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Finaliste au réputé Festival international de la chanson de Granby en 2006 et désormais possesseur de trois albums pop où l’inventivité musicale est à l’honneur, l’auteur-compositeur-interprète Éric Bélanger dévoile son cœur et la blancheur de ses cuisses avec Speedo Tuxedo, qu’il lancera ce soir au Lion d’Or, dans le cadre de la 26e édition du festival Coup de Cœur Francophone.
Ce génie du mot-valise, qui a amorcé sa carrière musicale sur le tard, à 31 ans, s’est tôt fait remarquer dès la sortie de Bananaspleen (2008) et À 35 millimètres du bonheur (2010) pour son écriture poétique et ses mélodies pop, tableau d’ensemble gorgé d’une douceur aussi svelte qu’un murmure au creux de l’oreille.
D’Alexandre Désilets à Jérôme Minière, en passant par Tristan Malavoy-Racine, Pierre Lapointe et Michel Rivard, les influences musicales pour décrire l’univers singulier d’Éric Bélanger grouillent comme une colonie d’abeilles. Sur Speedo Tuxedo, l’ex-étudiant en génie chimique puis en psychoéducation s’est approprié un style qui lui colle mieux à la peau. Chanceux, il est, puisque Éric Bélanger retrouve ici une orchestration de qualité (Alexis Martin, Denis Ferland, Karl de Serres) et son chef d’orchestre attitré, le réalisateur et arrangeur François Richard (Damien Robitaille, Daniel Boucher).
Parlant de Daniel Boucher, on croirait justement l’entendre dans la pièce «Le boa», probablement la meilleure de l’album, où le «bon à rien», qui entre dans un bar avec une soif inextinguible de séduire une proie, devient l’espace d’une soirée un «boa rien», pour lequel «charmer séduire c’est [son] venin / L’amour c’est que la poésie / L’amour c’est fait que pour les poèmes». Si l’amour est fait pour la poésie, elle peut également devenir une matière abstraite avec laquelle le poète peut jongler, à sa guise, comme dans «L’auteur», un morceau à deux tranchants où Éric Bélanger explore la frontière de l’existence à deux et de l’amour idéalisé versus l’écriture poétique et la force de la fiction: «Je t’écris le rôle de ta vie / Je m’écris le rôle de ma vie / Tu finis dans mes bras / Tu finis dans mes draps».
Éric Bélanger pousse encore plus loin le pouvoir de l’écriture avec des chansons imagées donnant un caractère poétique à sa musique, d’où sa ressemblance avec Michel Rivard et Alexandre Désilets. Le morceau «Nature morte» est un hymne à l’art et à la poésie romantique, car Éric Bélanger a immortalisé, tel un photographe de son temps, un fragment de paysage pour lui redonner, par la musique, une seconde nature, voire une seconde beauté.
Voyageant à travers les souvenirs perdus («Tuxedo»), l’amour possessif («Le sel») et l’amour à deux («Tu muscles mon cœur (comme une course»)), Éric Bélanger explore différentes facettes de sa vie pour nous refiler un disque honnête et singulier qui agit comme un baume sur notre cœur d’auditeur. Décidément un album qui fait du bien.
Éric Bélanger lancera Speedo Tuxedo ce soir au Lion d’Or (1676, Ontario Est) en formule 5 à 7. Pour les gens de Québec, vous pourrez voir l’artiste en première partie d’Alexis HK au Théâtre du Petit Champlain le 15 novembre 2012. Pour plus d’information, visitez le http://www.theatrepetitchamplain.com.
Appréciation: ****
Crédit photo: 4Comm
Écrit par: Éric Dumais