SortiesHumour
Crédit photo : Dominique Bernier
Arrivé au Québec il y a maintenant huit ans, Jérémy Demay n’a peut-être pas perdu son accent français, mais il s’est parfaitement adapté à la culture de sa terre d’adoption. Ses observations sur le Québec, il les partage d’entrée de jeu, dans un numéro sur la virilité du Québec, numéro qui lui a valu la mention «révélation de l’année» lors du Grand Rire de Québec 2008. Alternant entre les expressions françaises et québécoises, il a affirmé trouver les dernières beaucoup plus viriles. «Un Québécois quand il va se promener, il dit qu’il va prendre une marche. Prendre une marche. Ça sonne viril. Le Français lui, il va se balader». Cela l’amène à se questionner également sur le parlé québécois de façon plus générale, se demandant d’où vient le deuxième «tu» dans les questions. «Tu veux-tu du gâteau? Moi la première fois qu’on m’a dit ça, je me suis dit “wooo! pourquoi il le dit deux fois? Je suis tout seul!“ Mais après j’ai compris qu’il était là partout. Tu veux-tu, on va-tu, il est-tu. Mais personne comprend pourquoi il est là, le deuxième “tu”, hein?»
Loin de s’arrêter aux différences entre les Québécois et les Français, l’humoriste de 30 ans a également partagé ses observations sur la vie et le monde tel qu’il est aujourd’hui, avec beaucoup de respect et d’autodérision. Son humour se situant quelque part entre celui de Louis-José Houde et celui de Mike Ward (qui signe d’ailleurs la mise en scène de Ça arrête pu d’bien aller), il a bien sûr parlé des relations de couple et des différences entre les hommes et les femmes, de son hypocondrie, de ses origines, de son inquiétude face à l’avenir de la race humaine et à la capacité de celle-ci à continuer de communiquer, puis de toutes les nouvelles technologies qui dictent nos vies. Souhaitant faire participer le public un maximum, il n’a pas hésité à converser longuement avec des gens dans la salle et à leur poser des questions pour mieux ramener leurs réponses un peu plus tard dans son spectacle. Idée brillante mais dangereuse, parce qu’il est facile de déraper et de jaser trop longuement avec seulement une ou deux personnes dans la salle, ce qui brise un peu le rythme d’un spectacle d’humour.
En plus du numéro sur la virilité québécoise, il a repris un autre numéro qui avait séduit le public lors de sa participation au concours En route vers mon premier gala Juste pour rire, celui où il décortique la chanson «Je l’aime à mourir» de Francis Cabrel. Pour l’occasion, il a sorti sa guitare et chanté de courts passages avant de s’arrêter pour les analyser. «Vous pensez que c’est une jolie chanson d’amour, n’est-ce pas? Hé bien, non! Il n’y a rien de beau dans cette histoire!». Gageons que plus personne n’écoutera cette chanson de la même façon. Nous proposant aussi de courts extraits de «Gangnam Style» et de «Juste pour voir le monde» de La chicane, Jérémy Demay a prouvé qu’en plus d’être drôle il a une belle voix. Par contre, il aurait intérêt soit à ralentir le débit un peu ou à mieux articuler, parce qu’on en perd malheureusement des bouts.
Tout n’est pas parfait dans ce spectacle, mais pour un premier one man show, Jérémy Demay s’en tire très bien et le public lui a prouvé hier soir, alors qu’il montait sur les planches du Théâtre St-Denis. Il a su retenir l’attention du public et joué avec celle-ci à son avantage, notamment pour la finale du spectacle. Prenant un ton beaucoup plus posé, il s’est demandé ce qu’il dirait au monde entier s’il n’avait que deux minutes et un micro pour s’adresser à eux. Il a bien choisi ses mots parce que la salle s’est tue pendant un moment, avant d’applaudir à tout rompre et de se lever d’un coup, en moins de trois secondes. Gentleman et visiblement ému de cette réaction du public, Jérémy Demay a pris quelques minutes pour remercier et nommer tous les membres de son équipe, ainsi que sa copine, à la source de plusieurs anecdotes racontées sur scène. Tout n’est pas parfait dans ce spectacle, mais tout commence très bien pour Jérémy Demay.
Toutes les informations et les dates de spectacle sont disponibles au www.jeremydemay.com.
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de la rédaction