Un vendredi à Osheaga 2024 avec Noah Kahan, Melanie Martinez, Two Door Cinema Club et Léonie Gray

Blonde Redhead: une prestation timide mais solide

Vers 16 h, la formation Blonde Redhead a offert une performance que j’oserais qualifier de timide. Ce groupe d’indie-rock, actif depuis plus de 30 ans, est composé des jumeaux originaires de Saint-Léonard à Montréal, Simone et Amadeo Pace, ainsi que de la chanteuse et bassiste japonaise Kazu Makino.

Le trio a ouvert le bal avec la pièce «Falling Man», qui figure sur leur album Misery Butterfly, datant de 2004. La plupart des festivaliers étant trop jeunes pour connaître cet album, la foule était alors éparse et plutôt contemplative, ce qui n’est toutefois pas trop surprenant pour un vendredi après-midi à Osheaga!

Kazu Makino de Blonde Redhead. Photo: Mathieu Pothier

Le groupe a dû faire face à quelques pépins techniques, notamment avec le micro de Makino, qui peinait à faire entendre sa voix au début. Heureusement, le problème s’est rapidement résorbé pour faire place à une performance de rock shoegaze au sein de laquelle on a eu droit à un joli mélange de chansons plus anciennes comme «Doll Is Mine» et d’autres, plus récentes, dont la populaire «Snowman», sortie en 2023.

Blonde Redhead a livré un spectacle de qualité, mais toutefois réservé; Amadeo ne s’adressant à la foule qu’une seule fois à la fin pour la remercier de sa présence.

Mannequin Pussy a tout de suite enchaîné sur la Scène de la Montagne, apportant un souffle d’énergie avec son indie punk-rock. La chanteuse Marisa Dabice, vêtue d’une élégante robe rouge, a promis un spectacle explosif en s’exclamant à la foule: «Criez PUSSY aussi fort que vous le pouvez!»

Ambiance nocturne. Photo: Mathieu Pothier

Un site amélioré avec des déplacements simplifiés

Alors que j’avais un peu de temps devant moi avant mon prochain spectacle, je suis partie explorer le site. Je dois dire que l’aménagement d’Osheaga s’est grandement amélioré cette année, offrant un parcours simplifié vers les Scènes Verte et de la Vallée ne comportant qu’une seule voie de marches.

Les éternels bouchons sur la passerelle, sources de retard et de frustration, sont enfin résolus!

Est-ce ce changement de parcours qui a causé la disparition de la Scène de la Forêt, dont j’ai remarqué l’absence, à ma grande déception? Moi qui trouvais que cette scène avait un petit quelque chose de magique!

Dispersés à plein d’endroits sur le site, les kiosques des différents commanditaires d’Osheaga sont omniprésents. Cette année, le fameux bar à maquillage de Garage a été remplacé par le coin «prêt-à-party» de Sephora, dont la file d’attente pour se faire mettre des paillettes dans les cheveux serpentait parmi les autres aménagements.

Après un tour d’horizon qui m’a menée à capter quelques notes de la voix suave de la chanteuse britannique Arlo Parks, alors qu’elle chantait «Caroline», je me suis faufilée jusqu’à la Scène de la Montagne pour assister au concert de Two Door Cinema Club.

Two Door Cinema Club. Photo: Mathieu Pothier

Two Door Cinema Club: une belle dose de nostalgie

Le band est en fait apparu sur la Scène de la Montagne (au lieu de la Scène de la Rivière), juste à côté, causant la surprise générale: embouteillage et petite grogne chez les festivaliers amassés devant la mauvaise scène! Le groupe indie-pop nord-irlandais a commencé avec «This is the Life» et «Sleep Alone», qui figurent toutes deux sur l’album Tourist History de 2010.

Léonie Gray: la pro de la vocalise!

Pendant ce temps, sur la Scène Sirius XM, aménagée sous une espèce de gros abri Tempo, Léonie Gray faisait aller sa magie.

L’auteure-compositrice-interprète québécoise, l’une des rares à faire partie de la programmation du vendredi du festival, a livré de nombreuses prouesses vocales vraiment impressionnantes. Moi qui connaissais déjà sa musique et son talent, je ne m’attendais pas à autant de puissance et d’énergie, surtout dans la chaleur de la journée!

Ce spectacle, présenté sur une scène plus intimiste, faisait du bien comparé aux autres scènes en plein soleil sur de grands parterres. Ç’a été un moment, disons, plus rafraîchissant!

Non seulement les musiciens qui l’accompagnaient étaient solides, mais elle m’a particulièrement impressionnée avec sa maîtrise du chant dans «Monsters and Echoes», soulignée par une grosse basse juteuse à souhait!

