Matthew Good avec Scott Helman au Théâtre Corona Virgin Mobile de Montréal

Matthew Good fait partie de ces artistes qui ont marqué une génération, comme l’ont fait R.E.M. et The Tragically Hip un peu à la même époque. Et c’est cette génération qui était présente au Théâtre Corona le 28 novembre dernier pour se rappeler de bons souvenirs de jeunesse.

Avant les retrouvailles, c’est Scott Helman qui a foulé les planches de l’enceinte. En voilà un qui n’avait pas besoin de se remémorer ses jeunes années. Au premier regard, le groupe contrastait vivement avec la foule principalement composée de gens dans la quarantaine. Les trois musiciens avaient sans contredit une bouille enfantine que Scott a d’emblée admis avec humour. Leur énergie et leur assurance ont toutefois fait rapidement oublier leur petite vingtaine. Leur musique accrocheuse, dont la chanson «Machine» passe à la radio, est un croisement entre celle de Jason Mraz et de Vance Joy. Plusieurs groupies étaient pendues aux lèvres du chanteur et récitaient les paroles par cœur.

La formation a ensuite cédé sa place à l’expérience. Matthew et ses musiciens sont apparus sur scène confiants et en pleine maîtrise de leurs moyens. «All You Sons And Daughters» a lancé le bal et a plongé la salle dans ce sentiment d’urgence qui se retrouve dans la plupart des pièces de Good. D’ailleurs, le choix et l’ordre des chansons semblaient volontairement s’inscrire dans cette atmosphère: le début du spectacle a commencé doucement, mais gagnait peu à peu en intensité. L’ambiance s’est complètement enflammée aux premières notes de «Load Me Up» tirée du répertoire de Matthew Good Band.

En tout, la formation a joué huit chansons du nouvel album. Mais c’est plutôt lors des plus anciennes que la chimie paraissait mieux opérer auprès de la foule, un peu comme U2 dont les fans ne se fatiguent pas d’entendre les vieux succès.

D’ailleurs, l’assistance était riche en testostérones et la fraternité se ressentait partout où on posait le regard. Des groupes d’amis complets s’étaient réunis pour l’occasion, sautant et brandissant les poings en l’air pendant les pièces les plus connues. «Apparitions» n’a pas été oubliée, étant réclamée déjà depuis un moment par la gent féminine qui, même si elle n’était pas en majorité, ne s’en laissait pas imposer.

Le concert principal s’est terminé sur «Weapon» et s’est transformé en véritable vocalise où tous s’époumonaient à rendre leur version poignante des paroles «Never Turn Your Back On It», qui marquait le point culminant de la chanson, juste avant qu’elle se déchaîne. Mais la salle n’entendait pas permettre à Matthew Good de partir ainsi. Après de nombreux jeux de pieds qui réclamaient leur retour, les cinq complices sont revenus tout souriants et ont joué quatre autres œuvres, y compris «Hello Time Bomb».

Énergique et généreux, Matthew a livré une performance sans faille durant toute la soirée, une autre preuve qu’il a assis sa légitimité et sa durabilité dans le monde du rock alternatif.