LittératureRomans québécois
Crédit photo : Libre Expression
Premier tome d’une trilogie, ce roman, paru aux éditions Libre Expression, prend place à Montréal, avec ses bars huppés et ses courses folles en taxi. Pour Justine, Chloé et Sarah, le principe du chic, du chèque et du choc est bien simple: il s’agit en fait de la règle des 3C. Le chic signifie la classe, l’élégance, le mondain; le chèque est, quant à lui, le compte en banque; puis, finalement, le choc est synonyme de sexe. Et le gros lot, c’est un homme qui répond aux 3C.
Justine arrive à la fin de la trentaine. Elle est propriétaire d’une galerie d’art, elle a connu son lot de déboires amoureux, s’est fait briser le cœur en mille miettes à quelques reprises et ne cherche que du bon temps sans s’attacher pour autant. Chloé, l’avocate du groupe, est en quête perpétuelle de l’amour. Et Sarah connaît déjà le chic et le chèque, mais elle a perdu le choc il y a longtemps de cela…
Nos trois héroïnes connaîtront mille et une aventures à travers les pages de ce premier tome, mais c’est surtout Justine qui retiendra notre attention avec ses histoires de garçons. Lors d’un important vernissage, elle fait la rencontre de Zib, un des artistes qui a exposé à sa galerie. Le problème, c’est que Chloé a aussi jeté son dévolu sur le bel Apollon. Parallèlement, Justine est aux prises avec sa mère qui tente de la matcher à nouveau avec son ancien petit ami Philippe, qui l’avait laissée tomber suite à une grossesse non planifiée. À travers cela, un voyage au Mexique, une rupture et quelques crises.
Pour un premier roman, Danièle Couture s’en est plutôt bien tirée. Cependant, on retrouve beaucoup trop de clichés de la chicklit, par exemple, l’amitié unissant les trois meilleures amies, la mère trop protectrice qui ne veut pas assumer son âge, les héroïnes qui sont filles à papa et, finalement, l’incontournable choix déchirant entre revivre une relation passée ou se lancer sans filet dans une nouvelle. Les lieux et anecdotes font trop souvent penser à ce qu’on a lu dans les romans de Rafaële Germain, et les personnages sont un peu trop stéréotypés.
En particulier celui de Justine, qui a eu le cœur brisé à multiples reprises et qui mise entièrement sur un comportement macho. Elle collectionne les hommes, ne s’embarque dans aucune relation à long terme, préfère le futile au sérieux et ne croit plus au grand amour. L’auteure a voulu aussi lui donner une couleur particulière avec des réflexions profondes et une allure de fille qui contrôle bien la situation. Cependant, plus on avance dans notre lecture, et plus c’est l’effet contraire. On se lasse rapidement de toutes les réflexions et les questionnements de Justine sur ceci ou cela et qui finissent par être vides de sens. À plusieurs reprises, on croirait lire les déboires d’une adolescente de quinze ans qui se complique beaucoup trop la vie pour rien. Bien qu’elle soit le personnage principal de ce premier tome, il aurait été plutôt intéressant d’équilibrer l’histoire entre les trois amies afin de ne pas trop épuiser le lecteur à coup de pensées vides et de péripéties superficielles de la part de la protagoniste.
Quant à l’histoire, elle est tout de même divertissante mais quelque peu redondante. Il devient difficile d’innover avec un roman de chicklit lorsque ce dernier se déroule à Montréal, mais il est toujours possible d’y apporter tout de même un vent de fraîcheur. Trop souvent, le lecteur est amené à faire des comparatifs avec les romans de Rafaële Germain, Nathalie Roy ou même Annie Quintin. Il aurait peut-être été intéressant que l’auteure se penche sur un autre lieu que Montréal ou, si c’est bien cette ville qui lui tient tant à cœur, peut-être diversifier les endroits de rencontres pour que tout ne se passe pas uniquement dans le Vieux-Montréal. Disons que tout cela limite l’imaginaire!
Au final, Le chic, le chèque et le choc – Tome 1 – Ami, amant ou… mari? plaît quand même par son humour et ses mises en situation assez cocasses. Le roman se lit rapidement et la division des chapitres apporte un bon rythme à la lecture. D’ailleurs, c’est une excellente idée de structurer ses chapitres en fonctions d’un punch ou d’un début d’anecdote qui suivra au prochain chapitre. Autrement, la relation qui unit les trois femmes est sympathique et les leçons de vie, aussi petites soient-elles, sont sincères et bien senties. Reste que les personnages auraient définitivement besoin d’un bon coup de profondeur et d’un peu moins de questionnements quant à leur existence. Peut-être que la balle sera rattrapée dans le prochain tome, mais en attendant, on en reste avec un goût bien peu sucré en bouche.
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de la rédaction