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Crédit photo : Dana Rosu
La musique des soeurs Klara et Johanna Söderberg a acquis une maturité enviable depuis leurs débuts sur YouTube en 2007 alors qu’elles étaient encore adolescentes. Bien que l’influence de Fleet Foxes et Johanna Newsom se fait toujours sentir, la formation se forge un son bien à elle au fil des albums. Au Théâtre Corona, un voyage dans le temps s’est opéré dès les premiers accords. Manches bouffantes, longues crinières et danse ondoyante à l’appui, l’auditoire a retrouvé le temps d’une soirée l’énergie du Summer of Love de 67. Le décor et les tenues de scène dorées des chanteuses au profil félin rappelaient une matinée d’été ensoleillée. Pour achever le tableau, Johanna comble les fans en s’exclamant: «On est contentes en tabarouette d’être avec vous ce soir».
Question de se laisser désirer, le duo a d’abord enchaîné avec ses classiques qui l’ont propulsé sur la blogosphère mélomane tels que «Shattered and Hollowed», l’adorable pièce «Blue» et la plus robuste «King of the World». Ce n’est que vers la moitié de la prestation que le groupe a finalement entamé les plus récents singles de Stay Gold, qui ont été entrecoupés par une magnifique version a capella de Ghost Town, sans ampli ni micro. Outre leur discographie, les soeurs Söderberg ont aussi superbement repris deux légendes de la chanson, avec «One More Cup of Coffee (Valley Below)» de Bob Dylan puis, en rappel et spécialement pour leur passage à Montréal, «Heart Like a Wheel» de Kate et Anna McGarrigle.
Le duo a livré un généreux rappel de trois pièces, incluant «Master Pretender», faisant partie des pièces encore inédites de «Stay Gold», puis «Emmylou», qui a conclu le spectacle sur une note affectueuse. On a quitté la salle avec un seul regret (ou caprice): l’absence de l’une des meilleures reprises de Fever Ray, «When I Grow Up».
Avec cette performance, First Aid Kit plante définitivement ses racines sur la scène musicale nord-américaine. Chaque pièce a été traitée comme un paysage en soi pour former l’ultime impression d’une balade en forêt nimbée de lumière. La symbiose de la formation avec la nature était totale, même confinée dans une salle de spectacles. Autant en concert que sur enregistrement, l’optimisme des soeurs Söderberg est contagieux, comme le prouvait la diversité des admirateurs rassemblés hier.
Willy Mason
C’est l’excellent chanteur américain Willy Mason qui a réchauffé le public à coup de chansons rustiques. Sa voix veloutée semblable à Johnny Cash s’épanche à travers des paroles empreintes d’une nostalgie et d’un idéalisme sincère. La chanson «Last Station», écrite par sa mère, s’est révélée parmi les plus émouvantes de son répertoire. Par contre, la plupart des pièces manquaient cruellement de refrains et de bridge, de sorte que les chansons se suivaient comme elles se ressemblaient. On ne saurait dire si c’est le genre folk qui oblige ou non, mais les morceaux se sont donc plus apparentées à des narrations relatées autour du feu que de véritables mélodies. Natif de White Plains, à New York, Mason s’est voulu un formidable raconteur qui sait faire résonner les notes longues avec brio. À écouter bien installé dans sa voiture devant une longue route à faire. www.willymasonmusic.com.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Shattered and Hollowed
2. Blue
3. King of the World
4. Waitress Song
5. In the Hearts of Men
6. Cedar Lane
7. Ghost Town
8. My Silver Lining
9. One More Cup of Coffee (Valley Below) - Reprise de Bob Dylan
10. Wolf
11. Heaven Knows
12. The Lion's Roar
13. Stay Gold
Rappel
14. Heart Like A Wheel - Reprise de Kate & Anna McGarrigle
15. Master Pretender
16. Emmylou