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Crédit photo : Sonatine
Le roman s’ouvre sur une introduction nous présentant le personnage que l’on surnomme «le Voyageur». En pleine nuit d’hiver, l’homme est piégé sur l’autoroute. Il y a tempête et les gens ne peuvent plus circuler sur l’autoroute. L’homme sort de son véhicule et assassine à mains nues les gens se trouvant dans les voitures derrière lui. Il n’y a pas de mobile apparent à ce meurtre de masse, comme s’il n’avait rien à comprendre de l’acte. C’est aussi avec cette scène que Drvenkar nous dévoile la narration qui nous accompagnera tout au long du roman. À chaque chapitre, le lecteur prend la place du personnage dont il est question. «Le Voyageur», c’est toi. L’usage de la deuxième personne du singulier est rarement exploité en littérature, mais ce premier chapitre nous permet de constater la puissance que peut avoir ce type de voix narrative.
On rencontre par la suite Ragnar, un haut placé du crime organisé, qui découvre le cadavre de son frère dans le sous-sol de la maison du défunt. La drogue que ce dernier gardait chez lui a disparu. On comprend que le ou les coupables ne s’en sortiront pas si facilement. Ragnar a certainement l’intention de se venger. Cet individu et ses acolytes nous plongent dans l’univers de la criminalité et des gangs de rue en Allemagne. Si le tueur en série nous inquiétait déjà, ce monsieur en complet n’est pas plus sympathique.
À ces personnages et narrateurs que le lecteur incarnera tour à tour s’ajoute un groupe de cinq meilleures amies. Des adolescentes insouciantes au tempérament explosif qui se mettront les pieds là où elles n’auraient pas dû. Se retrouvant mêlées à une histoire qui les dépassent largement, elles continuent de se croire invincibles. Traquées, elles fuiront pour tenter d’échapper à cette chasse à l’homme les visant. Comment pourront-elles se défendre? Comment pourront-elles s’en sortir?
Zoran Drvenkar a fait un choix audacieux en nous servant ses histoires comme il le fait. La construction du roman est solide et la narration particulière sert au récit. On voit l’action à travers ce que chacun vit, ce qui lui permet d’omettre des informations ou, au contraire, de nous en fournir grâce à des retours dans le passé ou des anecdotes. L’auteur ne laisse rien au hasard.
Malgré un départ un peu lent, le temps nécessaire à l’introduction des trois grands piliers de l’histoire, la fluidité de la lecture finit par s’installer. Les lignes qui nous semblaient parallèles se révèlent évidemment être un nœud complexe. L’auteur nous surprend tout au long du thriller. Chapeau si vous devinez à l’avance la direction qu’il a choisi d’emprunter. Confirmant son talent pour ce style, il réussit à conclure sans nous laisser sur notre faim. Comme on dit, il boucle la boucle. Toi vous garantit de nombreuses heures de lecture dans un paysage urbain où vous parcourrez à vive allure la route allant de l’Allemagne à la Norvège.
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de la rédaction