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Crédit photo : Alyssia Duval-Nguon
Comble de la nostalgie et kitsch à souhait, 1987 évoque une fois de plus cette époque truculente et multicolore durant laquelle Trogi est passé de l’enfance à l’âge adulte. Son processus introspectif reprend donc à l’été de ses dix-sept ans, alors qu’il peut enfin dire adieu à l’école secondaire pour se consacrer à de très sérieuses ambitions: faire fortune et perdre sa virginité. Entre les attentes de son père, les vociférations de sa mère, la déprime de sa petite sœur, les mauvaises idées de ses copains et la robe de bal de sa blonde, cependant, le tout s’avère plus délicat en pratique qu’en théorie.
Nul besoin de s’attarder trop longuement à l’œuvre de Ricardo Trogi pour en déceler la quintessence. Il y a quelque chose d’universel et d’incroyablement rassembleur dans chacune de ses productions, et 1987 ne fait pas exception à la règle. Ce qui pourrait passer pour une affinité trop étroite avec un cinéma dit «grand public» abrite pourtant toute la profondeur de cet auteur-réalisateur volubile, qui s’écrit lui-même et s’utilise constamment comme exemple avec une authenticité hors du commun. D’ailleurs, Claudio Colangelo et Sandrine Bisson font probablement grand honneur aux véritables monsieur et madame Trogi, aussi drôles et touchants que dans le chapitre précédent.
Porte-parole impromptu du québécois quarantenaire, Ricardo Trogi réaffirme ses plus grandes qualités de cinéaste en démontrant que nostalgie ne rime pas forcément avec mélancolie. Il soutire spontanément l’humour de n’importe quelle situation et repousse encore les limites de l’autodérision, livrant ainsi une autre comédie de grande qualité, intelligente et d’une étonnante actualité. Après tout, comme le dit l’adage, «plus ça change, plus c’est pareil».
La première montréalaise de «1987» avait lieu au cinéma Impérial le 4 août dernier en présence des artisans du film.
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de la rédaction