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Crédit photo : Andréanne LeBel
Ils ne l’auront pas regretté, ceux qui ont choisi de passer la soirée au Club Soda plutôt que de l’autre côté de la rue Sainte-Catherine, au Métropolis pour la jeune sensation de l’heure, Vance Joy. Pascale Picard était dans une forme olympique et malgré un public assis et statique, elle a tout donné ce qu’elle avait à donner. C’est pourtant tout en douceur et en émotions que la chanteuse a choisi d’ouvrir son spectacle avec «Haunted States», issue de son plus récent album. Mais dès que Luis Fernandez (guitare électrique), Philippe Morissette (basse) et Marc Chartrain (batterie) se sont mis de la partie, ça y était: le party était commencé!
Après tout, il faut bien fêter cela, dix ans de carrière! Dix ans depuis «Gate 22», qui est incontestablement la chanson qui a le plus réjoui la foule dès les premières notes, mais aussi depuis «Smilin’!!» et «Thinking of It», cette dernière ayant permis à la chanteuse de montrer une voix ici un peu plus rauque, et là très habile dans les aigus, bref, très polyvalente. L’album Me, Myself and Us n’a pas été certifié platine pour rien, et d’ailleurs Pascale Picard a choisi d’offrir en spectacle six chansons de cet opus, soit davantage que le nombre de pièces issues de son plus récent projet, All Things Pass.
Dansant et sautant avec sa guitare en chantant «A While» (Me, Myself and Us) ou bougeant la tête avec énergie en plaquant ses accords sur le clavier, Picard fait preuve d’une ardeur peu commune dans ses interprétations. Elle voulait faire de cette rentrée montréalaise une fête, et elle l’a fait, mais pour elle-même. «Là, ça suffit la détente! Je ne voudrais pas m’imposer dans la configuration du Club Soda, mais à partir de maintenant vous avez le droit de vous lever puis de danser!» s’est-elle d’ailleurs exclamée, rieuse, après quelques chansons plus tranquilles, dont «The Right Rhyme (Cats Got My Tongue)» (A Letter to No One), un sympathique duo avec Fernandez qui a fait dodeliner de la tête, avant d’entamer son plus récent succès, «Runaway». Malheureusement, l’énergique artiste s’est démenée à danser et bouger seule sur scène durant toute la soirée.
Même sa reprise dans un style hip-hop de «Paper Planes» (All Things Pass), la voix saccadée sur un rythme préenregistré, micro à la main, n’aura pas été suffisante pour faire lever la foule. Qu’à cela ne tienne, Pascale Picard n’a rien perdu de son enthousiasme, parlant même beaucoup avec son public et se montrant très drôle. Notamment avant d’interpréter «Blame it on Me», elle s’est livrée avec une authenticité et une aisance belles à voir. Elle a raconté une anecdote très comique sur la plus grande humiliation musicale qu’elle a subie de sa vie, à 16-17 ans, devant jouer le solo de piano de la chanson «I Will Survive» mais étant trop nerveuse devant public. Ce désastre l’a d’ailleurs traumatisé et empêché de rejouer du piano sur scène jusqu’à ce qu’elle n’ait pas le choix parce qu’elle en a joué sur son plus récent opus.
Son interprétation de «Hell is Other People» (A Letter to No One) a sans aucun doute été la chanson la plus tournée au rock comparativement au son de l’album. Tambourine à la main, Pascale Picard s’est laissé aller, bougeant avec une liberté et une énergie presque indescriptible, avant de s’exclamer «J’ai eu 32 ans, moi, il n’y a pas longtemps. J’peux plus me permettre ça, des excès comme ça!». Il n’y a pas à dire, Picard est tout à fait charmante, et même si elle a terminé ce concert de façon brutale, en criant «Fuck You» à plein poumon sur «Annoying» (Me, Myself and Us), on retient de ce spectacle une énergie à revendre et des interprétations très senties et incarnées, par ailleurs très bien supportées par les superbes éclairages.
Il ne faudrait toutefois pas passer sous silence le superbe medley que la chanteuse a offert au clavier, durant lequel ont défilé «Skinny Love» de Bon Iver, «La vie en rose» de Piaf, «Roses» d’Outkast, «Chandelier» de Sia, «What’s Up» de Four Non Blondes et bien d’autres, dont même une chanson de Cheap Trick. La réponse du public à la suite de ce pot-pourri fût très enthousiaste, et avec raison! Les derniers extraits interprétés ont d’ailleurs donné lieu à des moments très touchants, tout comme la grande finale, en rappel, de «If I Let You» (A Letter to No One), seule à la guitare, vulnérable, mais pas démunie du tout.
Les prochaines dates du spectacle All Things Pass de Pascale Picard sont le 28 novembre 2014 au Théâtre Petit-Champlain de Québec, puis le 30 janvier 2015 à la Maison de la Culture Georges-Hébert-Germain de Donnacona. Pour tous les détails, consultez son site web au www.pascalepicard.com.
Coco Méliès
C’est le duo Coco Méliès – alliage de Francesca Como et de David Méliès – qui a eu la lourde tâche d’ouvrir la soirée pour Pascale Picard. Et bien que les univers des deux artistes ne se ressemblent pas, Coco Méliès (accompagné d’un musicien additionnel à la batterie et au clavier) a séduit l’audience grâce à ses sublimes harmonies et sa parfaite aisance sur scène. Rappelant le duo homme-femme américain The Civil Wars, les deux comparses ont tangué entre la douceur sensible et les ballades plus pop et entraînantes, démontrant un talent vaste et diversifié. Après avoir découvert leur aisance sur scène et la belle intensité dans leur interprétation, il va sans dire que leur premier album, tout nouveau et tout frais, est à découvrir! Lighthouse est paru le 30 septembre 2014 sous la nouvelle étiquette Costume.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Haunted States
2. A While
3. Smilin'!!
4. The Right Rhyme (Cats Got My Tongue)
5. Runaway
6. When at the End of the Road
7. Blame it on Me
8. Hide and Seek
9. Hell is Other People
10. Thinking of It
11. Paper Planes
12. Medley
13. Gate 22
14. Annoying
Rappel
15. The Gap
16. Without You
17. If I Let You