«Heretic», un suspense d'horreur qui nous incite à douter de tout – Bible urbaine

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«Heretic», un suspense d’horreur qui nous incite à douter de tout

«Heretic», un suspense d’horreur qui nous incite à douter de tout

Il vaut mieux ne jamais se fier aux apparences

Publié le 5 novembre 2024 par Manon Beauchemin

Crédit photo : IMDb @ Tous droits réservés

Ce suspense d'horreur de Scott Peck et Bryan Woods, qui sortira en salle au Québec dès le 8 novembre, nous transporte, dès le début, dans un environnement anxiogène diablement efficace, avant d'effectuer un virage à cent-quatre-vingts degrés et de terminer sa trajectoire dans un milieu horrifiant à la fois chaotique et décousu. Son but: semer le doute dans notre esprit et remettre en question toutes nos certitudes.

Dans une petite ville du Colorado, deux jeunes missionnaires, sœur Paxton et sœur Barnes, se rendent à vélo à l’adresse de M. Reed, un homme qui a fait une demande de renseignements auprès de l’Église mormone de Jésus-Christ.

Ce jour-là, le vent tourne et la noirceur s’installe doucement au moment où elles arrivent enfin à la maison isolée de ce dernier. M. Reed les accueille avec un grand sourire. Ce dernier semble, au premier abord, chaleureux et il se montre d’emblée intéressé par les informations qu’elles lui communiquent. Mais entre-temps, la pluie, qui s’est mise à tomber abruptement, se fait de plus en plus abondante et bruyante.

Il les invite donc à entrer chez lui…

Le temps pluvieux ne parvient toutefois pas à convaincre les deux jeunes sœurs de franchir la porte – l’Église exige qu’une femme soit présente à l’intérieur d’une maison pour qu’elles puissent entrer pour discuter – mais heureusement, l’homme leur fait savoir que sa femme est présente et qu’elle est d’ailleurs en train de cuisiner une délicieuse tarte aux bleuets dans la cuisine!

Il n’en faut pas plus pour convaincre les deux missionnaires de se mettre à l’abri des intempéries à l’intérieur.

Image tirée du film «Heretic»

Soulagées, les jeunes femmes s’installent au salon et, tous les trois, ils entament une discussion autour de la religion. Mais les jeunes femmes réalisent assez vite que M. Reed n’est pas celui qu’il prétend être…

En effet, ce dernier, à plus d’un moment, leur pose des questions plutôt étranges, et il arrive même à les mettre mal à l’aise. Lorsqu’il se lève pour aller à la cuisine, les deux sœurs ne se font pas prier pour partir, mais elles se rendent vite compte que la porte est verrouillée de l’intérieur et qu’elles ne peuvent pas s’enfuir…

Elles sont prises au piège.

C’est ainsi qu’elles se retrouvent coincées dans une maison qui ressemble en tous points à un labyrinthe duquel il est impossible de s’échapper…

Un rôle inhabituel

Hugh Grant campe le rôle de M. Reed, un homme mystérieux et excentrique qui semble plutôt bien éduqué. Il passe beaucoup de temps à lire et à réfléchir, et il se plaît à mettre en doute les idées inculquées par les différentes religions que la plupart des gens acceptent comme étant des vérités absolues. En réalité, il aime tout particulièrement les décortiquer afin d’y déceler des trucs qui, selon lui, clochent.

S’il a fait venir les deux jeunes sœurs chez lui ce soir-là, ce n’est pas pour les entendre parler de leur Dieu, mais bien pour les confronter et pour ébranler leurs croyances…

Image tirée du film «Heretic»

S’il y a bien un point fort à relever au niveau du scénario, c’est la qualité des dialogues, qui sont particulièrement cruciaux dans le récit, et l’acteur britannique parvient à les livrer de manière fort convaincante.

Le charme avec lequel il a l’habitude de jouer dans ses nombreux films – ici, je pense notamment aux comédies romantiques Notting Hill ou aux trois volets de Bridget Jones – est encore bien perceptible mais, cette fois-ci, il est plutôt une source d’angoisse. Chaleureux au commencement du récit, M. Reed donne vite l’impression d’être un vrai tordu avec un côté sympathique, ce qui le rend d’autant plus troublant.

Malgré son interprétation réussie de l’inquiétant mari de Nicole Kidman dans la minisérie à suspense The Undoing, c’est bien la toute première fois que l’acteur joue un rôle aussi différent de ceux qui ont fait sa renommée.

Les deux jeunes actrices, Sophie Thatcher et Chloe East, sont elles aussi éloquentes dans la peau des deux jeunes missionnaires qui tentent du mieux qu’elles le peuvent de ne pas se laisser ébranler par le danger qui les guette.

Elles osent même, à un moment déterminant du récit, se fier à leur esprit critique plutôt qu’à leur foi, et ce, dans l’espoir de déceler ce qui peut bien se passer dans la tête de cet homme qui doute de tout et ainsi trouver une façon de lui échapper.

Croire ou ne pas croire?

Les réalisateurs Scott Peck et Bryan Woods se sont amusés avec ce long métrage à jouer avec nos croyances, et ils parviennent avec brio à semer le doute dans notre esprit. Toutes ces choses que l’on croit aveuglément, sans en avoir la moindre preuve, sont-elles réellement vraies?

Comme elles le font déjà avec leur foi inébranlable, les jeunes sœurs doivent croire M. Reed sur parole au début du film lorsque celui-ci affirme que son épouse est présente dans la demeure. Après tout, la fameuse tarte aux bleuets qu’elle concocte à la cuisine sent si bon, alors pourquoi douteraient-elles de son existence?

Image tirée du film «Heretic»

L’homme au gilet à carreaux et aux cheveux grisonnants les pousse donc à prendre des décisions basées sur leurs convictions, et il prend même un malin plaisir à constater à quel point elles sont convaincues de ce qu’elles prônent. Croire ou ne pas croire? Telle est la vraie question, et leurs vies dépendent de cet ultimatum.

Bien que la première partie du film soit divertissante et ingénieuse, allant même jusqu’à nous plonger dans un univers anxiogène assez réussi, la deuxième partie, quant à elle, laisse plutôt à désirer. Toutes les idées intéressantes qui sont exploitées durant les soixante premières minutes du film sont abandonnées.

Ainsi, le suspense psychologique bien ficelé du début se transforme en film d’horreur abstrait et dur à suivre, ce qui alourdit énormément son visionnement. De plus, il y a quelques longueurs malvenues et la finale est un peu… simpliste.

Avec un aussi bon départ, j’ai trouvé dommage d’en arriver là.

Heretic n’est assurément pas le film d’horreur de l’année, mais c’est une œuvre amusante à regarder et surtout différente des propositions des dernières années. Le film prendra l’affiche dans un cinéma près de chez vous dès le 8 novembre.

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