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Crédit photo : Jagjaguwar
Justin Vernon, artiste dont l’ambition, la dévotion et le talent n’est plus à prouver, multiplie ses projets et ses collaborations tout en continuant de constamment enrichir sa plus grande réussite à ce jour, soit sa sublime création qu’est et demeure Bon Iver.
En parallèle, Volcano Choir l’associe à des membres du groupe Collections of Colonies of Bees et, bien que la formation soit existante depuis 2005, ils n’ont sorti leur premier disque qu’en 2009, soit un an après For Emma, Forever Ago de Bon Iver. Malgré tout, s’il persiste dans la même sonorité un brin folk pop, c’est un groupe qui a toujours su se distancer par son côté beaucoup plus expérimental, et ce, malgré la voix somme toute omniprésente de Vernon.
Si leur premier disque Unmap était définitivement hivernal d’un point de vue atmosphérique, bien sûr, voilà que pour Repave les musiciens suivent la fonte des neiges. À nouveau, l’album s’illustre comme une exécution conceptuelle de leur pochette et nous emporte avec grâce dans un périple en haute mer, comme une invitation à conquérir les océans, chaque chanson se déployant comme une irrésistible invitation à prendre le large.
Ce qui est d’autant plus remarquable, c’est que le groupe fait preuve d’une concision plus notable que lors de son premier opus. En s’éparpillant beaucoup moins dans son flot d’idées, ils préfèrent se concentrer sur un univers créatif et précis bien plus intéressant à décortiquer et à découvrir pièce après pièce.
Ainsi, si le début évangélique de «Tiderays» semble évoquer Gayngs (un autre projet connexe de Vernon), on ne prend pas beaucoup de temps pour ramener de l’avant les douces guitares significatives qu’on pouvait également entendre sur la magnifique «Husks and Shells» de la veille. Par la suite déferlent percussions, guitares électriques et une musicalité variée et enchanteresse qui demandent aux écoutes de se multiplier.
Malgré des airs constamment accrocheurs, comme c’est le cas sur la fort entraînante «Acetate», on exige tout de même un certain effort de l’auditoire en enrichissant significativement l’univers musical. Avec subtilité et nuance, on multiplie les essais en faisant évoluer constamment les pièces et en laissant apparaître des idées aussi audacieuses que gagnantes comme le virage légèrement électro qui se fait entendre avec brio sur «Comrade».
Bien sûr, «Byegone», premier single qui fut dévoilé au public, est de loin l’une des pièces les plus accomplies du disque, avec ses paroles mystiques, son rythme enlevant et sa tension musicale qui ne fait que grandir au fil des minutes, certes, mais également au fil des écoutes. Si, d’ordre général, les paroles sont ici secondaires face à la richesse musicale qui est déployée durant tout le disque par cette armada d’artisans au talent enviable, il ne faut pas résister à l’appel en tendant l’oreille pour y découvrir des créations poétiques qui forment des images et des métaphores lyriques aussi curieuses qu’évocatrices.
Du coup, avec Repave, Volcano Choir présente une expédition en pleine mer. Chaque chanson semble illustrer une journée différente, évoquant autant les imprévisibles tempêtes sur la douloureuse «Dancepack» que les moments de calme plat sur l’apaisante et enveloppante «Alaskans». Mieux, la déchirante «Keel» nous livre un délicat mais enchanteur moment d’hésitation, et ce, avant la merveilleuse «Almanac», pièce-fleuve de six minutes livrée comme ultime conclusion à l’album avec un Vernon plus vulnérable que jamais.
Comme c’était le cas la première fois, le disque se montre encore trop court, l’ensemble étant certainement beaucoup trop rassembleur pour ne pas en redemander. Néanmoins, avec un produit aussi riche et évocateur, on ne peut qu’être plus enthousiaste face à la suite des choses puisqu’on est décidément convaincu que Volcano Choir, en plus d’être là pour rester, est également certain de continuer à nous charmer à l’avenir.
«Repave» de Volcano Choir est disponible depuis le 3 septembre dernier.
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de la rédaction