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Crédit photo : PIAS
C’est en 1984 que Dead Can Dance a fait son apparition et c’était un début remarqué. Leur son, difficilement classable, est un hybride entre le son rock gothique typique des années 80 avec quelques touches de musique du monde. Mais Dead Can Dance, c’est avant tout une voix: celle de Lisa Gerrard. Une voix puissante, capable de passer d’un registre à l’autre, d’évoquer le plus profond désespoir ou la joie et l’allégresse. On peut supposer que sans elle, Dead Can Dance n’aurait jamais connu un tel succès. Le duo a défini un genre musical à lui seul, qui se situe quelque part entre la musique pop, la musique médiévale et la musique du monde. Après sept albums, ils enregistrent leur dernier opus en 1996: Spiritchaser. Les deux membres du groupe se lancent ensuite respectivement dans des carrières solos. Lisa Gerrard collaborera, entre-autres, avec Hans Zimmer sur la trame sonore du film Gladiator.
Ce nouveau disque du duo australien s’est donc fait attendre… longtemps. Et comme c’est souvent le cas quand un groupe à succès se réunit, c’est avec un mélange d’appréhension et de scepticisme que l’on attend le résultat. Anastasis ne déçoit pas. Cependant, il laisse une vague impression d’insatisfaction, comme si quelque chose manquait à l’album. C’est bien là le même son qui a fait la renommée de Dead Can Dance: nappes de synthétiseur, voix éthérées, dulcimer chinois et percussions tribales. Mais un des défauts d’Anastasis est l’usage un peu trop grand du synthétiseur. Alors que certaines chansons de Dead Can Dance avaient un son plus acoustique et utilisaient des instruments réels, cet album sonne plus froid et parfois beaucoup plus terne. Lisa Gerrard y pousse un peu moins sa voix que dans ses albums précédents, mais c’est probablement un choix artistique. Finies ici les influences médiévales qu’on retrouvait sur plusieurs disques de Dead Can Dance (voir Spleen and Ideal). C’est plutôt des sons de la musique traditionnelle grecque, turque ou arabe dont Anastasis s’inspire.
Certaines des pièces attirent l’attention. On est frappé par les sonorités particulières de «Anabasis» qui combine les notes du dulcimer chinois à celui d’un instrument inventé récemment, le Hang Drum. Le Hang est une soucoupe de métal, sur laquelle on joue en frappant avec les doigts. Le son qui en résulte peut être comparé à celui du gamelan indonésien. Depuis son invention il y a une dizaine d’années, la popularité de cet instrument n’a cessé de croitre. On peut l’entendre, entre autres, comme accompagnement au groupe jazz Portico Quartet, et de plus en plus il s’infiltre dans la musique pop. L’atmosphère très «musique du monde» du Hang Drum s’harmonise parfaitement avec les airs de Dead Can Dance, belle découverte donc. L’autre pièce notable est «Opium». Son atmosphère plus sombre, le chant de Brendan Perry et le rythme atypique sont accrocheurs. Après vérification, le site du groupe explique que cette pièce utilise un rythme soufi Marocain de 6/8. Il en ressort une impression d’étrangeté sans qu’on puisse exactement la définir.
Anastasis reste un morceau important de l’œuvre de Dead Can Dance. Et même si ce n’est pas un album équivalent à ceux de leur période la plus féconde de 1985 à 1990, c’est tout de même un album fidèle à ce groupe mythique. Ce n’est pas tous les jours qu’un groupe de cette ampleur renait de ses cendres pour nous offrir une œuvre de qualité.
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de la rédaction