«Mosquito» des Yeah Yeah Yeahs – Bible urbaine

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«Mosquito»  des Yeah Yeah Yeahs

«Mosquito» des Yeah Yeah Yeahs

Démangeaisons garanties

Publié le 30 avril 2013 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : Universal Music

Le terme «album de transition» revient régulièrement dans le jargon musical. Souvent, il représente une façon polie de dire qu’un groupe ou un artiste commence tranquillement son déclin, ou que ses meilleures années de création sont derrière lui. En écoutant Mosquito, quatrième long-jeu du trio new-yorkais Yeah Yeah Yeahs, on a malheureusement parfois l’impression que l’expression y prend tout son sens. Et cette pochette, était-ce vraiment nécessaire?

Si les Yeah Yeah Yeahs ont toujours réussi à nous surprendre au cours de leur carrière, de leur excellent premier EP en 2001 au plus récent album It’s Blitz! (2009), Mosquito représente probablement le premier faux pas dans la discographie du groupe. Sans parler d’un échec, disons que les standards de qualité auxquels les amateurs étaient habitués sont absents ici. Karen O et sa bande tentent de se renouveler, certes, mais finissent par revisiter des territoires déjà explorés auparavant.

L’album débute tout de même bien, avec le premier extrait «Sacrilege», chanson bien rendue qui se termine par une finale d’inspiration gospel. Il ne s’agit pas du meilleur single de l’histoire du groupe, mais ça lance relativement bien l’album. Cet élan est rapidement freiné avec «Subway», lent morceau où un échantillonnage de train est utilisé comme rythme en arrière-plan. Un peu décevant.

Les Yeah Yeah Yeahs tentent parfois de revenir à la magie chaotique de Fever to Tell (2003), mais les résultats sont plutôt ternes. C’est le cas des pièces «Mosquito» et «Area 52», dont on oublie l’existence aussitôt qu’elles sont terminées. Tout ça est très embarrassant pour les Yeah Yeah Yeahs. On est loin de l’énergie décadente de «Date With the Night». Et, de grâce, ne parlons pas des paroles qui ne valent pas la peine d’être lues.

De bons moments surviennent vers le milieu de l’album, lorsque le groupe s’éloigne de son passé rock n’ roll. En effet, «Slave», avec un rythme dansant et des guitares très post-punk, nous rappelle Franz Ferdinand. «Under the Earth», plus subtil, aurait pu se retrouver sur leur deuxième album, le très sous-estimé Show Your Bones (2006). Arrive ensuite «These Paths», teintée de synthétiseurs et de beats électro, où la voix de Karen O repousse un peu la limite de l’endurable. Parfois, il y a une ligne assez mince entre le stimulant et l’irritant, et les chansons de Mosquito basculent vers le dernier plutôt que le premier.

Et, malgré la présence de James Murphy (LCD Soundsystem), personne ne parvient à mettre les choses en ordre. L’inexplicable «Buried Alive», réalisée par Murphy lui-même et mettant en vedette le rappeur Dr. Octagon, passe très proche de la catastrophe et n’ajoute rien à l’opus, si ce n’est qu’une autre couche d’incohérence. Après huit chansons, on se demande toujours s’il y a une direction quelconque à ce ramassis de pièces.

Heureusement, les choses se simplifient dans les trois dernières chansons et Karen O se montre plus vulnérable. Même si rien ne rivalise avec l’éternelle «Maps», «Alive», «Despair» et «Wedding Song» forment un trio qui clôture cet œuvre inégale de belle façon. On jugerait que le groupe rend hommage à Joy Division sur ce dernier tiers de l’album, notamment sur «Despair» qui, musicalement, emprunte structure, mélodie et ambiance à «Atmosphere» du groupe de Manchester. Une réussite, tout de même. «Wedding Song» fait penser, quant à elle, aux ballades de U2 dans les années 1980.

Alors, si vous êtes capable de passer par-dessus plusieurs moments inconfortables et même embarrassants (et aussi l’horrible pochette), il y a tout de même quelques beaux éclats sur Mosquito. À vous de juger si vous êtes capable de rester sur la route malgré les nombreux nids de poule.

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