«3 bonnes raisons de voir…» Lee, un drame biographique mettant en vedette Kate Winslet

Pour connaître la fascinante histoire de l’une des premières correspondantes de guerre

La vie de Lee Miller n’a pas été de tout repos.

Même si celle-ci a réussi à se rendre là où aucune femme n’a osé et qu’elle a vécu une vie professionnelle ponctuée de succès, son existence a également été marquée par la tragédie.

L’équipe des correspondantes de guerre. Lee Miller est l’avant-dernière sur la droite. Photo: U.S. Army Official Photograph

Un viol survenu à l’âge de sept ans et la mort par noyade de son petit ami, décédé sous ses yeux alors qu’elle était adolescente, la marqueront à tout jamais.

Ne souhaitant pas laisser ces tristes circonstances la définir, la jeune femme a décidé de tout quitter pour poursuivre des études de théâtre et d’arts plastiques à Paris en 1925, puis à New York en 1926. C’est là qu’elle a été repérée par hasard par Condé Nast, le fondateur du magazine Vogue. C’est ainsi qu’elle est devenue mannequin et qu’elle a posé, un peu plus tard, pour le photographe surréaliste Man Ray.

Celle qui a déjà déclaré: «Je préfère prendre une photo plutôt que d’en être une» n’était toutefois pas à l’aise dans ce rôle. Ainsi, elle a donc décidé d’ouvrir son propre studio photographique en 1930. 

La vie de la photographe américaine fut plutôt bien remplie, et c’est pourquoi le film s’intéresse plus précisément à la période au cours de laquelle elle est devenue l’une des premières femmes correspondantes de guerre de l’histoire.

On la découvre lors de vacances en France, quelques mois avant le début de la Deuxième Guerre mondiale, alors qu’elle passe du bon temps en compagnie de ses amis Paul Éluard (Vincent Colombe), son épouse Nusch Éluard (Noémie Merlant) et Solange D’Ayen (Marion Cotillard), la directrice de la publication de Vogue en France, et qu’elle fait la rencontre de l’amour de sa vie, Roland Penrose (Alexander Skarsgård), un peintre, photographe et poète britannique.

Ils profitent tous, insouciants, des petits plaisirs de la vie, sans se douter de ce qui les attend…

Image tirée du film «Lee»

Winslet, à travers son rôle, nous présente une femme moderne, ayant très souvent une cigarette aux lèvres et un verre de whisky à la main, et qui priorise sa carrière avant tout.

Lee Miller refuse de se faire dire «non», et sa force de caractère indéniable lui permettra, durant la guerre de 1939-1945, de se rendre au front, l’un des nombreux endroits dominés par les hommes et interdits aux femmes à cette époque.

Elle pourra ainsi assister aux attaques et témoigner des atrocités commises par les nazis grâce à des comptes-rendus (des photographies accompagnées de textes) qu’elle enverra à Audrey Whiters (Andrea Riseborough), la rédactrice en chef de l’édition britannique du magazine Vogue.

Elle deviendra ainsi l’une des premières à avoir immortalisé des images des camps de la mort avec son acolyte, le photographe du magazine Life, David E. Scherman (Andy Samberg). 

Alors que plusieurs photographes s’intéressaient plutôt aux soldats et à la dévastation, Lee Miller, elle, préférait capter des images de la souffrance et de l’effroi vécus par les victimes de ce conflit, et plus précisément par les femmes et les enfants dont l’histoire serait sûrement tombée dans l’oubli.

Elle doit malgré tout se battre pour faire publier ses photographies jugées trop perturbantes pour le public. Pour cette photographe américaine, il était primordial que les gens voient l’horreur de cette guerre et se souviennent des actes commis par le régime nazi.

Le long métrage se termine avec la fin de la guerre; il ne s’attarde pas sur le retour difficile de Lee à une vie «normale». Elle reste terriblement affectée par le trouble de stress post-traumatique qu’elle a hérité lors de son travail au front.

Elle sombre alors dans la dépression et noie son chagrin dans l’alcool…

Pour être une fois de plus renversé∙e par le talent d’actrice de Kate Winslet

En plus de camper le rôle principale de Lee Miller, l’actrice britannique agit également à titre de productrice pour la toute première fois de sa carrière.

Lors des nombreuses entrevues qu’elle a accordées pour la promotion du film, elle a entre autres expliqué qu’elle connaissait déjà très bien le travail de Lee Miller et qu’elle était plutôt étonnée qu’aucun film n’ait encore été fait sur cette «dame incroyable au courage phénoménal».

Cela dit, il est clair que ce projet lui tenait réellement à cœur. La passion avec laquelle elle en parle montre qu’elle a fait ce film pour les bonnes raisons. Son admiration profonde envers cette femme «tenace» l’a poussée à vouloir faire découvrir son histoire incroyable au monde entier.

