LittératureRomans québécois
«En chemin je t’ai perdu» de Martin Robitaille: la vie comme un coup de poing
Il faut parfois tout laisser tomber et recommencer à zéro pour retrouver le bonheur dans sa vie. Ou, du moins, une apparence de bonheur. Raphaël Laliberté, protagoniste et narrateur d’En chemin je t’ai perdu, le dernier roman de Martin Robitaille, l’apprend à ses dépens quand le destin frappe alors qu’il pense avoir retrouvé un certain équilibre.
Quatre ans après Les déliaisons, le premier roman de Martin Robitaille, on retrouve Raphaël beaucoup plus heureux. Loin du Québec qui l’a tant fait souffrir, il coule des jours heureux dans le sud de la France avec sa femme Cate et leur fils Jules. La petite famille vit loin du stress américain et de la société de consommation, entourée des parents de Raphaël, du père de Cate et de quelques amis. Mais, peu à peu, la réalité rattrape Raphaël. Il se retrouve confronté à la course aux cadeaux de Noël, à la volonté de donner toutes les chances à son fils, au grand manque d’argent alors que le seul salaire de Cate ne suffit plus, au syndrome de la page blanche, à la bureaucratie française, à l’angoisse de sa retraite et, à sa grande surprise, à sa nostalgie du Québec. À travers ce bonheur qui s’éparpille, Raphaël tente de comprendre ses angoisses et son impatience tout en voulant rétablir l’équilibre dans sa vie.
La grande force du roman est certainement la justesse de l’écriture qui disparaît derrière les personnages. On croirait lire le journal de l’auteur plutôt qu’une histoire de fiction. Le texte est composé en grande partie de dialogues, ce qui rend la lecture facile et plus que réaliste. Presque comme dans un film, le lecteur a l’impression de faire partie de la scène. Par contre, les interlocuteurs ne sont jamais nommés, ce qui rend les discussions parfois un peu difficiles à suivre.
Il est également facile de faire un parallèle avec La tendresse attendra de Matthieu Simard, même si les deux histoires n’ont pas grand-chose en commun. Comme Matthieu Simard, Martin Robitaille trouve le moyen de rendre drôle et imagée une situation banale avec une prose et des mots simples. Les deux histoires ont également un autre point commun, soit un punch qui arrive dans les dernières pages et qu’on ne tente pas vraiment d’expliquer, laissant le lecteur surpris et complètement bouleversé.
Appréciation: *** 1/2
Crédit photo: Éditions Druide
Écrit par: Camille Masbourian
Chef de section, sorties | Coordonnatrice, littérature
Diplômée en journalisme et passionnée de radios universitaires, Camille s’est jointe à l’équipe de Bible urbaine au printemps 2012.
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