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Moins d’un an après la sortie de son premier album, l’énergique et singulière Lisa LeBlanc a rempli à elle seule L’Olympia de Montréal hier soir en l’électrisant avec un spectacle qui affichait un magnétisme scénique et un côté rockstar qu’on ne pouvait pas vraiment imaginer à l’écoute de son disque. Retour sur un spectacle qui s’est vite transformé en beau party.
Avec de vieux succès d’Elvis Presley et des chansons de Johnny Cash et, tel que promis, la machine à barbe à papa pas loin et des chevaux en bois de carrousel, l’ambiance dans la salle était fébrile. Elle s’est rapidement apaiser par la présence des forts charmantes Hay Babies, lesquelles étaient éclairées simplement devant le grand rideau noir qui cachait toute la scène, alors qu’elles nous ont envoûtés d’un très beau folk-country que le trio a livré avec une belle efficacité, en plus de nous faire chanter «Joyeux anniversaire» à l’une d’entre elles.
Autour de 21h40, plusieurs danseuses vêtues de tuques et de mitaines sont apparues et ont exécuté une chorégraphie inattendue de danse et de claquettes, alors que le rideau s’est levé pour dévoiler un magnifique décor où était projetée la simulation d’un gigantesque chapiteau blanc et rouge avec, tout en haut, de grosses lettres éclairées indiquant «LISA». C’est comme sur l’album que «Cerveau ramolli» a ouvert le bal, lançant rapidement une invitation au public à vivre quelque chose de burlesque, à prendre part à un beau cirque mais, plus précisément, c’était le début du show d’une véritable rockstar qui a sagement profité de ses nombreux invités et collaborateurs pour rocker avec toute la salle déjà conquise d’avance. Mis en scène par Brigitte Poupart, ce n’était pas un spectacle de Madonna, mais disons que cette Lisa en a en dedans et qu’on nous en a mis plein le cœur et la vue. Les temps morts étaient inexistants puisqu’elle a enchaîné la totalité de son album.
On a également eu le droit à sa sincérité inévitable, à ses histoires de Roseaireville, dont un savoureux pastiche des Deux minutes du peuple de François Pérusse «mais en moins bon», et à une nouvelle chanson sur le choc culturel qu’elle vit constamment en passant d’une ville à l’autre, qui sont, comme elle le dit si bien, «two different worlds». Bien sûr, outre la venue inattendue de son bon ami Étienne, le fameux muscle boy de son poster qui a bien failli devenir la pochette de son second disque, c’est la surprenante reprise de «I Put a Spell on You», rehaussée par les grandes capacités de sa voix, qui a de loin était l’une des plus grosses surprises de la soirée.
Pour le reste, elle a surtout placé ses chansons plus rassembleuses et énergiques comme «Motel» et «Du duvet dans les poches» au début du concert, avant de faire succéder ses chansons plus calmes et par le fait même touchantes, telles que «Avoir su», «Câlisse-moi là» et «Lignes d’Hydro», bien qu’elle n’a pas hésité à ramener des chansons de circonstances telles que l’ironique «Y fait chaud» face à la soirée d’hier.
Bien sûr, le point culminant s’est produit à la toute fin lorsque la totalité de L’Olympia a entamé avec elle la désormais inévitable «Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde», devenue un véritable hymne national. Au rappel, elle a ramené avec bonheur l’amusante «J’pas un cowboy», alors que Louis-Jean Cormier l’a accompagnée pour interpréter la sublime «Kraft Dinner», pièce qui a apparemment été ajoutée à la toute dernière minute de l’enregistrement, fort heureusement. On lui a d’ailleurs lancé sur scène un paquet dudit repas en plus de deux brassières faisant de cela «la chose la plus awesome qui soit arrivé dans sa vie».
Lisa LeBlanc a ensuite été laissée seule sur scène pour nous envahir de la fragile et magnifique «Juste parce que j’peux». Un choix relaxant comme dernière chanson où, après nous avoir siffloté la pomme, a entonné comme dernières lignes «J’t’ai déjà dit que c’était pas original de dire qu’on est solitaire, tu m’a répondu qu’être heureux ça y’est pas plus», sauf qu’après un spectacle aussi efficace et bien rôdé, à force de nous remercier à usure, disons qu’elle pouvait être difficilement autre chose qu’heureuse, prouvant que celle qui a incontestablement dépassé son statut de simple révélation musicale est décidément là pour rester.
Présenté par Radio-Canada, comme l’a annoncé Rebecca Makonen en début de soirée, le concert sera diffusé sur les ondes d’Espace Musique.
Appréciation: ****
Crédit photo: Jim Chartrand
Écrit par: Jim Chartrand