LittératureRomans québécois
Crédit photo : Québec Amérique
Lorsqu’elle était petite, Catherine a perdu son père. Et le deuil ne semble pas se terminer. Il s’étire et prend toute la place. Aujourd’hui, elle est à un moment pivot de sa vie. Son professeur, Matthew, lui propose de participer à une audition, alors que peu d’étudiantes peuvent y accéder. Est-elle prête? Elle en doute… le sera-t-elle seulement un jour? Elle ne le sait pas. Elle travaille fort, mais elle est aussi confrontée à ses obstacles personnels. Comment pourra-t-elle les surmonter?
C’est vrai, ce deuil semble l’avoir rongée. Elle ne sait plus qui elle est et semble transparente pour ses consœurs et ses professeurs, sauf pour Matthew. Alors que le deuil l’a refermée sur elle-même, entraînant du même coup une perte d’estime de soi, Matthew lui propose de se dépasser: de participer à une audition. Catherine, qui a tant de difficulté à créer des liens tant sa solitude repousse les autres, cherche sa personnalité de danseuse pour séduire le jury.
Pour le lecteur, il convient de se demander au fil des pages si Catherine veut vraiment s’aider. Alors qu’elle semble vouloir se sortir la tête de l’eau, elle semble en même temps se replier sur elle-même. En fait, elle cherche beaucoup plus que sa personnalité de danseuse: elle se cherche elle-même. Longtemps renfermée sur elle, l’étudiante se doit de passer par-dessus ce deuil pour pouvoir vivre sa vie et se prendre en main. Heureusement, il faut parfois laisser le temps faire son chemin pour que tous les éléments se mettent en place.
Dans ce doux récit, Mireille Véronneau parle d’un domaine qu’elle connaît bien: la danse classique. Le lecteur ressent différentes dimensions vécues par les danseuses. On y sent d’abord la pression mise sur le physique des danseuses. Au-delà de l’apparence physique, il y a aussi la pression que les professeurs mettent sur les étudiantes, mais aussi le regard qu’elles se jettent entre elles. Ce n’est pas un secret, les places de danseuses sont certainement restreintes contrairement à d’autres emplois. La compétition y est forte. Pour une femme effacée comme Catherine, il est sans doute difficile de se tailler une place et de prendre confiance.
Le texte de Mireille Véronneau est d’une légèreté qui rappelle la volupté et la fragilité d’une danseuse. Volupté, car il est généreux en émotions. Fragilité, car il est parfois inégal. Certains passages nous captivent… alors que d’autres semblent moins nécessaires. En effet, les descriptions de l’ambiance extérieure générale comme l’odeur du café torréfié ne semblent pas enrichir le récit. Quelques-unes d’entre elles peuvent exprimer un état d’esprit alors que d’autres ne font que ralentir la lecture.
Somme toute, Chaque heure de danse offre un moment de douceur au lecteur. Au fil des pages, vous sentirez une personne en détresse, mais qui lentement refait surface. Vous voudrez l’encourager à se dépasser et à sortir de son mutisme. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une lecture «lente». Il saura faire plaisir aux lecteurs qui aiment prendre le temps déguster lentement l’histoire, au fil des mots.
«Chaque heure de danse» de Mireille Véronneau, Éditions Québec Amérique, 19,95 $.
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de la rédaction