de travail, mais les situations qu’ils sont appelés à gérer comportent une énorme charge émotive. Dommage, toutefois, que le paravent des images brouillées, bien qu’il assure la confidentialité des intervenants-es, mine énormément la facture visuelle du film – à certains moments, on se contenterait de la bande audio.

5) «Double peine» de Léa Pool

Après L’industrie du ruban rose (2011), Léa Pool renoue avec le documentaire et se rend dans les confins du territoire émotif de mères incarcérées. Celles-ci sont tantôt séparées de leurs enfants, tantôt toujours en leur présence, quoique dans le contexte délétère des prisons. La direction photo en met plein la vue, le film pivotant du contexte du Népal à celui de la Bolivie, de Montréal et de New York. La caméra, frondeuse, impudique, toise des scènes bouleversantes, s’immisçant dans des moments de détachement entre les mères et leurs enfants. Pool ne verse toutefois ni dans la complaisance, ni dans l’angélisme, et son regard implacable révèle parfois certains aspects plus confrontants de l’existence de ces mères. La réalisatrice n’en est d’ailleurs pas à sa première plongée dans la sphère des relations mère-enfant complexes (Emporte-moi, Maman est partie chez le coiffeur).

4) «Ouvrir la voix» d’Amandine Gay

Amandine Gay a enjambé les obstacles qui se sont posés à elle (son film, en dépit de son propos essentiel, ne s’est vu attribuer aucun denier public), livrant un contenu riche relatif au vécu des femmes noires en France, reléguant presque aux oubliettes le montage rudimentaire de son film. Le communautarisme, entre autres, de même que la chape d’invisibilité qui s’abat sur plusieurs femmes noires, le féminisme, l’identité et l’intersectionnalité chez celles qui cumulent les vecteurs d’oppression sont ainsi passés au crible. Au fil des quelque deux heures que dure le film, on croit entendre, en sourdine, une ode à la force des femmes noires qui se dressent, puissantes, face aux oppressions dont elles sont les cibles.

3) «Manic» de Kalina Bertin

Prière d’avaler une grande goulée d’air avant d’explorer les profondeurs abyssales de la maladie mentale, à la remorque de la caméra de Kalina Bertin. D’une part, la réalisatrice jette un éclairage empathique sur la situation de son frère et de sa sœur, qui composent tous les deux avec un trouble bipolaire. En résultent des plans bouleversants. D’autre part, Kalina Bertin documente le passé de son père, un gourou charismatique qui a rallié nombre d’adeptes à sa mission occulte à travers le monde. La réalisatrice compte parmi ces artistes qui incarnent un curieux paradoxe: celui à l’effet qu’une œuvre extrêmement intime fasse néanmoins accéder à l’universel. Manic est, en outre, une illustration de la fonction cathartique de l’art, la démarche de la réalisatrice s’étant inspirée notamment de celle de Jeff Feuerzeig pour The Devil and Daniel Johnston ainsi que de Jonathan Caouette pour Tarnation.

2) «La ferme et son état» de Marc Séguin

Les plans léchés de l’artiste multidisciplinaire Marc Séguin illustrent un questionnement essentiel: celui relatif à la résistance opposée aux nouveaux modèles de fermes au Québec, dont la percée relève du combat de fleurs qui croissent dans la neige. Les conditions qui se posent aux jeunes agriculteurs-rices, animés-es par des valeurs d’artisanat, d’écologie, de famille, annihilent les plans qu’ils fomentent pour un monde meilleur. Le dévolu de Marc Séguin a été jeté sur des intervenants-es solidement campés-es sur leurs principes, dont Joël Salatin, fermier américain à l’intelligence vive, à la bonhomie fastueuse et à la simplicité déconcertante, déployant son savoir immense en termes d’agriculture viable. On ressort de ce film pénétré d’espoir, et la rétine tapissée d’images alléchantes.

1) «Louise Lecavalier – Sur son cheval de feu» de Raymond Saint-Jean

Le tour de force de Raymond Saint-Jean trône au sommet de notre palmarès. Le réalisateur porte à l’écran, avec une acuité décuplée, les mouvements de Louise Lecavalier. La prodigieuse artiste décrit sa vocation de danseuse comme étant inextricable de celle de chorégraphe. Ses muscles saillent à l’écran géant, de même que son corps entier frémissant de sensibilité. Le poids de l’âge ne leste pas les mouvements aériens de la danseuse de 58 ans qui se refuse au fait de traduire ceux-ci en mots, laissant au corps le soin d’exprimer ce que recèlent les arcanes de l’âme. Le film fait quelques incursions dans la vie personnelle de l’artiste, mais la place est en fait cédée à cette passion dévorante pour la danse, à une vocation impérieuse qui domine en tyran chez elle.

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