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Crédit photo : Frenchkiss
Lorsque «Breakers» a commencé, la foule ne distinguait que les cinq silhouettes des musiciens; des lumières bleues éblouissantes, directement dirigées vers elle, défiaient ses yeux. Les faisceaux ont abruptement viré au rouge à l’instant où le groupe s’est uni dans un premier ensemble vocal. Un sursaut, le signal du coup d’envoi. La mise en scène était d’une intrigante simplicité et, en même temps, conservait une apparence de «sur son 31». Ce qui apparaissait idéal, puisque les compositions de Local Natives reposent sur une exploration musicale, des subtilités sonores et des envolées magnifiques qui comblent déjà, à eux seuls, presque tout l’espace. Ajoutons à cela les cinq musiciens se rejoignant dans une synergie hors du commun, le talent scénique de la bande californienne ne se discutait déjà plus.
Le public s’est délecté ensuite de «World News» et surtout de «Wide Eyes», l’épique morceau du premier LP, Gorilla Manor, lequel juxtapose brillamment les influences post punk et tribales du groupe. Local Natives a choisi d’aligner une reprise de la chanson «Warning Sign» des Talking Heads qui, soulignons-le, collait extrêmement bien à leurs propres compositions, si bien qu’un public non averti s’y aurait mépris. Sur «Ceilings», en même temps que les cordes des guitares vibraient et que les percussions métalliques donnaient la réplique aux notes mélancoliques du synthétiseur, les cinq gars hyperactifs collaboraient, s’amusaient! Comment le public pouvait-il résister à cet emballement? Il ne l’a pas fait, il s’est laissé entraîner dans la fiesta et la danse sonore.
«You and I», «Airplanes» et «Mt Washington» ont été plus tard chaleureusement accueilli par la foule, quelques fans se permettant d’accompagner le band en chantant les refrains. L’un des moments les plus touchants s’est avéré, sans grande surprise, «Three Months» en fin de soirée, pièce sur laquelle Local Natives n’hésite pas à emprunter les ingrédients poignants de Radiohead.
En rappel, «Colombia» et son piano attendrissant ne laissaient personne de glace. Le public a aussi apprécié «Heavy Feet», chanson qui ne peut dissimuler la collaboration d’Aaron Dessner (The National) sur Hummingbird. En somme, il aurait été pratiquement impossible de faire mieux pour Local Natives. La prestation était d’une irréprochabilité sans comparaison, tant du point de vue sonore que de la dynamique créée par le quintette.
Wild Nothing
En première partie, le quatuor mené par Jack Tatum a donné un concert équilibré, musicalement irrésistible aux accents new wave très prononcés. Même si, en vérité, Wild Nothing en adopte une version plus attendrissante que ses prédécesseurs des années 1980. Débutant sur une note aussi atmosphérique que nostalgique, le groupe a joué la chanson titre du second album, Nocturne. Wild Nothing a ensuite réveillé «Confirmation» et «This Chain Won’t Break». Puis est venue l’inspirante «Paradise», chanson qui donne toujours le goût de ressortir ses vieux albums de Depeche Mode ou encore de Talk Talk. La formation a profité du festival pour présenter davantage de compositions qu’on retrouvait sur Gemini. Les musiciens ont interprété, entre autres, «Ocean Repeating», puis «Summer Holiday», qui s’est affirmé comme le clou de la prestation avec son riff de guitare: un clin d’œil malin à «Age of Consent» de New Order. En somme, la formation a livré une performance à la hauteur de ses albums, c’est-à-dire intéressante, pleine d’esprit et mature.
Seoul
C’est d’abord le quatuor montréalais Seoul qui a cassé la glace en début de soirée en présentant cinq chansons. La fluidité de sa musique pop a dévoilé une surprenante maturité. À certains égards, les guitares évoquent les Johnny Marr et U2 de ce monde – ce qui n’est pas peu dire. En même temps, l’utilisation du synthétiseur et les éléments d’électroniques confèrent un caractère juvénile, en diapason avec les groupes indie rock de son âge. Le groupe dynamique sur scène a prouvé ce qu’il avait dans le ventre hier soir.
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de la rédaction