«Ce n’est pas un film de guerre; c’est un film à propos d’une femme qui a regardé en arrière du rideau et dans les fissures, et qui y a vu la souffrance des enfants et des femmes […]» a-t-elle déclaré en entrevue à l’émission The Kelly Clarkson Show.

Lee, c’est un projet de longue haleine pour l’actrice qui a consacré pas moins de neuf années de sa vie pour que le long métrage puisse enfin voir le jour. Elle aurait même payé le salaire des acteurs et de l’équipe de tournage pendant deux semaines pour contrer les difficultés entourant son financement!

«Ç’a été une réelle aventure, une bataille même. C’était un processus à long déploiement de devoir rassembler tout le financement. En tant que femme, il est très difficile de faire des films à propos d’autres femmes, mais il faut le faire […]» a dit Kate Winslet en entrevue à The One Show.

Image tirée du film «Lee»

Dans le rôle principal, Kate Winslet est tout simplement parfaite. Elle arrive à incarner une femme au caractère complexe et nuancé. Elle est à la fois dure et tendre, elle s’inquiète du sort des citoyens piégés au milieu des bombes, et elle s’assure de faire son travail du mieux qu’elle peut malgré les difficultés qu’elle doit surmonter.

Son désir de justice l’encourage à repousser les limites, et elle n’hésite pas à mettre sa vie en péril dans l’espoir de montrer les conséquences tragiques de cette terrible guerre.

Bien que les autres acteurs et actrices de la distribution soient tous et toutes habiles devant la caméra, la performance de Kate Winslet est celle que l’on retient. Les critiques semblent tous s’entendre sur un point: elle est tout simplement fantastique dans le rôle de Lee Miller!

Winslet, qui a déjà gagné l’Oscar de la meilleure actrice en 2009 pour son rôle dans The Reader (2008), livre ici une performance qui pourrait très probablement lui valoir une nomination lors du prestigieux gala de remise de prix l’an prochain.

Tout au long de sa carrière, cette dernière a fait preuve d’audace en choisissant d’interpréter des femmes fortes et complexes à l’écran. Ces choix, qui représentent un réel défi en tant qu’actrice, auraient certainement pu lui nuire, mais ils ont plutôt réussi à mettre de l’avant son talent incontestable.

Que ce soit dans Titanic, où elle interprète de manière convaincante Rose, une jeune femme de la haute société qui se rebelle et tombe en amour avec Jack, interprété par Leonardo DiCaprio, dans Revolutionary Road, où elle joue le rôle d’une épouse et mère de famille accablée par sa vie routinière, ou encore dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, où elle incarne une jeune femme impulsive à l’humeur mélancolique, elle ne déçoit jamais!

Pour prendre conscience de l’ampleur de la Deuxième Guerre mondiale et de ses conséquences

La Deuxième Guerre mondiale est connue comme étant LE conflit le plus meurtrier de toute l’histoire. En tout, entre 50 et 60 millions de personnes ont péri et des peuples entiers ont été décimés.

Une scène touchante du film met d’ailleurs en lumière cette triste réalité. Il s’agit de celle qui suit la capture de l’image la plus célèbre de la carrière de Lee Miller, prise lors de la visite à l’appartement privé d’Hitler à Munich, le 30 avril 1945.

Le jour même du suicide du Führer dans son bunker à Berlin, Lee Miller et David E. Scherman, photographe et journaliste américain, se sont rendus sur les lieux et se sont arrêtés dans la salle de bain du dictateur pour y prendre un cliché qui allait marquer l’imaginaire, celui de la photographe installée dans la baignoire du dirigeant nazi avec, à ses côtés, un portrait de ce dernier.

image tirée du film «Lee»

Lorsque les deux photographes ont quitté la salle de bain, Scherman a réalisé l’ampleur du drame qui a touché son peuple, étant lui-même né dans une famille juive, et il a alors fondu en larmes.

Miller et Scherman ont été parmi les premiers à faire des photos d’après-guerre et à montrer l’impact du conflit sur les êtres humains affectés par la guerre. Une autre scène chargée en émotions les montre lorsqu’ils doivent photographier des corps entassés dans des wagons…

L’odeur des corps en décomposition semble accablante, mais elle ne les empêche pourtant pas de monter à bord pour y capter les photos qui deviendront les toutes premières à révéler l’horreur des camps.

Ces images témoignent encore aujourd’hui d’un sombre passé pas si lointain ayant affecté la vie de bon nombre de personnes.

«Lee» vous fera découvrir l’histoire incroyable de Lee Miller, un personnage historique trop longtemps oublié, dont le courage et la détermination lui ont permis de se rendre au-delà des limites imposées aux femmes de son époque pour témoigner de la souffrance humaine infligée par le conflit le plus meurtrier de l’Histoire. Le film est présentement à l’affiche dans plusieurs cinémas du Québec!