LittératureL'entrevue éclair avec
Crédit photo : Julie Artacho
Mariana, c’est tellement un plaisir de s’entretenir avec toi! Tu es une autrice, scénariste et comédienne, et tu joues dans quatre langues, ce qui n’est pas rien! Wow! En plus d’avoir été récipiendaire du concours SARTEC-Radio Canada, tu écris aussi des sketches comiques pour le collectif L’Abécédaire, que vous présentez ensuite lors de soirées théâtrales. D’où te vient-il cet amour pour l’écriture et le jeu?
«Au secondaire, le département d’italien organisait une pièce de théâtre par année. C’est à 14 ans que je suis monté sur scène et que j’ai joué dans une commedia dell’arte pour la première fois. J’ai tout adoré: l’adrénaline dans mon corps, les rires dans la salle, les spots de lumières dans mon visage, la complicité avec mes partenaires… Je me suis dit: “C’est ça que je veux faire dans la vie!”.»
«L’amour pour l’écriture est venu beaucoup plus tard. En 2017, six ans après ma sortie de Concordia, je trouvais que j’auditionnais encore et encore pour des rôles stéréotypés de latina. J’ai donc décidé d’arrêter de me plaindre et de faire quelque chose. J’ai alors commencé à écrire sans savoir dans quoi je m’embarquais. Je pense que c’est ça qui a été une recette gagnante. Je ne me mettais pas trop de pression, j’étais prête à faire des erreurs et à apprendre.»
«Grâce au concours de Radio-Canada et de la SARTEC, j’ai rencontré Michel Duchesne, qui m’a tout appris de l’écriture télévisuelle. On développe maintenant plusieurs projets ensemble.»
S’il y a bien une preuve que tu as trouvé ta voie avec tous ces chapeaux que tu portes, disons-le, avec élégance, c’est la diversité des mandats dans lesquels tu jettes ton dévolu. En effet, tu arrives à jongler, toujours avec enthousiasme, entre la web-série (514), le théâtre (Jabber, The Refugee Hotel, Crème-Glacée, Fausse balle) et la télévision (Léo). Parle-nous brièvement des mandats qui t’ont le plus allumée depuis ta sortie de Concordia, avec un diplôme en interprétation théâtrale en poche!
«Jabber de Marcus Youssef m’a définitivement marquée, puisque j’ai tourné ce show pendant sept ans. On a joué à travers le Québec, l’Ontario, les maritimes et les États-Unis, pour terminer notre dernière tournée à Los Angeles en 2018. Avoir une salle d’ados sur le bout de leurs chaises pendant une heure est une sensation hyper satisfaisante. C’est un public honnête, mais qui ne pardonne pas; j’ai beaucoup appris en jouant pour eux.»
«Mon plus récent coup de cœur: Fausse Balle, une comédie éclatée en tournée à travers les terrains de baseball de Montréal. Mon personnage Carnosa, la catcheuse de l’équipe, était tellement “trippante” à jouer, du bonbon pour un acteur! L’équipe était vraiment incroyable aussi. J’ai appris, j’ai ri et j’ai développé de nouvelles amitiés avec des humains inspirants.»
Le 19 septembre, c’est ta pièce Providencia – avec au menu des moments délicieux et croustillants au public! – qui a ouvert la saison 2023-2024 du Théâtre Aux Écuries, et ce, jusqu’au 30 septembre. On suit Adriana, une carriériste «au bord du burn-out, qui se voit dans l’obligation d’accompagner son père à des funérailles à Boston. Elle se retrouve catapultée dans un rassemblement familial où elle est confrontée à l’intensité et l’excentricité de sa famille colombienne et aux femmes fortes qui la dirigent.» On n’en dit pas plus! Elle t’est venue d’où l’inspiration pour cette comédie au «réalisme magique»?
«L’inspiration vient de funérailles qui sont réellement arrivées dans ma famille. Je me suis librement inspirée de membres de ma famille que j’admire. Et ensuite… j’ai tout changé!»
«J’ai vite réalisé que la réalité me donnait une base solide, mais pour avoir une bonne pièce, il y avait beaucoup à inventer. Ce qui m’avait surtout marqué, c’était la maison de la défunte et ce qu’elle signifiait pour les cousins de mon père. Ils étaient venus des quatre coins des États-Unis, de Panama, de Colombie et du Canada, afin de dire au revoir à une tante qui les avait accueillis chez elle à un moment crucial de leurs vies.»
«Ce sont tous des professionnels avec de belles carrières, et ils partageaient tous leurs souvenirs passés dans cette maison. Ça la rendait soudainement magique et pleine de vie. Je trouvais ça inspirant que cette tante ait marqué la vie d’autant de membres de sa famille.»
Et le titre du spectacle, Providencia, à quoi fait-il référence, exactement? On est curieux!
«Providencia fait référence à l’île d’Old Providence d’où vient mon grand-père. C’est une île des Caraïbes qui appartient à la Colombie. C’est pour cette raison que j’ai un nom de famille anglophone: Tayler.»
«L’île est toute petite: elle accueille seulement 5 000 habitants et on y trouve qu’une seule route qui fait tout le tour. On dit qu’elle est ensorcelée; qu’une fois sur place, tu ne veux plus repartir! La première fois que j’y suis allée avec mon père et mon frère en 2020, dès l’ouverture de la porte de l’avion, j’ai senti cette énergie, et j’ai tout de suite su que ça allait être difficile de repartir.»
Cette pièce évoque l’importance de la famille et de nos racines. Je voulais donc honorer celles-ci avec le titre du spectacle.»
C’est la metteure en scène et conseillère dramaturgique franco-canadienne Marie Farsi qui signe la mise en scène du spectacle. Cette touche-à-tout, aussi habile à travailler des textes classiques que des sketches humoristiques, s’est épanouie à travers divers genres, dont la marionnette contemporaine, les comédies musicales, le théâtre documentaire et les performances in situ. Parle-nous de votre collaboration, et de sa vision du spectacle, et en guise de conclusion, peut-être pourrais-tu nous donner trois bonnes raisons de courir voir Providencia?
«Marie a grandi à Paris, puis à Montréal, et après notre baccalauréat à Concordia, elle est partie vivre à Vancouver. Elle réside maintenant à Stratford, en Ontario. Pour une pièce qui met en scène une famille dispersée à travers le continent, il fallait une metteure en scène qui ait un lien fort avec le voyage, l’immigration et le déracinement.»
«De plus, elle connait bien ma famille et comprenait dès le début l’univers que je souhaitais raconter. Elle m’a suivie en tant que dramaturge dès les premières versions du texte en 2019. Nous avons une complicité humoristique qui date de nos années à l’université, et je trouvais qu’elle était la meilleure artiste pour signer la mise en scène de Providencia.»
«Pourquoi aller voir Providencia? Pour passer une bonne soirée remplie de surprises où vous pourrez rire, voyager et même pleurer!»
Providencia de Mariana Tayler, dans une mise en scène de Marie Farsi, est un spectacle réservé aux 12 ans et plus d’une durée de 90 minutes. Achetez vos billets pendant qu’il est encore temps en visitant le site du Théâtre Aux Écuries ici. Pour lire nos précédents articles «L’entrevue éclair avec» et faire le plein de découvertes, consultez le labibleurbaine.com/nos-series/lentrevue-eclair-avec.
*Cet article a été produit en collaboration avec Théâtre Aux Écuries.
La pièce «Providencia» de Mariana Tayler en images
Par Myriam Frenette