«Le mystère de la Vierge Noire» de Jean-Nicholas Vachon: les démons envahissent la Beauce

L’écrivain Jean-Nicholas Vachon, originaire de Sainte-Marie-de-Beauce, a fait paraître le roman L’Archipel des sorcières en 2004, puis sa suite fantastique l’année suivante, intitulée Le règne de la papesse. Voilà qu’il récidive avec Le mystère de la Vierge Noire, un suspense sombre sur un fond d’intégrisme sectaire et de folklore irlandais.

«Féru d’histoire et d’ésotérisme, Nathan connaissait bien le folklore irlandais et la légende de la Banshee ne lui était pas étrangère. Depuis la nuit des temps, les Irlandais racontaient que l’affreuse dame blanche apparaissait de temps à autre pour annoncer une mort imminente. Lorsque son cri infernal retentissait à travers les landes, il fallait prier Dieu que le destin soit contourné et que la mort passe son chemin. Si, au moment des funérailles, on entendait à nouveau le sinistre hurlement, la malédiction s’acharnait. Une autre mort surviendrait au cours des prochains jours.»

Dans le cimetière de Sainte-Marie, une petite municipalité située en Beauce, la tombe d’une jeune adolescente de 16 ans, décédée après avoir donné naissance à un enfant difforme, est profanée. En réalité, le cadavre d’Anne-Sophie Provost n’a pas seulement été déterré; des malfaiteurs l’ont sauvagement mutilé. Parallèlement à cet acte barbare, le cercueil d’une vieille dame, nommée Ida Knox, a lui aussi été sorti de terre. Le cadavre de la vieille dame, comme celui d’Anne-Sophie, se trouve dans un piteux état, mais la défunte avait ceci de différent : sa tête a sauvagement été arrachée. Et ce n’est pas tout : la morte portait au creux d’un de ses doigts une large émeraude, qui, étrangement, ne lui a pas été dérobée. Lorsque Vincent et Nathan, deux enquêteurs de la Sûreté du Québec, arrivent sur les lieux du crime, l’horrible vision des corps mutilés s’offre à leur regard, en plus d’un questionnement laissé jusqu’à maintenant sans réponse : pourquoi les bijoux n’ont-ils pas été subtilisés par les malfaiteurs? Et si les profanateurs n’étaient pas seulement de simples désaxés? Pourrait-il y avoir un lien entre l’Ordre de la Vierge Noire et les affreux crimes commis récemment en Beauce?

Frissons assurés

Le mystère de la Vierge Noire est un succulent suspense qui mélange habilement le récit policier et les sombres légendes du passé. En effet, Jean-Nicholas Vachon, d’une main de maître, plonge habilement le lecteur au centre d’un récit glauque et mystérieux, où ont été commis des crimes sordides et dérangeants. Cependant, plus l’enquête avance, et plus les enquêteurs tournent en rond, un peu comme Marge Gunderson (Frances McDormand) et l’officier Olson (Cliff Rakerd) dans Fargo, l’une des comédies noires les plus populaires des frères Coen.

Et c’est ici que l’auteur réussit adroitement son tour de magie : Jean-Nicholas Vachon, subtilement, ponctue d’évènements étrangement inquiétants les circonstances entourant les crimes odieux ayant été commis dans la petite municipalité de Sainte-Marie. Le réalisme de l’histoire se retrouve ainsi ombragé par d’effrayantes légendes du passé, qui proviennent toutes du folklore irlandais et écossais; bref, c’est comme si l’espace d’un instant l’auteur nous avait hypnotisés par des détails horrifiants afin de mieux nous surprendre dans le détour.

Le mystère de la Vierge Noire serait-il un roman fantastique? C’est à vous de le découvrir!

Finalement, là où Jean-Nicholas Vachon excelle le plus, c’est dans l’art de raconter une histoire captivante. Il réussit à attirer assez l’attention du lecteur pour que celui-ci ait l’envie d’en savoir plus, et ce, page après page. Il est vrai, la chute arrive tardivement dans le récit, et les multiples informations et révélations qui l’accompagnent peuvent paraître un peu tirées par les cheveux. Par contre, Le mystère de la Vierge Noire demeure un roman policier très bien pensé, que vous devriez vous mettre sous la dent pendant la fête de l’Halloween.

Appréciation: ****1/2

Crédit photo: Les Éditeurs réunis

Écrit par: Éric Dumais