«Malphas – 3. Ce qui se passe dans la cave reste dans la cave» de Patrick Senécal

Le choc avait certes été mémorable à la lecture de Malphas – 1. Le cas des casiers carnassiers, car lorsque Senécal nous avait ouvert une fenêtre sur la personnalité impulsive de Julien Sarkozy, ce professeur de littérature divorcé pour avoir cocufié sa femme Laura, il nous avait laissé entrevoir un être profondément accroc à l’alcool et aux substances illicites, sans oublier sa soif de parties de jambes en l’air qu’il aime toujours s’offrir quand bon lui semble, même lorsqu’il est profondément éméché. Mais, arrivé au troisième tome de la saga, on commence à bien saisir l’être désespérant mais attachant qu’est devenu Sarkozy, à 39 ans, et ce, même s’il a toujours tendance à vouloir écarter son fils Émile de sa vie sans vraiment s’en rendre compte.

Ainsi, l’action reprend là où elle avait été laissée avec Malphas – 2. Torture, luxure et lecture dans ce trou perdu qu’est Saint-Trailouin, cette ville où d’étranges évènements ont eu lieu dès l’année de l’inauguration du cégep Malphas en 1980. Sorti de l’hôpital de Saint-Devlon, un mois après la tragédie ayant secoué la population, mais en particulier les participants du club de lecture de Malphas, Julien Sarkozy se sent désormais d’attaque pour la session d’hiver 2011, même s’il n’est pas au sommet de sa forme à cause des réactions intempestives de son ex-femme qui refuse de lui céder la garde d’Émile pendant le temps des Fêtes.

Secoué et blessé, Sarkozy n’a toutefois pas encore atteint le bout de ses peines puisqu’on va tenter de l’assassiner, et cette tentative ratée a évidemment été commanditée par les Archlax père et fils, même si la réponse n’était pas inscrite dans le ciel ce soir-là. Ainsi, Julien Sarkozy devra s’armer de courage et surtout être sur ses gardes s’il veut rester en vie et découvrir ce qui se trame dans la fameuse cave du cégep de Malphas. Avec l’absence temporaire de l’apprenti journaliste Simon Gracq, sa perte de confiance à l’égard de sa MILF préférée Rachel Red et les morts subites qui continuent d’avoir lieu dans les environs du cégep, avouons-le tout de go: Sarkozy se retrouve encore une fois dans de beaux draps!

Depuis le premier tome, Patrick Senécal n’a pas manqué d’imagination, surtout en ce qui a trait à ce troisième chapitre qui s’avère l’avant-dernier de la série et qui a plus de coffre que les précédents. Et ce n’est pas parce qu’on y retrouve un lot de longueurs inutiles: les morceaux du casse-tête se mettent finalement en place et on a enfin droit à de nombreuses révélations croustillantes. Inutile de le nier cependant: la syntaxe bafouée de Simon Gracq finit par nous tomber royalement sur les nerfs, même si c’était drôle et original au départ, et certains puristes pourraient trouver les allusions sexuelles parfois déplacées, mais Senécal a cette habitude de toujours les placer aux bons endroits, ce qui finit, en somme, par nous les faire mieux digérer. Et n’oublions pas que cette saga est surtout destinée aux jeunes adultes… ce qui explique bien des choses.

Patrick Senécal est d’ores et déjà passé maître dans l’élaboration d’une intrigue accrocheuse et il ne manque pas de doigtés avec Malphas. Il alterne toujours aussi bien les évènements du passé (présentés en italique) et ceux du présent, ce qui permet un dévoilement au compte-goutte des nombreuses surprises qu’on retrouve dans le détour. Ceux qui avaient ressenti un certain creux avec le tome 2, ne désespérez pas: Malphas – 3. Ce qui se passe dans la cave reste dans la cave n’a pas fini de vous étonner et quoi qu’en dise le titre, vous en saurez plus sur les évènements peu catholiques qui ont lieu dans la cave, ici croyez-moi sur parole.