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Crédit photo : Audiogram
Bourré de contradictions, Daniel Bélanger s’est définitivement fait plaisir avec ce nouvel album. Avec une ouverture tout en cordes d’un classicisme convenu, il ne tarde pas à marcher dans les pas de Johnny Cash avec sa première chanson, l’ambitieuse «Chacun pour soi». Alors qu’on s’attendrait à une ballade en pleine campagne country, l’amusante «Sa félinité» continue de le laisser croire, les quarante-cinq minutes de son disque n’en finissent plus de surprendre par un nombre épatant de détours et de tournants dans toutes sortes de genres que l’auteur-compositeur-interprète s’apprête à constamment magnifier.
Comme quoi avec ses chansons qui donnent l’envie de se promener tout l’après-midi en ville telles que «Auprès de toi», c’est décidément le printemps avant le temps, avec cet excellent disque des plus enjoués qui déborde d’airs qu’on veut autant chantonner que fredonner. Bourré d’une poésie qui prouve encore la plume aiguisée de l’artiste, pensons à la savoureuse «Pour être heureux», on ne sait jamais ce qui nous attend dans cette succession habile de country, de blues, de jazz et d’atmosphères d’antan qui parviennent malgré tout à bien nous ancrer dans un présent somme toute plus rafraîchissant que jamais.
Il faut donc admettre que de toujours seconder ses guitares et son lot ambitieux et sophistiqué d’arrangements d’une grande aura de cordes omniprésentes rend la chose d’autant plus sublime l’admirable pièce «L’aube», laquelle est empreinte d’un romantisme des plus assumés avec des phrases aussi belles que: «Qu’il m’épuise, le temps sans toi». Véritable pilier de l’album, située d’ailleurs en son milieu, en son plein cœur, cette chanson se présente certainement comme le signe d’un grand penchant, voire d’un élan tout en douceur qui se déploie avec encore plus de délicatesse sur l’irrésistible «Traverse-moi», par exemple.
Cependant, d’un homme qui prête son talent à de nombreux artistes, on regrette un peu qu’il n’ait pas été chercher un peu plus de collaborations pour l’avant-plan, s’assurant toujours d’être bien au-devant de ce magnifique projet, bien qu’il ait co-réalisé l’opus de Michel Dagenais, demandé l’aide de Carl Marsh, Larry Franklin et d’un ensemble de douze musiciens pour ses cordes, en plus de Ben Caissie à la batterie et d’Alex McMahon au piano. De quoi se dire que, pour vraiment se lancer dans le pastiche typiquement Cash, on ne peut qu’attendre le jour où il trouvera sa June Carter, puisque l’album aurait certainement bien bénéficié d’une présence plus féminine en guise d’accompagnement comme, par exemple, celle de Marie-Pierre Arthur, qu’on imagine avec fantasme se lancer sans concession dans un tel univers musical.
Ne nous méprenons pas toutefois. Avec des chansons aussi entraînantes qu’«Avec mes amis», «Béatitude», «Je poursuis mon bonheur» ou l’une des douze autres qui composent cet excellent album, on ne s’ennuie pas une seconde. Dès la première écoute, on tombe sous le charme et on retrouve un Daniel Bélanger qui se réinvente avec une efficacité tout simplement brillante. Voilà donc un disque qui ne cessera de nous revenir en tête et inévitablement aux oreilles. À écouter sans se faire prier, et ce immédiatement, pour succomber plus d’une fois avant les dernières notes de l’admirable pièce de fermeture, «Rapport d’accident survenu le 26». Vos journées ne pourront qu’en être plus belles.
«Chic de ville» est disponible en magasin et téléchargement numérique dès maintenant.
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de la rédaction