Léonie Gray. Photo: Mathieu Pothier

Melanie Martinez: théâtrale, engagée et assumée

Melanie Martinez… quelle star! La chanteuse, productrice, réalisatrice et actrice a connu un succès grandissant depuis son album Cry Baby paru en 2015, sur lequel on retrouve la populaire «Pity Party». L’Américaine a su créer un univers doll-core à la fois enfantin et punk.

Énergique et assumée, Melanie Martinez a débuté sa prestation en grande pompe avec des feux d’artifice et une scénographie visuellement impressionnante: mascottes de lapin blanc et projections colorées d’un décor de chambre d’enfant.

Elle a enchaîné avec «Dollhouse», «Sippy Cup», et «Carousel», transportant son public dans l’univers de Cry Baby. 

Melanie Martinez. Photo: Mathieu Pothier

Martinez ne fait pas les choses à moitié et utilise de nombreux accessoires pour incarner ses différents univers. Tantôt assise sur un lapin géant dans un carrousel, tantôt chantant «Nurses Office», une pièce tirée de son album K-12, couchée à la verticale sur un lit d’hôpital, dans un décor qui rappelle un pensionnat de l’époque victorienne. J’ai été agréablement surprise et impressionnée par la mise en scène!

Accompagnée d’un band complet avec batterie, guitares et claviers, et même d’une troupe de danseurs rodés au quart de tour, Melanie Martinez était infatigable. À un moment du spectacle, elle a offert une séquence politisée avec un appel à la libération de la Palestine, dans le contexte actuel de crise qui sévit avec le Hamas.

L’exploration de l’album Portals, alors qu’elle arborait son masque d’une créature féerique, a comporté quelques longueurs, mais la chanteuse a su tenir son public en haleine jusqu’à la tout fin, où elle a terminé son spectacle en demandant à la foule de crier «FREE PALESTINE!», ce que tous et toutes ont fait en chœur.

Noah Kahan. Photo: Mathieu Pothier

Noah Kahan: la nouvelle sensation country-folk

La soirée s’est terminée en beauté avec Noah Kahan, la nouvelle sensation musicale originaire du Vermont. Depuis la sortie de son album Stick Season en 2022, l’auteur-compositeur-interprète américain a connu une ascension fulgurante.

À son arrivée sur scène, muni de sa guitare entre les mains et d’un sourire aux lèvres, il a lancé la soirée avec «Dial Drunk». La foule, extatique dans ses bottes de cow-boy, a rapidement commencé à chanter en chœur avec lui.

Kahan a fait preuve d’une authenticité désarmante, partageant: «I remember coming here when I was younger and it’s the first time I play in Osheaga, and I’m fucking headlining». Puis, il a ajouté avec un brin d’humour: «It’s the last show of the night, your feet are probably hurting and a friend of yours is probably starting to piss you off!»

Avec toute la puissance de sa voix et son picking, Noah Kahan a su démontrer toute l’étendue de son talent. Ses paroles et sa musique viennent du cœur, et ça se sent. Kahan fait clairement partie de ces artistes qu’il faut voir en spectacle pour mieux apprivoiser sa musique, car pour ma part, c’est à ce moment précis que j’ai compris tout l’engouement qu’il y a autour du jeune musicien.

Son spectacle, d’une heure et demie, lui a peut-être paru un peu long, puisque l’artiste a quitté la scène dix minutes avant l’heure annoncée, concluant avec son hit «Stick Season» sur lequel Arlo Parks, qui se produisait plus tôt dans la journée, a fait une apparition surprise.

Cette dernière prestation de la soirée s’est clôturée dans la bonne humeur, avec une foule relaxe qui chantait à tue-tête, signant ainsi une belle soirée d’ouverture à Osheaga!

Entendu vendredi à Osheaga:

« Il fait siiii chaud!»

Une festivalière dans son gros coton ouaté de Noah Kahan fraîchement acheté.

«Il fait tellement chaud que ma bouteille s’embue…»

Une festivalière regardant sa bouteille d’eau avec découragement.

«On dit qu’on est vraiment des fans, ou on dit que notre oncle est le fondateur d’Osheaga, c’est sûr que ça va passer! S’il dit non, eh bien, on part en courant!»

Un jeune festivalier à son ami, essayant de se trouver une tactique pour entrer dans les coulisses.

«C’est les bécosses les plus propres que j’ai vues de ma vie!»

Une festivalière en sortant des toilettes (et qui avait bien raison!) On va attribuer ça au fait que c’était la toute première journée d’Osheaga!

Coups de cœur de la journée

3. Noah Kahan: pour l’ambiance dans la foule;

2. Léonie Gray: pour la puissance de sa voix et le tightness de son band;

1. Melanie Martinez: pour l’incarnation de ses univers et la scénographie.