CinémaCritiques de films
Crédit photo : Festival international de films Fantasia 2013
Sans emploi, vivant tel un Tanguy dans la résidence de ses parents à Cincinnati, Tom Berninger est l’exemple typique du fils à maman qui n’a aucune ambition dans la vie outre celle d’écouter du heavy métal à tue-tête et de réaliser des films d’horreur qui n’ont aucun potentiel cinématographique. L’idée d’accepter la proposition de son frère ainé Matt Berninger, à savoir accompagner la formation The National à Paris, Londres, Berlin, New York et de tourner un documentaire sur leur vie en coulisse s’est pourtant avéré le plus bel éclair de génie qu’il ait eu à ce jour. L’expérience ne s’est cependant pas déroulée sans anicroche: Tom Berninger apprend vite à ses dépens qu’il n’a pas la flamme journalistique ni la personnalité idéale pour sympathiser avec les gens de l’industrie. Pire encore: le cinéaste en herbe attire la foudre autour de lui, énervant carrément l’ensemble de l’équipe par son manque de professionnalisme.
Avec ses questions insipides et sa mauvaise habitude à fouiner partout, Tom Berninger va rapidement se rendre compte de l’image qu’il projette sur grand écran et force est d’admettre qu’il vivra directement sous nos yeux une quête d’identité qui l’obligera à passer par un torrent d’émotions fortes. Cinéma vérité et documentaire intelligemment orchestré, Mistaken for Strangers est bien plus qu’un docu-concert sur la vie en tournée du groupe The National, c’est un cinéma-vérité vibrant de sincérité, qui nous plonge dans la conscience d’un adulte sans motivation précise qui n’a rien accompli de concret, à part quelques films ratés et des esquisses adolescentes. Avec son montage frénétique et ses scènes vertigineuses, la faute allant à la caméra à l’épaule, ce documentaire comporte lui aussi ses zones d’ombres, mais on s’habitue très vite à la personnalité puérile du personnage et aux longueurs du film pour se laisser aller à l’écoute d’un grand moment de cinéma intérieur.
Malgré sa courte durée (80 minutes) et l’insertion de scènes futiles qui auraient certainement pu être évitées au montage, on se laisse prendre au jeu et on se retrouve ému qu’on soit fan ou non des National.
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de la rédaction