LittératureCroisée des mots avec
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Gilles, on vous souhaite la bienvenue à cette huitième entrevue de la série «Croisée des mots avec…»! Il n’y a pas à dire, votre feuille de route est impressionnante: vous êtes docteur en lettres françaises, entre autres poète, artiste visuel, photographe et céramiste, vous avez publié 17 livres, surtout des recueils de poésie, vous avez été correcteur et directeur de la collection poésie chez L’interligne, et on en passe. Retour en arrière: parlez-nous brièvement de cette passion pour les arts qui vous fait vibrer depuis toutes ces années!
«J’ai su très jeune que c’était ce qui m’intéressait le plus et que c’est que je voulais faire dans ma vie. Encore aujourd’hui à 77 ans, le plaisir d’écrire de la poésie et de faire de la peinture est intact et magnifique. C’est un cadeau que la vie m’a fait et j’en suis profondément reconnaissant.»
Comme le disait si bien Paul Valéry, «L’objet profond de l’artiste est de donner plus qu’il ne possède» et, en toute franchise, on trouve que cela s’applique parfaitement à vous, car l’empreinte que vous avez laissée dans différentes sphères artistiques est bien tangible aujourd’hui! Quels sont les grands thèmes qui alimentent toujours le feu de votre inspiration et qui dictent vos pensées lorsque vous créez?
«Je crois que l’art a une dimension philosophique. Les thèmes dont il traite sont universels et sont également l’expression des grandes questions concernant la condition humaine: l’amour, la mort, le temps, l’espace, la liberté, le langage, le sens de la vie… Qu’on le veuille ou non, directement ou non, c’est toujours de cela dont on parle.»
En mai 2022, les éditions L’interligne publiaient votre recueil de poésie Circé des hirondelles, ouvrage qui a séduit le jury du Prix littéraire Trillium, puisque vous avez été lauréat de l’édition 2023. Bravo pour cette reconnaissance plus que méritée! Dans cette œuvre qui fait l’étalage d’images riches et d’émotions vives, le lecteur ressent d’emblée une compassion pour le personnage poétique, ce «on» qui construit un portrait du «elle», «une identité féminine, une figure allégorique de la vie elle-même, qui incarne à la fois la fragilité, la beauté, la mort, la nature, la poésie et le langage». Dites-nous donc quelques mots à propos de ce recueil et de ce qu’il évoque en vous.
«J’ai une formation comme critique littéraire et j’ai enseigné la littérature, de sorte que j’hésite toujours à l’idée de tenir un discours sérieux sur un texte sans l’avoir analysé en détail. Ça s’applique aussi aux textes que j’ai écrits.»
«Disons quand même que Circé des hirondelles s’appuie sur la mort d’une enfant et présente ses conséquences pour le narrateur. C’est donc un texte sur le deuil, qui se termine, je crois, par une célébration de la vie.»
«Quelqu’un a écrit qu’on y retrouvait une déclinaison des aspects principaux de la féminité.»
Malgré le fait évident que la langue anglaise prédomine dans un pays aussi vaste que le Canada, qu’on se le dise, la littérature franco-ontarienne a toute sa légitimité dans le milieu littéraire francophone, bien sûr au Canada, mais aussi à travers toute la francophonie. Auriez-vous la gentillesse de nous présenter trois auteurs ou autrices de l’Ontario français et leurs œuvres, afin de donner un bel avant-goût de nos talents francophones à nos lecteurs et lectrices?
«Je connais surtout des compagnons et des compagnes d’Ottawa, des gens de ma génération. Andrée Christensen, Gilles Latour, Andrée Lacelle ou encore Margaret Michèle Cook.»
«Je me suis souvent demandé si une étude un peu approfondie révélerait dans nos œuvres des affinités thématiques et formelles profondes.»
«À cet égard, j’ai fait un projet de mise en peinture de courts textes d’une dizaine de poètes ottaviens. On y retrouve au-dessus de 200 images, je crois. Une vidéo en présente un bon échantillon.»
Le 16 avril prochain, à 19 h, vous serez le huitième invité de l’animateur Hugues Beaudoin-Dumouchel à l’occasion de la causerie littéraire gratuite Croisée des mots, présentée par l’AAOF et la Bibliothèque publique d’Ottawa (BPO). Chaque mois, via la plateforme Zoom, les amateurs et amatrices de littérature franco-canadienne découvriront, en direct de leur chez-soi, de nouveaux visages de l’Ontario francophone. Qu’auriez-vous envie de dire, comme mot de la fin, pour convier le public à cette rencontre-discussion d’une heure?
«Soyez les bienvenus. Malheureusement, chez nous, et ailleurs, la poésie n’est pas très populaire. Elle est pourtant une aventure extraordinaire qui sollicite un aspect fondamental de notre identité, nous qui sommes des êtres de langage.»